Présidentielle 2020 : les évêques tirent la sonnette d’alarme

Kohan Kioshiko

Election présidentielle en Côte d’Ivoire – Dans quelques mois, les ivoiriens seront appelés aux urnes pour se faire élire un nouveau président. A quelques mois de cette échéance électorale, la tension monte entre l’opposition et le gouvernement ivoirien, notamment sur plusieurs sujets dont la réforme de la commission électorale indépendante. Les religieux catholiques ont par ailleurs formulé plusieurs propositions pour des élections paisibles.

La présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire suscite déjà de vives tensions entre le régime et l’opposition ivoirienne. La réforme de la commission électorale qui a cristallisé toutes les attentions s’est achevée sans l’entière satisfaction de l’opposition ivoirienne. Soucieux du bon déroulement des élections présidentielles à venir, les évêques catholiques ont formulé plusieurs propositions au gouvernement actuel. Les religieux catholiques ont appelé l’exécutif à garantir la participation de tous les candidats à ce scrutin très attendu. Plusieurs bruits de couloir annonçaient que la réforme constitutionnelle qui aura lieu d’ici peu, devrait être marquée par le retour de la limite d’âge dans la constitution ivoirienne, ce qui exclurait d’office certains candidats dans cette course. Les religieux ont également mis l’accent sur l’indépendance de la commission électorale indépendante, dans leur communiqué sur la prochaine échéance électorale. Face aux exigences de l’opposition, le gouvernement avait procédé à une révision de la commission électorale. Malgré le départ de Youssouf Bakayoko, puis la nomination d’un membre du conseil national de la magistrature au sommet de l’institution, certains partis dénoncent un manque d’équilibre dans cette commission, autant de divergences qui ont poussé les évêques à tirer la sonnette d’alarme sur cette élection à haute tension.

«Les élections d’octobre 2020, nous en convenons, représentent un tournant décisif pour notre pays. Nous saisissons les enjeux importants qui se jouent dans ces consultations électorales, qui doivent être préparées minutieusement et avec la conscience qu’il s’agit là du destin et de l’avenir d’un peuple, d’une nation, voire d’une sous-région, en raison de ce que représente la Côte d’Ivoire pour la partie occidentale de l’Afrique. La situation sécuritaire de cette sous-région, rendue particulièrement délicate ces dernières années, doit nous convaincre que nous n’avons pas droit à l’erreur.», ont annoncé les évêques catholiques dans un communiqué diffusé par nos confrères d’Abidjan.Net. Avant la tenue de cette échéance électorale, les religieux catholiques ont adressé plusieurs doléances au chef de l’Etat : «Au vu de cette situation, la première condition qu’il faut observer dans la préparation de ces élections doit être la réconciliation. Cette réconciliation suppose, voire exige le retour des exilés avec des garanties de sécurité et de réintégration, la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion, sans exception et le dégel des avoirs. Nous saluons tous les efforts accomplis par nos gouvernants dans le sens de la réconciliation, et les encourageons à aller plus loin». Pour l’heure, le gouvernement reste sourd aux propositions formulées par les évêques sur la situation politique qui prévaut aux élections de 2020. Il y’a de cela une semaine, le président ivoirien accordait la grâce présidentielle à plusieurs milliers de prisonniers, une grâce qui ne s’est hélas pas étendue aux prisonniers politiques.

Appel à un large consensus

«La deuxième condition est celle de la concertation et du consensus, pour prendre en compte les exigences et les aspirations légitimes de tous les acteurs sociopolitiques et les avis éclairés de la communauté internationale. Le dialogue entre acteurs politiques et société civile si bien relancé récemment, la concertation nationale périodique, s’ils sont effectués dans la transparence et le respect de la différence, peuvent nous apporter un regain d’énergie et de fraternité constructive. Nous devons en effet nous accorder sur le fait que les prochaines élections doivent être transparentes, crédibles et pacifiques, pour que tous acceptent les résultats qui en sortiront comme expression de la volonté de la majorité des Ivoiriens…Par ailleurs, le Pouvoir Exécutif devra agir de sorte à garantir aux personnes et aux institutions, notamment la Commission Electorale Indépendante (CEI), une totale indépendance. Comme toute compétition, les élections ont besoin d’un arbitre.», indiquent les évêques dans un communiqué.

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