Révision Constitutionnelle : Silver Konan dit non au projet de Ouattara

Réforme de la nouvelle Constitution – A peine adoptée par les ivoiriens il y’a trois années de cela, la toute nouvelle constitution ivoirienne subira sa première modification dans le courant de l’année 2020. L’annonce a été faite par le président ivoirien à l’occasion d’un discours tenu la semaine dernière devant les élus des deux chambres parlementaires du pays.

La révision constitutionnelle en Côte d’Ivoire n’est plus un secret de polichinelle. Annoncé depuis des mois, ce projet suscitait moins d’adhésion chez les opposants qui soupçonnaient le président ivoirien de vouloir écarter certains opposants de la course à la présidentielle, notamment à travers une réintroduction de la limite d’âge pour être candidat au scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire. Si les ivoiriens étaient nombreux sur la nature de cette réforme annoncée par Ouattara avant la tenue de la présidentielle, on en sait davantage depuis quelques jours sur les articles de la nouvelle constitution qui seront révisés cette année en Côte d’Ivoire. Seule certitude, aucune réintroduction de la limite d’âge n’est annoncée dans ce projet de modification de la législation ivoirienne adoptée par plus de 90% en 2016 lors d’un référendum. Le président avait d’ailleurs rassuré les opposants que cette modification ne visait aucunement à éliminer de la course au fauteuil présidentiel les potentiels adversaires de sa formation politique. S’il avait fait part de son enthousiasme après la décision prise par Ouattara de ne pas briguer un troisième mandat, André Silver Konan reste sceptique sur la nécessité de modifier la constitution ivoirienne cette année. A l’instar de certains opposants, le journaliste ivoirien s’oppose à cette révision annoncée par le président Ouattara, en dépit des arguments avancés par le président ivoirien pour justifier ce projet.

«Trois années après l’adoption de la Constitution de la IIIe République et la mise en place des Institutions qu’elle a prévues, je viens vous soumettre, aujourd’hui, conformément à l’article 177 de la Constitution, la réforme constitutionnelle que j’ai annoncée depuis quelques mois… La première modification importante est relative au Statut du Vice-Président de la République.  En effet, au regard de notre expérience actuelle, je propose, au lieu d’un ticket, que le Vice-Président de la République soit nommé, par le Président de la République, avec l’accord du Parlement, comme c’est le cas présentement…La deuxième réforme importante concerne le pouvoir législatif avec la modification de l’article 90. Elle est relative à la continuité parlementaire. Ainsi, en cas d’impossibilité d’organiser des élections parlementaires dans les délais prescrits par la Constitution, il est proposé que le Parlement demeure en fonction jusqu’à l’organisation des prochaines élections… La troisième réforme majeure que je propose a trait à l’organisation judiciaire. Elle vise à consacrer la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat comme des Institutions de la République, au même titre que la Cour des Comptes.», révélait le président ivoirien la semaine dernière dans la capitale politique. Si la limite d’âge n’est visiblement pas concernée par cette réforme constitutionnelle annoncée par Ouattara, le journaliste ivoirien André Silver Konan s’oppose à l’idée d’une révision de la constitution ivoirienne adoptée il y’a trois ans par voie référendaire.

Les raisons du refus

«La première raison de mon rejet de ce projet, est en rapport avec la forme, savoir cette propension au manque de respect constant pour les peuples ivoiriens, par la Présidence ivoirienne. L’on ne peut pas vouloir modifier une constitution qui va engager la vie de millions de personnes et mépriser ces millions de personnes en même temps, en les tenant à l’écart du débat citoyen préalable sur le sujet… La deuxième raison est encore dans la forme. Pourquoi Alassane Ouattara fait ça ? Pourquoi refuse-t-il d’aller jusqu’au bout de l’acte de renonciation, que nous avons personnellement salué ? La troisième raison est dans le fond. Parlons-en. Le point sur lequel je m’attarde aujourd’hui, c’est la disposition tendant à la nomination du vice-président… C’est simple. Le futur vice-président devrait être élu, sur un ticket avec le Président (ce qui lui conférerait une légitimité populaire).», rapporte le journaliste ivoirien dans son analyse sur le projet de révision constitutionnelle.

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