Pour beaucoup de ceux qu’on appelle, peut-être abusivement, les Gbagbo Ou Rien, Pascal Affi N’guessan n’est pas le successeur voulu par leur mentor. Ceux qui préfèrent la tendance Aboudramane Sangaré du FPI le considère même comme un leader à la solde de l’ennemi juré, le RDR.
Pourtant, Affi N’guessan n’est pas un militant de dernière heure du Front Populaire Ivoirien. La légende veut qu’il ait été présent lors de la création du FPI dans une bananeraie de Dabou, une ville à quelques kilomètres d’Abidjanais. Le député de Bongouanou a été aux fondements même du FPI et a traversé aux côtés de Laurent Gbagbo, les moments les plus sombres du parti. Egalement au cœur du régime FPI entre 2000 et 2010, il a été de tous les combats. Quand ses camarades et lui perdent le pouvoir, il subit également la punition des nouveaux dirigeants avant de recouvrer la liberté, plusieurs mois plus tard. Considéré aujourd’hui par plusieurs personnes comme un traitre, il n’a pourtant jamais quitté le navire socialiste. Mieux, il compte le conduire à bon port, mais dans la conciliation et la négociation avec les nouveaux locataires du palais présidentiel d’Abidjan. Voyons plus en détail qui est Pascal Affi N’Guessan, l’héritier putatif de Laurent Gbagbo.
Sommaire :
Naissance, études et formations
L’engagement avec le FPI
La carrière politique d’Affi N’Guessan de 1999 à 2010
Ses déboires après la perte du pouvoir
Sa bataille avec Sangaré Aboudramane à la tête du FPI
Naissance, études et formations
Pascal Affi N’Guessan est né le 1er janvier 1953 à Bouadikro dans la sous-préfecture de Bongouanou, à l’est de la Côte d’Ivoire. C’est à l’école Epp hôpital I de Bongouanou qu’il commence ses études. Ensuite il part pour Dimbokro où il finit le Lycée en 1969. Par la suite il est admis en 1973 au Lycée Technique d’Abidjan où il est reçu au baccalauréat. Après le Baccalauréat il obtient un DUT en électromécanique à l’Université d’Abidjan en 1975 puis un diplôme d’ingénieur des techniques de télécommunication en 1978. A la suite de quoi il part en France pour poursuivre ses études supérieures. Dans les années 1980 il étudie en France où il décroche des diplômes dont le Certification de perfectionnement aux techniques nouvelles en télécommunication.
L’engagement avec le FPI
Affi N’guessan aurait rejoint le parti de Laurent Gbagbo, le FPI, en 1986. Avec Laurent Gbagbo, Simone Ehivet et Aboudramane Sangaré, il aurait contribué à la naissance du premier parti d’opposition en Côte d’Ivoire. Etant donné qu’à cette époque tout parti politique autre que le PDCI-RDA était interdit, Affi et ses camarades ont longtemps manœuvré dans la clandestinité. Dès 1990, il devient membre de la direction nationale du parti et se présente aux élections législatives de cette année-là. Il est battu aux législatives par la candidate du PDCI, Amah Tehoua, mais parvient à briguer la mairie de la même commune de Bongouanou. Au cours de ce mandat de cinq ans, il est élu vice-président de l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (l’UVICOCI).
La carrière politique d’Affi N’Guessan de 1999 à 2010
Après le coup d’Etat de décembre 1999, le Général Robert Guei nomme comme premier ministre Seydou Elimane Diarra qui est chargé de former un gouvernement de consensus. Affi N’Guessan est appelé, pour le compte du FPI, à occuper la fonction de ministre de l’industrie et du tourisme de janvier 2000 à octobre 2000. En 2000 son parti, le Front Populaire Ivoirien, remporte la présidentielle face au Général Robert Guei qui disait pourtant qu’il ne se présenterait pas. C’est tout naturellement qu’Affi N’Guessan est désigné Premier ministre, par Laurent Gbagbo. Malheureusement son mandat prendra fin en 2003 pour satisfaire les exigences de la rébellion. Il est donc sacrifié et laisse sa place à Seydou Elimane Diarra son prédécesseur. Toutefois il est devenu président du FPI dès juillet 2001 comme le prévoyait la nouvelle constitution. Celle-ci établissait que tout président de parti élu à la tête de l’Etat ne devait plus diriger son parti politique. C’est à ce titre qu’il participera à toutes les tables rondes et accords en vue de trouver une issue à la crise.
Ses déboires après la perte du pouvoir
En 2010, le FPI perd le pouvoir au profit du RDR d’Alassane Dramane Ouattara. Pour avoir refusé de céder le fauteuil présidentiel, ce qui a conduit à une guerre inéluctable, les responsables du FPI sont arrêtés et jetés en prison en attendant d’être jugés. Affi N’Guessan est d’abord assigné à résidence, le 13 avril 2013 à l’Hôtel Pergolas sous la protection de l’ONUCI. Le 22 avril il est transféré par les FRCI au Golf Hôtel, quartier général d’Alassane Ouattara durant toute la crise. De là, il est envoyé en détention à Bouna dans le nord-ouest du pays où règne le com-zone Morou Ouattara, frère cadet d’Issiaka Ouattara dit Wattao. Là-bas il est fait prisonnier avec d’autres partisans du FPI et Michel Gbagbo, le fils du président déchu. Le 5 août 2013, il bénéficie d’une liberté provisoire avec d’autres détenus pro-Gbagbo dont le fils de l’ex président.
Sa bataille avec Sangaré Aboudramane à la tête du FPI
L’ancien premier ministre et vice-président de l’Internationale socialiste, se remet aussitôt à faire de la politique dès sa sortie de prison. Il se met à nouveau à critiquer le régime en place, non sans s’attirer les foudres de ce dernier. En interne, il se dispute la présidence du FPI avec un autre ancien membre du parti, Aboudramane Sangaré. Il conduit une branche du FPI à l’élection présidentielle de 2015, mais connaitra un échec cuisant puisque les militants de Laurent Gbagbo ne se sentaient, ni de près ni de loin, concernés par cette élection. Pour ne pas arranger les choses, le pouvoir d’Abidjan dit ne reconnaitre que le FPI tendance Affi N’Guessan. Cette reconnaissance renforce le sentiment, chez les « Gbagbo Ou Rien », qu’Affi N’Guessan est un vendu. A ce jour, il continue de se réclamer de l’héritage de Laurent Gbagbo, tout comme d’ailleurs Sangaré Aboudramane. Affi N’Guessan affirme que le FPI doit continuer de vivre sans son leader charismatique Laurent Gbagbo. Il pense qu’il faut continuer de se battre en participant à la vie politique nationale au lieu de s’isoler davantage. Pourtant beaucoup de partisans de Laurent Gbagbo ne veulent pas passer à autre chose tant que leur leader est emprisonné à la Haye. Ils pensent qu’il est malsain de parler d’avenir quand le fondateur est aux mains de la Cour Pénale Internationale, par la faute, disent-ils, du pouvoir actuel.