COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE – Le projet de loi soumis en conseil des ministres devrait sans surprise être adopté par les parlementaires ivoiriens, dotant ainsi le pays d’une nouvelle CEI avant la prochaine élection présidentielle. Mais selon l’opposition, il y’a toujours déséquilibre dans le rapport des forces.
Conformément aux engagements pris par le président ivoirien, le premier ministre ivoirien a engagé les discussions avec l’opposition pour la réforme de la CEI, la commission électorale indépendante. A l’issue des échanges, un projet de loi a été soumis en conseil des ministres pour la révision de l’institution avant le prochain scrutin présidentiel. De 17 membres, la commission centrale est passée à 15 membres dans la nouvelle équipe mise en place. Le président de la République et le ministère de l’intérieur gardent toujours leurs représentants, une situation qui crée un nouveau déséquilibre dans cette recomposition, selon Maurice Kacou Guikahué.
Alors que l’opposition s’attendait à une réforme en profondeur de la CEI, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly a centré les négociations sur la recomposition de la commission électorale, comme annoncé en mars par le porte-parole du gouvernement : «En référence à la déclaration du Chef de l’Etat dont vous vous souvenez, le gouvernement travaille exclusivement à la mise en œuvre de ses instructions, en l’occurrence, la recomposition de la CEI qui est l’unique et principale observation de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Donc nous ne ferons pas plus que ça. Nous sommes ouverts aux propositions de toutes les parties pour continuer les négociations jusqu’à son terme». Fin juin, un projet de loi relatif à cette réforme a été déposé en conseil des ministres par Amadou Gon Coulibaly. Dans cette nouvelle commission, le pouvoir en place et l’opposition ivoirienne garderont toujours leurs représentants. Mais il y’a aura un rééquilibre au niveau du nombre. Si la parité est respectée à ce niveau, l’opposition dénonce en revanche la présence du représentant du chef de l’Etat et du ministère de l’intérieur dans la nouvelle CEI. Pour Maurice Kacou Guikahué, la présence de ces deux représentants visiblement favorables au pouvoir en place pose un nouveau déséquilibre : «…ils disent qu’ils veulent recomposer la Cei pour répondre à l’arrêt de la Cour africaine et que ce soit une Cei équilibrée. Et dedans, ils mettent 3 représentants des partis d’opposition, 3 représentants du parti au pouvoir, donc parité parfaite, ils mettent 6 représentants de la société civile, ils mettent un magistrat, ils mettent un représentant du président de la République, un représentant du ministre de l’Intérieur. Vous savez très bien que de par la Constitution, le président de la République peut diriger un parti politique, donc, le représentant du président sera là pour le pouvoir. 3 plus 1, ça fait déjà 4. Ensuite, le représentant du ministre de l’Intérieur. Le ministre est nommé par le président, il est militant du Rhdp. Plus 1 encore, ça fait 5. Donc, il y a déséquilibre : opposition 3 et parti au pouvoir 5», explique le numéro 2 du Pdci dans une interview accordée au Nouveau Réveil.
Les propositions de l’opposition
«Nous avons dit qu’il ne faut pas que la Cei soit dirigée par un représentant d’un parti politique du pouvoir ou de l’opposition, parce que la Cei doit être indépendante vis-à-vis du pouvoir et vis à vis des partis politiques. Donc, ce que nous proposons, c’est que le bureau de la commission centrale soit dirigée par des personnes de la société civile: président, vice-président, secrétaire, sont tous de la société civile et choisis par appel à candidature selon leur compétence. A côté d’eux, il y aura un comité composé des représentants des partis de l’opposition, du parti au pouvoir en parité égale».