Burkina Faso : la chasse aux sorcières lancée contre le CDP ?

Fatou Touré

La justice du pays multiplie les arrestations au sein du parti de l’ancien régime

Les membres du CDP sont dans le collimateur de la justice au Burkina Faso depuis la démission de Blaise Compaoré. Le pays qui souhaite définitivement tourner la page de  cet épisode s’est lancée dans une traque sans relâche des partisans de l’ex chef d’état déchu. A ce titre, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès a été exclu des prochaines échéances électorales prévues pour le 29 Novembre. Dans un contexte politique très fragile, les partisans fidèles à l’ancien président ont dénoncé une violation des libertés individuelles et ont plaidé pour des élections inclusives. L’acharnement de l’appareil judiciaire sur les proches de Blaise est sans doute le début d’une longue chasse aux sorcières destinée à les écarter de la scène politique et à les traduire en justice.

Les inculpations se multiplient au sein du CDP

Les partisans de Blaise Compaoré sont gagnés par une profonde angoisse qui à priori se justifie. Le 29 septembre, la cour de justice met aux arrêts Djibril Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères de l’ex régime pour une possible implication dans le coup d’état manqué du 17 septembre. Il est accusé d’avoir été l’instigateur de ce putsch mené par des hommes du RSP, le régiment de sécurité présidentiel dirigé par le général Gilbert Diendéré. Par le passé, le nouveau parlement burkinabé avait voté une loi électorale interdisant tous les proches du parti de se présenter au scrutin de novembre. A travers son inculpation, le pays se prive du grand atout qu’il est sur la scène diplomatique. Djibril Bassolé qui entend toujours se présenter à cette élection, a envoyé un recours auprès de la commission de justice de la CEDEAO. Une autre arrestation a eu lieu le mercredi 17 novembre, il s’agit du colonel Yacouba Ouédraogo, ex ministre des sports du camp Blaise. Lui aussi s’est vu rejeter sa candidature au motif d’avoir été favorable au projet de modification de la constitution prôné par l’ancien président.

Jusqu’où ira l’appareil judiciaire du pays ?

La traque sans relâche entreprise par la cour de Justice du Burkina semble gagner du terrain de jour en jour. Au regard de sa farouche détermination, on peut se demander jusqu’où pourrait aller cette cour pour assouvir le désir de justice du peuple burkinabé ? Il est cependant important de souligner un fait majeur, les fortes dissidences qu’il y’a au sein des forces de défense et de sécurité du pays. La tentative de coup d’état manquée de septembre dernier souligne le grand désaccord qui existe entre les hommes en tenue. Si les inculpations au sein de l’armée se multiplient, il y’a un risque énorme de voir le tissu social se fissurer encore d’avantage. L’insatiable soif de justice des burkinabés aura certainement une incidence sur le regain des tensions, surtout qu’ils attendent impatiemment de voir la cour de justice faire la lumière sur les circonstances encore confuses de la mort de feu Thomas Sankara tué en 1987. Il va s’en dire que de lourds chantiers attendent le nouveau président qui sera élu, notamment sur le plan de la justice et de la cohésion sociale.

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