Cette population se répartit dans treize langues locales dont le Bambara, le Peul et le Soninké. Cette dernière langue fera l’objet de notre présente réflexion pour cerner ses éléments constitutifs après avoir au préalable fait un tour d’horizon de ses origines.
La langue Soninké figure parmi les langues les plus importantes du pays après la Bambara et le Peul. Issu du groupe Mandé, il n’est pas que le seul fait du Mali autant que sa structure n’est pas sans influences. Comment se caractérise le Soninké ? Quelles sont ces différences avec les autres langues de la famille Mandé ?
Sur les traces du Soninké
La langue Soninké est pratiquée par l’ethnie du même nom qui bâtit autrefois l’Empire du Ghana aujourd’hui situé dans le Mali. Mais au XIIe siècle, avec le déclin de l’empire, les Soninkés se dispersèrent dans toute l’Afrique de l’ouest notamment au Sénégal où ils créèrent le Royaume du Galam. De cette dispersion sont nées des sous dialectes ou des groupes aujourd’hui distincts que sont le Bozo, le Sarakollé, le Dyakanké, le Toubakaï, le Wakoré ou le Dafing. Au Mali il y aurait aujourd’hui 1.077.000 personnes dont le Soninké serait la langue maternelle. Son aire d’influence au Mali comprend l’ouest près des frontières de la Mauritanie et du Sénégal c’est-à-dire dans les régions de Kayes et de Koulikoro. Fort de son expansion et de ses cohabitations, le Soninké s’apparentent au Wolof et au Peul avec qui ils partagent de nombreux points culturels et linguistiques. Au Mali, les natifs du Soninké parlent davantage le Soninké que le Bambara qui prédomine, alors qu’au Sénégal par exemple, les Soninké pratiquent le Wolof plus que leur langue maternelle. Au Mali elle est un facteur très fort d’appartenance à une même communauté, à une identité.
Univers linguistique de la langue Soninké
Le Soninké est inscrit dans la famille des langues Mandé et nigéro-congolaises. De ce fait elle hérite d’une structuration semblable à celle de ses pairs. Le Soninké possède une littérature parlée faite de contes, de légendes, de chants et de mythes divers, mais elle peut également s’écrire en utilisant l’alphabet latin comme il est très souvent le cas pour les langues d’Afrique noire. Cependant comme de coutume à cet alphabet latin, sont ajoutées des consonances bien locales. A côté de cette écriture inspirée du latin, nous retrouvons également une écriture basée sur l’alphabet arabe bien que le latin soit l’alphabet officiellement admis. Suite aux recommandations sur l’harmonisation de l’orthographe soninké adoptées au séminaire de novembre 1995, l’écriture soninké est le même dans tous les pays où on retrouve la langue. L’alphabet est le suivant : a-b-t͡ʃ -d-e-f-g-h-i-d͡ʒ -k-l-m-ɲ -ŋ –o-p-q-r-s-t-u-w-x-j.
Pratiquons le Soninké en quelques mots
Le lexique Soninké est largement constitué de racines mandées, mais aussi d’emprunts bambaras, arabes français. Certains d’autres mots arabes seraient Soninkés donc l’on pense que le Soninké vient d’Egypte :
Bonjour : Wuyijamu
Homme : Yugo
Femme : Yaxare
Nourriture : Yigandé
Père : Baba
Maïs : Makka
Chien : Wule
Pain : Buuru
Savon : Sabouné
Ecole : Saranla
Cheval : Si
Docteur : Dogotooro
Assieds-toi : Taaxu
Je t’aime : N ŋa an mulla