Marche des évêques – Après des suggestions faites au gouvernement, le clergé catholique ivoirien entend passer à l’offensive pour inciter les hommes politiques à privilégier la paix à la faveur des prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire. C’est à cette occasion que le cardinal d’Abidjan a annoncé son intention d’organiser une marche pacifique dans la commune de Plateau le 15 février prochain. Opposé à l’immixtion des religieux dans la vie politique du pays, Doumbia Major a invité le gouvernement ivoirien à interdire la marche annoncée par le clergé catholique en Côte d’Ivoire.
Doumbia Major s’est exprimé ce vendredi au sujet de la marche pacifique annoncée par les évêques d’Abidjan. Pour le président du Congrès Panafricain pour le Renouveau, le gouvernement ivoirien devrait marquer son refus face à cette alternative du clergé catholique ivoirien. Selon lui, autoriser cette manifestation dite pacifique inciterait sans l’ombre d’un doute d’autres religieux de différentes confessions, à envisager cette même alternative. Avant cette marche annoncée, rappelons que les évêques d’Abidjan avaient adressé il y’a quelques semaines, une série de doléances au chef de l’Etat, à l’occasion des prochaines élections à venir en Côte d’Ivoire. Le prélat avait notamment demandé au gouvernement actuel de garantir une impartialité au niveau de la commission électorale indépendante, alors qu’une réforme a déjà été entreprise par le pouvoir actuel, réforme qui a conduit à la nomination de Kiubiert Coulibaly à la présidence de la CEI. La libération des prisonniers politiques figurait parmi les doléances exprimées par les leaders catholiques ivoiriens lors de la 114e assemblée de l’église catholique de Korhogo il y’a quelques semaines.
La marche des évêques catholiques à Abidjan aura-t-elle lieu comme annoncé par le cardinal Kutwa ? Tout dépendra à priori d’une délivrance d’autorisation de cette manifestation pacifique par le ministère de la sécurité. Dans un communiqué adressé aux fidèles chrétiens, le cardinal d’Abidjan annonçait une marche pacifique dans la commune du Plateau pour le samedi 15 février prochain, une manifestation à laquelle 20 000 personnes sont attendues. Pour Doumbia Major, le gouvernement ivoirien ne devrait pas autoriser cette manifestation du clergé catholique, pour les raisons que voici : «Je demande au gouvernement d’interdire purement cette marche politique à l’initiative d’un individu qui embarque et engrène tout un groupe confessionnel dans une démarche politique, pour la défense de ses intérêts et accointances privés. Cette marche est contraire à l’article 13 de notre constitution. Les partis politiques à base confessionnelle ne font pas de politique dans notre pays et les groupes organisés sur base confessionnelle ne font pas de politique . C’est la loi suprême qui le stipule. N’ouvrons pas la porte à un précédent qui peut avoir des conséquences incontrôlables dans notre pays. Si on n’interdit pas cette marche, demain ce sera les musulmans qui marcheront pour une CEI où il faut retirer tel parti, demain ce sera les protestants , après ce sera la marche des baoules ou celle des dioulas pour la paix etc…», rapporte le président du congrès panafricain pour le renouveau. Pour l’opposant ivoirien, cette alternative du prélat catholique ivoirien est purement politique, une initiative qui serait en contradiction avec la nouvelle législation ivoirienne : «Notre constitution est claire, ce genre d’activités politiques ne se font pas par des groupes organisés sur la base ethnique ou religieuse. Il faut juste inviter KUTWA à aller lire la constitution dans son préambule et dans son article 13. Il s’est démasqué, mais malheureusement il ne peut pas utiliser l’église pour accomplir sa mission politique, car la constitution l’interdit».
Silver Konan soutient les religieux
«Quand vous entendez un politique (au pouvoir comme à l’opposition) dire : « tu es journaliste, chrétien, musulman, commerçant, planteur, etc; donc sois neutre ou sois objectif », ne te fais aucune illusion… Tout citoyen, quel que soit son rang dans la société, a le droit de prendre position sur n’importe quel sujet qui engage la vie de la Nation ou sa propre vie…un pays n’est pas la propriété privée des politiques», lance André Silver Konan.