Quand ivoirien a réussi on ne plus l’attraper, il devient autre chose.
D’après l’artiste Billy Billy dans son morceau « Bété a réussi » y’a changement. En tout cas y’a changement dans son comportement. On ne le reconnait plus du tout. Certains déclarent alors que l’argent change l’homme. Mais d’autres préfèrent affirmer que l’argent révèle la vraie identité de l’individu. Qui dit donc la vérité ? En tout cas il y a des gens qui diront qu’on est jaloux des « boss ».
Tous les grands types qu’on appelle le « Boss » ou bien le « Gourou »- nos frères nigérians préfèrent le terme « Aladji »- ont des manies communes. Ils ont de ces manières de se comporter envers les autres qui n’ont pas eu le même destin qu’eux. En tout cas pour vous dire qu’ils ne sont plus comme vous, ils utilisent différentes attitudes plus ou moins explicites. Voici en quelques-unes.
Le boss du quartier n’aime pas les bruits
Quand la bourgeoisie te surprend dans ta galère façon tu te prends pour un Européen parmi les « nègres » ! Il y a des gens au quartier, à cause de leur argent on ne peut plus respirer. C’est eux qui connaissent tous les droits de l’homme avec leur gros français là. Dans tous les quartiers, il y a toujours ce boss-là qui est très allergique à toutes sortes de bruits particulièrement ceux des enfants. Il y a aussi et surtout ceux de nos frères chrétiens qui ont l’art d’avoir toujours des cultes spéciaux. Le boss va trouver le pasteur dans son temple et le menace de déplacer leur lieu de culte. Si les chrétiens persistent il fait débarquer la police. Face aux enfants, le boss sort sa tête et avertit d’abord : « Hé petit voyou là allez jouer chez vos parents là-bas ». Quand ces derniers n’en font qu’à leur tête il sort alors les poursuivre et les enfants mettent dedans comme cela :
Il snobe tout le monde
Les boss sont comme des parvenus, des « petits bourgeois » qui ne se sentent plus. Leur argent leur est tellement monté à la tête qu’ils ont développé un ego surdimensionné, un air de suffisance qui peut me tuer même, walaye ! C’est toi qui dois toujours les saluer en premier. Et même quand tu le fais il va mettre d’abord une heure avant de te répondre en prenant le soin de te regarder de haut en bas d’abord.
Il n’aime pas décrocher les numéros inconnus
Tout boss qui se respecte ne décroche pas l’appel de n’importe qui. Il y a des numéros pour ses maîtresse, pour sa femme, pour ses parents « ennuis » et pour les autres emmerdeurs qui lui sont utiles quelque fois. Si tu l’appelles d’une cabine ou d’un numéro qu’il ne connait pas, tu vas pousser raciner là où tu es arrêté. Il ne va jamais te décrocher. Qui est fou, il sait que tout le monde appelle pour son argent.
Les parents ne sont pas les bienvenus chez lui
Pas question d’accueillir les parents chez lui : neveux, cousins, frères et sœurs et même souvent papa et maman. Faut pas ils vont venir coller chez lui surtout les étudiants et les sorciers du village là. Ce qu’il oublie c’est que sorcier ne paie pas transport. La nuit il prend sa graine comme avion et paff il est dans ta chambre même si tu es à Paris. En tout cas les boss sont trop méchants on dirait qu’ils sont venus seuls au monde et qu’ils sont devenus riches tout seul. Ils te diront toujours qu’ils vivent comme les blancs, loin du parasitisme africain. Non pas question qu’on envahisse sa maison. Il veut se mettre à l’aise comme cela :
Lors des réunions familiales il a le dernier mot

Dans le monde d’aujourd’hui ce n’est plus la hiérarchie de l’âge qui compte, mais la hiérarchie de la poche. Les gens riches aiment généralement imposer leurs décisions dans les réunions familiales ou du village. Ce sont les gars qui arrivent toujours en retard avec leurs grosses voitures pour qu’on sache qu’ils possèdent de la richesse. Bien qu’ils arrivent les derniers, ils sont les premiers à en repartir après avoir pris soin de dire leur dernier mot en espèce. Quand on a l’argent on fait comme si on n’a pas assez d’unités, on ne parle pas trop. Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est Bob De Narr dans « Vilain ».
Il transforme ses enfants en zombies
Un boss n’est pas que méchant envers les autres et les enfants des autres. Lui-même ses propres enfants souffrent le martyr. Les enfants de boss sont généralement des martiens quand ils mettent le pied dehors. On dit d’eux qu’ils sont intellos en classe, mais vraiment quand ils sortent la tête dehors, on aurait dit des zombies. Regard de bigleux, ils louchent de gauche à droite comme des extra-terrestres et sont toujours pressés de rentrer comme si quelque chose les pourchassait. De la manière le vieux les traumatise à la maison il n’en pourrait être autrement. Ils sont tout le temps sur papier et quand bien même leur papa les laisse jouer c’est pour réciter les nouvelles du journal télévisé. Voilà la tête de l’enfant du boss de mon quartier.
Il aime jouer les « Houphouët Boigny »
Ah le péché mignon des boss c’est de se jouer les « Houphouët Boigny ! Ils vont toujours au boulot à 10 heures, le temps de s’assurer que tous les petits chômeurs du coin soient à leurs postes habituels. Quand il sort comme ça c’est comme le vieux Houphouët dans une rue d’Abidjan ; tout le monde fait la plus belle courbette. Y’en a même qui se propose de cirer sa chaussure sur place. Et le boss de dire :
« Ah petit et si tu prenais ta langue en même temps ».
Le boss adore ces moments délicieux où ils voient que tout le monde envie son statut. Dans ce cas il ne se sent plus, il leur jette quelques pièces avant de disparaître dans sa caisse.
Il a toujours un « bon petit » au quartier
Tout Gourou a toujours un « bon petit au quartier ». On l’appelle souvent le « Ropéro ». Généralement c’est le petit qui lave sa voiture sans que le boss ne le lui dise. C’est bien souvent aussi le « Cabiniste » du secteur qui sait le secret de tout le monde. Le boss peut bien l’aider à passer un petit concours mais non, il a constamment besoin d’un « Ropéro ». « Mon « bon petit fais-moi un transfert de 10.000 Francs là. On se voit ce soir ».
Généreux dehors, avare envers les siens
Tous les boss que vous voyez implacables au quartier ou à la maison on est un faible. Oui derrière cet air de Bulldog se cache un homme généreux. En effet les Gourous ont la main facile quand ils sont dehors, particulièrement quand y’a femme à côté. Ils font rugissent devant leurs femmes à la maison mais miaulent devant les petites filles dehors. Faut les voir malmener par ces petites filles là. Ils deviennent des bébés. Ils deviennent aussi des « Papa nan l’argent » dans les boîtes de nuit. Dans ces circonstances ils ont la main très très facile, je vous dis.
Il n’a presque jamais le temps
Pour être en phase avec leur statut de « Koutrou », les boss font croire qu’ils n’ont jamais le temps. Cela est valable surtout pour les parents qu’il sait quémandeur et les bons petits du quartier. Il est toujours parti et chaque fois dehors même le dimanche matin. Tout ça pour échapper aux gens comme un débiteur qui fuit ses créanciers. Même quand papa et maman appellent pour une réunion urgente de la famille, il dit qu’il est au travail. Pourtant quand ce sont ces copines, là il a toujours le temps. Il abrège même sa journée de travailler pour les retrouver. On espère que quand le malheur le frappera il n’aura pas toujours du temps pour les siens. Quand on a l’argent on oublie complètement le sens de la famille, très cher à nos aïeuls.