Langue Côte d’Ivoire: Saviez-vous l’essentiel sur la langue Senoufo ?

by Tatiana Agostino

La Côte d’Ivoire est un pays qui dispose officiellement de 63 ethnies réparties en quatre grands groupes que sont les Akan, les Krou, les Mande et les Gour.

Le groupe Gour se situe dans une ère géographique très importante allant des frontières maliennes aux frontières du Ghana. Parmi ces derniers, figure les Senoufo dont la langue est la 3e de côte d’Ivoire en termes de locuteurs. Fort de sa richesse culturelle le peuple Senoufo est très connu pour ses danses et son rite initiatique, le Poro.

La langue Senoufo est la 3e langue la plus importante de Côte d’Ivoire grâce notamment au nombre de ses natifs mais aussi et surtout grâce à l’apport de ceux-ci dans la construction nationale. Apprenons maintenant l’essentiel sur cette langue installée dans la région septentrionale de la Côte d’Ivoire.

Aux origines de la langue Senoufo

Contrairement aux autres langues comme le Bété, le Baoulé ou le Dida qui n’ont pas réellement leurs équivalents dans la sous-région ouest africaine, le Senoufo est parlée au sud du Mali dans la région de Sikasso. En Côte d’Ivoire, la langue Senoufo est le moyen d’expression d’une ethnie du même nom qu’on retrouve dans le nord du pays, principalement autour des villes de Korhogo, Boundiali et Tengrela. Au-delà des légendes qui veulent que les Senoufo aient été créés par Dieu puis déposés là où ils se trouvent en ce moment, certains historiens affirment qu’ils sont rentrés en Côte d’Ivoire par vague, d’abord au Xe siècle puis au XVe. Ils seraient venus de certaines régions plus au nord comme le Mali. Mais une fois rentrés dans le territoire actuel de la Côte d’Ivoire, ils auraient trouvé un peuple sur place qui les a profondément influencés : les Mandébélé. Par conséquent ils auraient hérité la structure actuelle de leur société et de leur langue du groupe indigène depuis disparu, assimilé ou déplacé.

Composante et articulation

La langue Senoufo n’a pas vraiment de variantes distinctives. Elle se présente comme une unité linguistique quoique l’on observe des sous-groupes dont le Pongalas à Kasséré, le Niarafolos à Ferkessédougou, les Tagbana à Katiola et les Nafagas à Karakoro. Ces différents sous-groupes se répartissent en 3 familles que sont les Senoufo du nord, les Senoufos du Centre et les Senoufos du sud. Malgré ses sous-groupes la langue Senoufo garde son unité linguistique reconnue par les autorités nationales. En 1996, une ONG Savane Développement avait d’ailleurs construit une école à Kolia pour la promotion de la langue Senoufo. Elle était enseignée au primaire en tant que langue maternelle au même titre que le français. Cette initiative et le taux de scolarisation très faible ont permis au Senoufo de rester une langue très vivante qui n’a rien perdu de ses manifestations essentielles. En outre des cérémonies comme le Poro ou le Tchologo qui rassemblent tous les fils et filles quels que soient leurs lieux de résidence ont permis de perpétuer la langue malgré le processus d’acculturation.

Importance et influence locale

Comme on l’a déjà dit plus haut, le Senoufo est la 3e langue locale la plus importante de Côte d’Ivoire. Avec environ 2.150.000 locuteurs, le Senoufo représente environ 9% de la population ivoirienne. Guillaume Soro l’actuel président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, Gon Coulibaly l’actuel Premier Ministre de Côte d’Ivoire ou les frères Kolo et Yaya Touré sont quelques personnalités les plus connues du peuple Senoufo. Le Senoufo, ainsi que le Malinké aussi appelé Dioula, constitue la langue les mieux représentatives du nord de la Côte d’Ivoire.
Le Senoufo constitue l’une des plus importantes communautés ethnolinguistiques de Côte d’Ivoire et cela se constate de mieux en mieux à travers sa représentativité qui remet en cause le pouvoir des trois grands que sont les Baoulé, les Bété et les Dioula qui se taillent traditionnellement l’univers politique ivoirien.

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