CONQUETE DU POUVOIR – Après avoir tenu le second rôle en 2010 puis en 2015, le Pdci entend reconquérir le pouvoir d’Etat lors de la prochaine élection présidentielle. Mais il devra se passer du soutien de son ex-allié qui vise lui aussi la magistrature suprême en 2020.
On en sait désormais un peu plus sur la stratégie politique du PDCI pour son grand retour aux affaires l’année prochaine. Le président du parti travaille depuis des mois à l’élaboration d’une plateforme stratégique de l’opposition, pour combattre le pouvoir en place lors du prochain scrutin présidentiel. Mais avant de fédérer l’union autour de cette cause commune de l’opposition, le parti travaille à resserrer ses rangs depuis la base, puisque de nombreux cadres ont choisi de militer au sein du parti unifié Rhdp. Mais à en croire Doumbia Major, le président du CPR, la stratégie du président du Pdci ira bien au-delà de cette évidence. Pour le président du Cpr, Henri Konan Bédié mise sur un autre argument pour fédérer les ivoiriens à sa cause pour la prochaine élection.
Le Pdci n’a pas encore présenté son candidat pour 2020, mais cela ne saurait tarder si l’on se fie au communiqué final qui a sanctionné le dernier bureau politique du parti. Le candidat sera désigné à l’issue d’un congrès dont la date n’a pas été encore fixée. Mais le Pdci ne pourra à lui tout seul faire face au Rhpd lors de la présidentielle de 2020. Conscient de cette difficulté, le président Henri Konan Bédié a décidé de miser sur la stratégie de l’union au sein de l’opposition ivoirienne. Le patron du Pdci envisage de mettre en place une plateforme stratégique de l’opposition ivoirienne pour combattre le parti unifié lors du prochain scrutin présidentiel. Cette stratégie rappelle un peu celle du Rhpd en 2010 qui s’est réunie autour du Rdr face à l’ancienne majorité présidentielle conduite par le Front populaire ivoirien. Et cette plateforme de l’opposition devrait fonctionner sur la même base que le Rhdp en 2010 : «Nous nouons des alliances et le FPI est un parti de l’opposition tout comme le PDCI-RDA qui a décidé d’y être. Donc, tous les partis d’opposition sont contre le parti au pouvoir à savoir le RHDP. Nous avons entre nous une bienveillante attention ; le terme pactiser est fort. Nous sommes, le PDCI-RDA et le FPI, naturellement, traditionnellement, historiquement des adversaires politiques ; nous ne sommes pas des ennemis. A la présidentielle de 2020, nos deux partis auront chacun un candidat et si jamais, c’est le PDCI-RDA qui arrive au second tour et comme ce sera certainement le cas, le FPI, s’il n’y est pas, nous donnera ses voix et inversement, le PDCI-RDA lui donnera ses suffrages.», lançait Jean-Louis Billon, cadre du parti de Bédié il y’a quelques mois. Plusieurs transfuges de l’actuel régime devraient pouvoir adhérer à cette plateforme stratégique dont les deux poids lourds seront incontestablement le Pdci et le front populaire ivoirien. Mais la stratégie de l’union ne serait pas le seul argument mis en avant par Bédié pour revenir au pouvoir selon Doumbia Major.
L’argument du discours identitaire
«Créer un consensus national ethnique autochtoniste, xénophobe et identitaire, pour isoler ses adversaires, qu’il présente comme des traîtres ou des complices d’une prétendues invasion étrangère dont le but serait de tuer ou de remplacer les ivoiriens: Voilà en quoi se résume la stratégie de conquête du pouvoir de Bédié. Susciter des peurs et jouer sur la haine : C’est sale, c’est malsain, c’est irresponsable et c’est dangereux. C’est du nazisme tropical, c’est du frontnationalisme tropical.», a fait savoir le président du Congrès panafricain pour le Renouveau. Pour Doumbia Major, le président du Pdci entend jouer également sur la sensible question de l’ivoirité pour gagner certains électeurs à sa cause l’année prochaine.