PRESIDENTIELLE EN CÔTE D’IVOIRE – Si la campagne électorale n’est pas encore lancée officiellement, les partis traditionnels sont déjà à pied d’œuvre sur le terrain pour mobiliser leurs partisans avant l’échéance à venir. Et mis à part les critiques acerbes contre le régime, aucune proposition concrète pour l’instant de l’opposition face aux sujets d’actualité du moment, une situation que déplore le journaliste André Silver Konan.
Il est de coutume de voir pleuvoir les propositions aux solutions du peuple pendant les différentes campagnes électorales. A l’approche de la prochaine présidentielle, les acteurs politiques, en l’occurrence l’opposition semblent vouloir s’en tenir visiblement à cette stratégie. Face aux nombreuses préoccupations des ivoiriens, les opposants au régime restent pour l’instant muets en termes de propositions et de solution. Pour le journaliste ivoirien André Silver Konan, il faut sortir de ces sentiers battus traditionnels où l’on attend toujours la période des campagnes électorales pour dérouler les grandes lignes de son projet de société.
L’intérêt du PDCI pour la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire n’est plus un secret de polichinelle, tout comme celui du FPI de Laurent Gbagbo. Depuis juin 2017, Henri Konan Bédié annonçait les couleurs en confirmant que le Pdci présenterait en Rhdp, un candidat au prochain scrutin présidentiel ivoirien. Malgré le divorce entre le Pdci et son ancien allié, les ambitions du parti de Bédié restent toujours la reconquête du pouvoir d’Etat. Les critiques à l’égard du régime se multiplient, notamment sur de nombreuses questions comme celles de la réforme de la CEI. Si certaines propositions ont été formulées par l’opposition sur cette question, elle reste en revanche muette face à certaines préoccupations du moment des ivoiriens. Le journaliste ivoirien André Silver Konan a déploré ce mercredi l’absence de propositions concrètes des opposants ivoiriens qui, en règle générale, attendent la période des campagnes électorales pour exposer leur projet de société : «Chaque fois qu’on parle de programme, on entend des Ivoiriens, majoritairement militants de partis, soutenir que le moment n’est pas indiqué pour le faire. Erreur, cela relève de l’inculture politique dans laquelle nous maintiennent depuis des décennies des gens qui n’ont pas encore cerné le sens des responsabilités publiques. Ces Ivoiriens doivent comprendre que ce n’est pas uniquement en période électorale qu’un parti politique doit présenter un programme. Non. Radicalement non…Aujourd’hui, il est question des examens scolaires. Exemples donc. Quelles sont les réformes que proposerait le PDCI s’il arrivait au pouvoir ? Comment le FPI compte régler la question des fraudes aux examens ? Quelles sont les propositions du RHDP pour faire du BAC ivoirien, le meilleur diplôme de fin de cycle secondaire, en Afrique ? Guillaume Soro serait-il favorable qu’on continue d’imprimer nos épreuves en France»?
Enrichir le débat politique
Le journaliste ivoirien déplore à l’évidence le silence de l’opposition ivoirienne sur certains sujets d’actualité du moment en Côte d’Ivoire. Selon André Silver Konan, les opposants au Rhdp gagneraient à dévoiler leur programme, du moins leurs solutions aux problèmes des ivoiriens bien avant le démarrage des campagnes électorales : «Il est important que chaque parti politique puisse se prononcer sur des sujets d’actualité et proposer ses solutions, ses réformes, de façon opportune, sans attendre la période électorale (marquée par la politique politicienne)… l’opinion peut se faire une idée de la pertinence des propositions. Enfin, cela enrichit le débat démocratique et relève le niveau de l’offre politique dans ce pays où le verbe violent est haut, tandis que le manque de proposition constructive reste criante». Sauf changement de dernière minute, la présidentielle en Côte d’Ivoire devrait avoir lieu en octobre 2020. Le PDCI qui prépare son grand retour n’a pas encore désigné son candidat, encore moins un aperçu de son projet de société pour les ivoiriens.