REFORME DE LA CEI – Alors qu’un projet de loi devrait être soumis en conseil des ministres le mois prochain, l’opposition ivoirienne et le gouvernement continuent toujours d’afficher leurs divergences autour de cette question. Dans un communiqué dévoilé il y’a quelques jours, l’état dénonçait l’absence du groupe EDS et le PDCI à la première séance de travail du comité restreint. En réponse aux déclarations du ministère de l’intérieur, les deux partis ont marqué leur étonnement avant de dénoncer un passage en force que préparerait le gouvernement.
La réforme de la CEI va-t-elle se faire dans le cadre d’un consensus entre le gouvernement et les partis de l’opposition ivoirienne ? Pour l’instant, les deux camps n’ont toujours pas aplani leurs divergences sur la question principale de la révision de la commission électorale. Si les deux parties affirment agir en conformité avec l’arrêt de la Cour Africaine des droits de l’homme, ils sont loin d’être d’accord sur le degré de révision de ladite commission électorale. Pour le gouvernement, la réforme se limitera uniquement à la recomposition de la Commission, tandis que l’opposition souhaite aller beaucoup plus en profondeur dans cette tâche. L’opposition propose d’ailleurs le départ de Youssouf Bakayoko.
Georges Ouégnin, président du groupement politique EDS, n’a pas mis du temps à réagir au communiqué du gouvernement relatif à la réforme de la CEI. Il y’a de cela quelques jours, le ministre de l’intérieur et de la sécurité dénonçait dans un communiqué le boycott de la première séance de travail du comité restreint mis en place pour les discussions sur la nouvelle commission électorale : «Au cours des échanges, qui se sont déroulés dans un esprit constructif, il a été noté dans les propositions des différents acteurs, aussi bien des points de convergence, que de divergence. Toutefois, le PDCI-RDA, et le groupement EDS, sur les neuf Partis et Groupements politiques attendus, évoquant des préalables, n’ont pas pris part aux séances du Comité restreint, cadre de discussions unanimement adopté après les séances plénières… tenant compte du calendrier électoral de 2020, les travaux devront s’achever, impérativement, au cours du mois de juin 2019, pour permettre au Premier Ministre d’en soumettre les résultats au Conseil des Ministres», révélait le ministre ivoirien. En réponse à cette déclaration, le groupement politique EDS dont la présidence est assumée par Georges Ouégnin, a dénoncé un manque de sincérité du gouvernement dans les discussions sur la réforme de la CEI : «le ministre de l’intérieur, ignorant royalement notre lettre du 16 mai, s’étonne de l’absence de nos représentants à la première réunion du cadre restreint et indique que les discussions se poursuivent. Plus grave, il y a joint une copie du compte rendu de la rencontre du 4 avril 2019, dans lequel le rédacteur affirme que nous avions ‘‘convenu à l’unanimité que nos discussions porteraient désormais uniquement sur la recomposition de la CEI’’. Ce qui est absolument faux».
Vers un passage en force du gouvernement ?
«La Plateforme EDS s’apprêtait à interpeller le Gouvernement sur toutes ces dérives qui risquent de plomber les discussions tant souhaitées sur la réforme de la CEI, quand celui a publié son communiqué du 28 mai 2019. Dans ce communiqué le Gouvernement est visiblement dans une logique de communication dont l’objectif est de préparer son passage en force sur la question de la réforme de la CEI et du cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire, contrairement à ce qu’a décidé la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples… EDS invite donc le Gouvernement à se conformer strictement à l’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et à s’inscrire avec courage et responsabilité dans une large concertation qui nous permette d’obtenir un organe électoral institutionnellement outillé pour conduire, en toute indépendance, tous les processus électoraux en Côte d’Ivoire».