La dépigmentation de la peau noire : le nouveau tueur silencieux d’Afrique ?

by Fatou Touré

La dépigmentation ou blanchiment de la peau est une pratique en pleine essor sur le continent africain. Pour paraître toujours belles aux yeux des hommes, certaines femmes vont même jusqu’à s’écorcher la peau par le biais de certains produits éclaircissants. Ces pommades vendues à prix d’or sur les marchés africains ont pourtant de lourdes conséquences sur le tissu corporel, ce qui fait actuellement de ce phénomène de blanchiment du teint le nouveau tueur silencieux d’Afrique.

Diverses appellations pour le blanchiment sur le continent noir

La dépigmentation de la peau noire aujourd’hui une source de préoccupation majeure dans les sociétés africaines. Considéré à certains égards comme le plus grand tueur silencieux qui sévit en Afrique, c’est un fléau commun à tout le continent. En passant d’Abidjan à Yaoundé, de Libreville à Accra, ou de Conakry à Kinshasa, les femmes ne jurent que par l’envie de blanchir leur tissu corporel naturel pour attirer les hommes. D’un pays à un autre, force est de constater que cette pratique possède appellations différentes : »khessal » au Sénégal, « bojou » au Bénin, « tchatcho » au Mali, « akonti » au Togo, « dorot » au Niger, « décapage » ou « maquillage » au Cameroun, « kobwakana » dans les deux Congo, « kopakola » au Gabon. En dépit des dissemblances qu’il est donné de constater sur la désignation de ce fléau ravageur, ses effets sur l’organisme restent inchangés, tout comme ses conséquences.

La dépigmentation ou l’histoire du ‘‘Tchatcho’’

Voici l’histoire racontée par les gens sur ce phénomène qui menace aujourd’hui un danger par la santé:

« Le pouvoir du blanchiment de la peau, par une substance appelée hydroquinone aurait été découvert dans les années 60 aux Etats-Unis par des Afro-Américains. Ce sont des ouvriers noirs, qui travaillaient dans le domaine du textile et du caoutchouc qui, quotidiennement étaient en contact avec l’hydroquinone, substance que l’on utilise pour le délavage de jeans et également comme un antioxydant sur le caoutchouc. Cette même substance chimique est utilisée dans la peinture et l’huile. Comme ils travaillaient sans protection, ils ont pu voir à la longue l’effet blanchissant que ce produit toxique avait sur eux. C’est ainsi, qu’est née la dépigmentation intentionnelle de la peau qui se propagea dans la communauté noire et le continent africain ne fut que la cible privilégiée».

 

Les raisons qui poussent les femmes à se blanchir la peau

La plupart des femmes qui utilisent des produits éclaircissants le font dans un but purement esthétique. Bien souvent, ces femmes subissent une forte influence de la part de leurs amies ou du conjoint pour les pousser à acheter le premier tube. En effet plusieurs personnes évoquent aussi le fait qu’elles s’éclaircissent la peau pour pouvoir plaire aux hommes car elles sont persuadées que les hommes préfèrent les femmes claires, un peu comme on avait l’habitude d’entendre dire que les hommes préfèrent les blondes. Aussi nous faisons face à l’effet de mode et les femmes de teint noirs on tendance à copier celles de l’occident afin de paraître plus belle.

Les techniques du blanchiment corporel

Il existe deux manières de se blanchir la peau. La forme cutanée et de la forme intraveineuse. La forme cutanée revient à appliquer directement sur la peau des produits de beauté contenant des agents éclaircissants. Ces produits de beauté pouvant être de la crème, du lait de beauté, du savon de toilette, etc. La forme intraveineuse pour sa part consiste à utiliser des seringues pour injecter dans l’organisme des produits contenant des corticoïdes. Tous ces produits appliqués sur la peau ou injectés contiennent le plus souvent de dermocorticoïdes (Les dermocorticoïdes sont des médicaments utilisés dans le traitement local de plusieurs affections dermatologiques depuis les années 1950) d’activité très forte, de l’hydroquinone, ou des dérivés contenant du mercure qui sont présentés sous forme de crèmes, gels, laits corporels ou savons qui sont appliqués sur de longues périodes sur une grande surface de peau.

Ces conséquences qui en font un tueur silencieux

Les conséquences liées à la dépigmentation ou blanchiment de la peau sont à la positives mais beaucoup plus négatives sur la peau et la santé générale des personnes qui la pratiquent. En Afrique, il n’est plus rare de voir ou de rencontrer des femmes ayant deux ou trois couleurs différentes sur l’ensemble du tissu corporel. Les moins chanceuses se retrouvent avec un visage brûlé au second degré, des tâches et points noirs sur le corps, des vergetures sur les seins, poitrine et cuisses… Les conséquences sont locales, globales et systémiques car ces substances passent facilement dans le sang. Ces produits ont également de lourdes répercussions sur la santé : altération osseuse, hypertension artérielle, diabète, complications rénales et neurologiques. Ils exposent aussi l’enfant à des risques toxiques en cas d’utilisation chez la femme enceinte ou allaitante, ainsi que d’autres retombées plus graves et mortelles, notamment l’apparition du cancer de la peau et même le cancer du sang chez les femmes, autant de raisons qui nous amène à nous interroger s’il ce phénomène du blanchiment n’est pas le nouveau tueur silencieux d’Afrique.

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