Scrutin présidentiel d’octobre – A l’approche de la prochaine présidentielle ivoirienne, la tension monte d’un cran entre le gouvernement et les opposants. Pour certains analystes, le paysage politique actuel ne présage rien de paisible pour le prochain scrutin présidentiel, à en juger par les discours parfois empreint d’une certaine violence. Dans une chronique diffusée dans la soirée du mardi, le journaliste ivoirien Tiémoko Assalé Antoine a interpellé les ivoiriens sur les éventuelles menaces qui se profilent à l’horizon à la faveur des élections à venir.
L’élection présidentielle de 2020 inquiète particulièrement Tiémoko Assalé Antoine, le maire de la commune de Tiassalé. A quelques mois de ce scrutin très attendu, les divergences entre l’opposition ivoirienne et le gouvernement n’ont toujours pas été aplani, alors qu’un consensus entre les deux camps est un préalable à des élections paisibles cette année en Côte d’Ivoire. A ces tensions entre pouvoir en place et opposition, il faut aussi ajouter certaines fausses nouvelles répandues sur les réseaux sociaux, des fakes qui alarment de plus en plus les ivoiriens. Si le gouvernement s’est engagé à lutter contre la diffamation sur la toile, les fausses informations incitant à la révolte foisonnent encore un peu de partout. Pour cette raison, le maire de Tiassalé se demande s’il ne serait pas plus judicieux de fermer pendant le déroulement de la présidentielle, les réseaux sociaux, de sorte à éviter que la désinformation gagne du terrain dans le cœur des ivoiriens, surtout pour une élection qui attise déjà de nombreuses tensions.
La présidentielle de 2020 inspire une crainte chez certains ivoiriens, en dépit des discours rassurants tenus par le président Ouattara et certains membres de son gouvernement. La récente tentative de déstabilisation évoquée par le Procureur de la République a encore ravivé cette crainte de voir le scrutin basculer dans le chaos, comme nous avons pu le constater en 2010. Face aux menaces qui se profilent à l’horizon, Tiémoko Assalé se montre plus ou moins favorable à la fermeture des réseaux sociaux pendant le déroulement du vote et les opérations de dépouillement des urnes : «La plus grande menace qui plane sur nos têtes d’ici au 31 octobre 2020, c’est le flot d’informations fausses fabriquées par des individus tapis dans l’ombre, balancées sur les réseaux sociaux et immédiatement partagées par une armées d’imbéciles se faisant appeler des activistes et qui se prennent pour des journalistes. La fabrication, depuis quelques jours, de propos extrêmement dangereux attribués à un haut dignitaire musulman qui aurait répondu aux évêques catholiques, est la preuve qu’il y a des gens qui travaillent pour allumer obtenir enfin le conflit religieux qu’ils n’ont pas eu depuis 1993. Je me demande si du 30 octobre au 3 novembre, il ne faudra pas couper les réseaux sociaux pour les informations conscieusement fabriquées ne provoquent pas l’embrasement général du pays. Enfin, si nos bêtises et nos passions ne nous ont pas tués ou jetés sur les routes de l’exil seul ou avec nos enfants, d’ici là.», lance le maire de la commune de Tiassalé. Sur l’une des questions essentielles à la tenue ce scrutin, à savoir la mise en place d’une commission électorale indépendante, aucun véritable consensus entre le pouvoir en place et l’opposition ivoirienne, puisque d’une partie des opposants au régime continue toujours de dénoncer une CEI partisane qui serait inféodée au pouvoir actuel.
Tirer les leçons du passé
«En Côte d’Ivoire, le constat est net . Le flot de sang, les milliers de morts, les milliers d’exiles qui ne sont pas encore revenus et qui ne reviendront certainement pas avant la prochaine élection présidentielle, n’ont servi à rien. On n’a tiré aucune leçon. Le sang nous appelle tous encore… Mais cette fois ci, avec les rancœurs, les haines tenaces, la terrible volonté de vengeance qui nous habite et, surtout avec les milliers d’armes détenues par des individus qui n’attendent que l’étincelle, les caches d’armes qui essaiment le pays, on sera tous servis et bien servis. On va se massacrer à huis clos.», rapporte Tiémoko Assalé.