David Monsoh

Said Koyiami

Il est à l’origine du succès de la plus part des stars africaines et non des moindres. Son nom est associé au destin de vedettes comme Fally Ipupa, Nayanka Bell, Douk Saga, Koffi Olomidé, Magic System pour ne citer que ceux-là. Ce célèbre producteur ivoirien de musique n’a pas de dons prodigieux que dans la détection et la promotion des étoiles de demain. C’est également un homme d’affaires accompli qui transforme à peu près tout ce qu’il touche en or. Il est également le président fondateur de BBlack Africa, une chaine de divertissements dédiés au contenu afro. A cheval entre Abidjan, Paris et New York, c’est un homme qui aime relever les défis comme lui-même aime à le dire. Tout semble lui réussir et le succès est comme une seconde nature chez lui.
David Monsoh jouit d’une réputation très solide dans le milieu du showbiz ivoirien et africain. Ce producteur panafricain est également un homme d’affaires multidimensionnel car il s’est investit dans de nombreux domaines qui lui réussissent parfaitement. Néanmoins ses relations, parfois très conflictuelles, avec certains artistes font dire à de nombreux internautes qu’il n’est pas sans reproches. Quelques-uns de ces conflits les plus répandus concernent les artistes comme le congolais Fally Ipupa et DJ Arafat le chanteur ivoirien. Sans que ces accusations n’aient jamais été formellement authentifiées, la rumeur va bon train dans la presse people et parmi le public. Pourtant l’homme se défend de toute malversation et fait pattes blanches. Quoiqu’il en soit, chacun a sa version des faits et David Monsoh, qui vient de loin, continue de filer succès après succès. De sa ville natale aux résidences parisiennes, beaucoup de travail a été fait. Revenons ensemble sur le parcours ascensionnel du fabricant N°1 des artistes ivoiriens et africains.

Sommaire :

Jeunesse et études

David Monsoh est né le 26 juin 1973 dans la commune d’Agboville, située au sud-est de la Côte d’Ivoire. Il est issu d’une famille nombreuse, au total vingt enfants. Bien que la situation familiale ne fût pas favorable, David Monsoh connaitra une autre histoire. Il était appelé à un avenir plus radieux fort des aptitudes qui sommeillaient en lui. Le jeune fréquente le Lycée d’Agboville au début des années 1990 quand une rencontre avec une cousine lointaine change sa vie. A cette époque, une de ses « sœurs » Nayanka Bell était l’une des plus belles voix féminines de Côte d’Ivoire depuis les années 1980. Cette dernière, métisse par sa mère, avait des liens de parenté en France. Il fait sa rencontre dans la capitale ivoirienne et très vite les deux jeunes gens entretiennent une relation amicale très forte. Ce lien étroit pousse la chanteuse ivoirienne à lui confier la gestion de son magasin de couture. Le jeune homme assure la gestion du patrimoine qu’on lui a confié et l’année suivante, sa vie changera pour une seconde fois. En effet, Nayanka Bell propose à David Monsoh de l’envoyer en France poursuivre ses études secondaires au Lycée Saint-Gabriel, situé à Bagneux, en région parisienne. C’est le premier volet d’une transformation de sa vie rendue possible grâce à la bonté de celle qu’il appelle sa « sœur ». Après le lycée, il s’oriente vers des études de tourisme et de loisirs pour préparer un BTS dans une école supérieure de marketing à Paris. Dans le même temps, sa bienfaitrice, lui tend encore une perche en le recommandant auprès de son mari, Pascal Leibel. C’est ainsi qu’il intègre la société de production cinématographique de ce dernier en tant que stagiaire. Malgré ce fauteuil confortable, le jeune homme ne se contentera pas de suivre Mr Leibel dans ses aventures cinématographiques. David Monsoh alterne donc études et stage dans la société de production de Mr Leibel, ce qui forge ses capacités futures. Parallèlement à toutes ces occupations, il se charge du management de l’album Visa de Nayanka Bell qui obtient l’Africa Music Award en 1994.

Ses débuts dans la production

David Monsoh a commencé à apprendre les rouages de la production en s’occupant du management de la carrière de sa « sœur » Nayanka Bell. En revanche, le jeune homme venu d’Agboville semblait déjà prédisposé à ce métier. En 1989 il fit la rencontre du footballeur international ivoirien Gadji Céli qui sera champion d’Afrique en 1990 avec les Eléphants de Côte d’Ivoire. Lorsqu’il le rencontre, David Monsoh aurait décelé en lui des talents de chanteur et lui aurait conseillé d’y penser sérieusement après le football. C’est exactement ce qui fit le champion d’Afrique lorsqu’il raccrocha les crampons. C’est tout naturellement que l’apprenti producteur l’aide à se reconvertir. De leur collaboration nait l’album Espoir en 1994. Ce premier album de King Jo (Gadji Céli) récolta un large succès. C’est une reconversion réussie pour l’ex footballeur et un bel essai pour l’apprenti producteur. Avec sa bienfaitrice il réalise un exploit similaire en faisant décrocher à cette dernière le trophée de l’Africa Music Award grâce à son album Visa. David Monsoh peut donc s’enorgueillir d’avoir opéré deux coups de maître pour ses débuts. Fort de ses succès en production et en management, David Monsoh est sollicité par les plus grosses boîtes dont le Sonodisc, une des plus prestigieuses maisons de disques à Paris en ce temps-là. Le DG de cette maison, Marcel Perse lui confie le poste de directeur artistique Afrique de 1994 à 2004. Il est chargé de dénicher de nouveau talent en vue de conquérir le marché international. Dans l’exercice de cette fonction, il fera d’importantes rencontres qui assoiront encore plus sa notoriété dans le domaine. Le passage au sein de Sonodisc lui permettra de lier des relations avec des stars africaines comme Koffi Olomidé qui travaillera avec lui quelques années plus tard. Effectivement, entre 2002 et 2003 il coproduit deux albums du chanteur congolais. Ce sont Effrakata en 2002 et Affaire d’Etat en 2003. C’est le déclic car, par son génie, Sonodisc déniche une grosse pointure de la musique africaine. Les albums de Koffi aident Sonodisc à croitre son chiffre d’affaires par la même occasion. Grâce à ce succès personnel, David Monsoh devient le producteur exécutif de l’artiste. C’est un gros coup pour lui et cet exploit le propulsera davantage vers le sommet du showbiz. A ce stade, il s’était déjà fait un nom qui rimait avec succès et bonnes affaires.

La confirmation de son talent

Depuis le début des années 2000, David Monsoh avait réussi à s’imposer comme un producteur de renom sur le continent africain. Sa maestria se saura mieux encore à l’avènement du coupé décalé. Si Douk Saga est connu à ce jour comme le père du coupé décalé, David Monsoh serait celui qui a tout orchestré. Il aurait poussé la Jet Set à rentrer en studio pour faire d’un mouvement de parade, un concept musical. En 2002, au cours d’une prestation scénique de Gadji Céli dans un night-club parisien, David Monsoh aurait détecté des talents qui s’ignoraient eux-mêmes. Il s’agissait de ceux qu’on connaitra plus tard sous le nom de Jet Set. Les membres de cette bande étaient dans la même boîte que le producteur ce soir pour s’adonner à leur parade habituelle. En fin connaisseur des tendances à succès, David Monsoh proposa à Douk Saga de faire de leur mouvement, un art de vivre, un concept. Ce dernier, semble-t-il, a d’abord émis un refus catégorique. Il prétextait que leur trouvaille n’a pas pour mission de devenir un art. Ils préféreraient faire tranquillement leur « petit malin » dans les boites de nuit comme chaque soir. David Monsoh qui est fin tacticien décide d’approcher un autre membre du groupe, en la personne de Lino Versace. Il lui demande donc de convaincre son ami de l’opportunité qui s’offrait à eux : la gloire sans frais sur les bords de la lagune Ebrié. L’offre est tentante et la Jet Set ne tarde pas à saisir l’occasion. Douk Saga, qui faisait la fine bouche, finit par accepter. C’est ainsi qu’aurait commencé l’histoire du coupé décalé. Les sept fantastiques connaitront une renommée sans précédent en Côte d’Ivoire. Accueillis en héros nationaux par une jeunesse perdue dans la bataille militaro-politique qui se jouait dans leur pays, ils apporteront de la joie dans tous les cœurs comme le chantera Douk Saga. Ainsi, la Jet Set et David Monsoh connaitront un succès fulgurant, avec leur concept, dans toute l’Afrique avant que le président Douk Saga ne s’éteigne en 2006. La fièvre « coupé décalé » s’était déjà saisi de toute l’Afrique, d’Abidjan, à Dakar en passant par Yaoundé. Les Congolais, jusque-là souverains dans les boites de nuit, sont détrônés par cette nouvelle manière de vivre. On ne joue plus du Koffi Olomidé ni du Papa Wemba dans les maquis et bars de Côte d’Ivoire comme on le faisait avant. Les Ivoiriens ont enfin leur musique d’ambiance. En coulisse, David Monsoh abat un grand travail pour vendre l’image de cette musique populaire. Il l’épure de son caractère voyou et vantard pour en faire une musique d’ambiance et d’amusement bon enfant. Néanmoins l’arrangeur continue à dénicher des talents dans toute l’Afrique. C’est ainsi qu’il décide de lancer Fally Ipupa, un jeune danseur qu’il avait présenté à Koffi Olomidé en 1998 afin que ce dernier le forme aux rudiments du métier. Le sentant désormais prêt à voler de ses propres ailes, il le récupère et le propulse. En 2006 il produit son premier album Droit Chemin qui fut un chef d’œuvre. Il permet au jeune chanteur congolais de parcourir les scènes d’Afrique et d’Europe. Il aide par la suite l’artiste kinois à peaufiner son image de jeune dandy irrésistible. Trois ans plus tard, sous la direction de David Monsoh, Fally Ipupa sort son second album, Arsenal de belles mélodies, puis plus tard le troisième Power-Kosa-Leka. Plusieurs autres artistes, notamment ivoiriens, ont aussi bénéficié de sa touche personnelle dont Arafat DJ, Lino Versace, Erickson le Zulu et Serges Beynaud plus récemment. Avec tous ces gros noms de la musique africaine, David Monsoh semble ne plus rien avoir à prouver dans le showbiz. La gloire se déroule à ses pieds et tous les artistes rêveraient d’être sous sa coupe. Pourtant il n’en a pas fini de relever les défis et de se positionner comme un homme incontournable sur la route du succès. Il ira embrasser une autre carrière en plus de celle récoltée dans la musique.

Une référence et un modèle de réussite

Aujourd’hui, la plus part des grands artistes africains font des dédicaces à David Monsoh. C’est le signe qu’il a beaucoup fait pour leur carrière même s’il ne travaille plus avec eux. Il est devenu une référence pour les artistes d’Afrique. Cet homme d’une quarantaine d’années n’en a pourtant pas fini de relever les challenges. Après avoir dompté le monde de la musique, il s’est lancé dans la production audiovisuelle. Et comment ? Tout ce qu’il touche devenant de l’or, il n’a pas tardé à s’imposer dans le milieu de l’audiovisuel. En début 2013, il est devenu le président fondateur de BBlack Africa, la déclinaison tropicale de la chaine du même nom. Cette chaîne est spécialisée dans la diffusion et la promotion de contenus divertissants en provenance du monde noir, particulièrement de l’Afrique : Musique, cinéma, danse, news, people…Cette chaîne afro promeut la créativité de l’Afrique dans sa totalité et sa diversité. David Monsoh a réussi un autre pari, celui de se faire un nom dans ce monde très concurrentiel des chaînes de divertissements. Parallèlement il continue de s’occuper de production et de de management d’artistes comme avant. Fort de ses nombreuses occupations, il est tout le temps entre deux avions. Ses aller et retour entre Abidjan et Paris sont fréquents, ceci pour honorer des rendez-vous et avoir la main sur ses affaires. Il confiera, lors d’un entretien qu’il adore relever les défis les uns après les autres et qu’il est un winner né. « J’adore les nouveaux challenges et je déteste perdre » avait-il soutenu. Comment ne pas lui donner raison au regard de tous ses succès ? Assurément il fait partie des plus grands noms que le showbiz ivoirien n’ait jamais connus. Pour emprunter le terme à Bebi Phillipe, David Monsoh est celui qui « fabrique les Numéros 1 ». C’est le droit de le dire, tant des étoiles sont nées entre ses mains. Comme un alchimiste, il transforme un talent brut en une étoile brillante qui vaut des millions. Malheureusement, David Monsoh n’a pas eu qu’une réputation de faiseur de star de la musique africaine. Il traîne dans son sillage de bruyantes casseroles. De nombreux musiciens lui ont reproché bien de choses. Il s’agit entre autres du roi de la Rumba Fally Ipupa d’Arafat DJ. Ce dernier est le plus virulent et ne porte pas de gants pour parler du producteur.

David Monsoh et ses démêlés avec les artistes

L’homme originaire de la commune d’Agboville a souvent fait grincer les dents dans le milieu du showbiz. Parmi les polémiques qu’il a soulevées, figure l’affaire de la paternité du coupé décalé. Certaines personnes l’accusent de vouloir, par une malice détournée, se faire passer pour le vrai père du coupé décalé. Tout part de son interview dans lequel il assure que c’est lui qui a convaincu Douk Saga et sa bande de créer le mouvement coupé décalé. Dès lors, même s’il ne le dit pas clairement, il se pose, implicitement, sinon comme le père du coupé décalé, du moins comme l’un de ses fondateurs. En outre, le producteur émérite David Monsoh, président d’Obouo music n’entretient pas toujours des relations cordiaux avec les artistes qu’il produits. A plusieurs reprises, le mur s’est figuré entre les parties, au point de rendre les rapports détestables. En 2013, une dispute avec Fally Ipupa, l’une de ses pépites, a débouché sur une séparation en queue de poisson. Trois années plus tard, en 2016 donc, sur le plateau de C’MIDI de la RTI, le Congolais est revenu sur son problème avec le producteur ivoirien. Très amer il a affirmé :

« Il faut être vrai dans la vie […]. Il ne voulait pas qu’on se sépare et il a commencé à me torpiller. Moi je ne parle pas, mais il a commencé à me torpiller. ».

Voyant que l’artiste partait en vrille au fil de de ses confidences, la chroniqueuse en chef, Carolina Da Sylva a soigneusement évité d’aller plus loin. Un autre clash a opposé le président de BBlack et d’Obouo Music à Arafat DJ qui en avait visiblement gros sur le cœur. Même des années après leur séparation fracassante, le Yorobo est revenu sur les faits avec la même rage. Il n’a toujours pas digérer ce q’il reproche à son ancien producteur. En 2016, il déclare à propos de ce dernier :

« Je me suis fabriqué sans l’aide de quelqu’un. Ce David Monsoh m’a escroqué dans le temps, mais c’est terminé aujourd’hui car je continue ma petite carrière musicale et cela me réussit. ».

Extraordinairement, David Monsoh ne fait pas trop étalage de toutes ces accusations qu’on porte à son encontre. Seules ses affaires le préoccupent apparemment. Peut-être a-t-il raison de se focaliser sur l’essentiel compte tenu du fait que gloire rime toujours avec critique.

Partagez cet article
Laissez un commentaire