Cette population parle au moins 80 langues locales telles que le Mossi, le Peul et le Gulmancema objet de notre présent article. Le Gulmancema est la 3e langue du pays hormis le Français, bien sûr. Elle se situe à l’est du Burkina Faso et n’est en aucun cas à confondre avec une autre langue comme le Gourounsi même si la consonance est évidente.
Aussi appelé Gourmantché ou Gourma, le Gulmancema est une langue oti-volta aussi pratiquée au Niger, au Bénin et au Togo. D’où vient cette langue ? Comment s’écrit-elle ? Quels en sont quelques expressions ? Voilà autant de questions auxquelles nous répondrons par la suite.
Origines et géographies du Gulmancema
Le Gulmancema, Gourma ou Gourmancema, est une langue oti-volta de la branche gour des langues nigéro-congolaises parlée par les Gourmantchés ou Gulmanceba au Burkina Faso, au Togo, au Benin et au Niger. Les Gourmantchés seraient venus du Tchad, plus précisément de la région actuelle du Bornou. Leur ancêtre Tohadjie se serait d’abord établi à Fada où il maria la fille du roi. Le fils de ce dernier quitta également ces nouvelles terres en direction du sud. Il aurait eu à son tour un fils du nom de Na-Gbewa qui s’installa à la frontière actuelle avec le Ghana. Ce récit, le plus populaire admettrait que les Mossis sont une branche des Gourma venus du Tchad et que les Gourma ont des liens de parenté avec des ethnies comme les Haoussa. Par sa dispersion géographique, la langue Gourcemam a développé trois dialectes différents, selon les régions où elle s’est établie. Il y a le dialecte de l’est, le dialecte de l’ouest et le dialecte du centre. Cependant les trois dialectes gardent une même unité et s’inscrivent dans le même univers sémantique.
Premiers développements écrits de la langue
Dans les 1980, une tentative d’enseignement en langue Gourmancema a été initié dans son centre administratif Fada N’Gourma. Ainsi sont nées de nombreuses écoles pour l’alphabétisation en langue Gourma et un premier journal a même vu le jour. Il s’intitulait Laabaali. Ce projet a été possible grâce à l’adoption officielle d’un alphabet en 1985 sous l’impulsion de la commission nationale de la langue Gourmancema mise en place en 1973. Voici cet alphabet basé sur celui du latin classique : a-b-c-d-e-f-g-gb-h-i-j-k-kp-l-m-n-ñ -ŋ-ŋm-o-p-s-t-u-w-y. Une précision, les tons représentés par les accents ne sont pas présents dans les documents officiels et les journaux. Cet alphabet est spécifique à la langue Gourma.
Apprenons la langue Gourmantché
Le lexique Gourmancema est un exemple complet de chiffres et de lettres spécifiques. Son système numéral est décimal et ses divisions temporelles comprennent autant les jours que les mois. Enfin il concerne aussi l’anatomie humaine et la nature.
Bonjour : Ku tahaagu
Comment t’appelles-tu ? : A yi lede ?
Je m’appelle : N yi
Parler : Ki maadi
1 : Yendo
10 : Piiga
100 : Kobiga
1000 : Tudili
Matin : Taŋaagu/Tasoangu
Jour : Daali
Semaine : Daali n tu liyali
Mois : ŋmaalo, cilo
Année : Binli
Lundi : Atani
Vendredi : Alijima
Dimanche : Aŋada/ ŋaadi
Février : Cili
Décembre : Cipiiga n cilie
Dent : ñinli
Doigt : Nabili/Nibili/Nobili/Nubili
Homme : O joa
Femme : O poa
Commerçant : O pkendo
Elève : Cogibiga
Aimer : Kibua
Jeune fille : Jafaano
Les locuteurs de la langue Gourmantché ne parlent pas toujours uniquement leur langue maternelle. Ceux-ci parleraient quelques fois des langues locales telles que le Mossi ou le Peul qui sont les deux plus grands dialectes nationaux. Les travaux sur la langue ne sont pas choses courantes contrairement à des langues comme le Mossi ou le Dioula. Il semble par conséquent judicieux de mener des recherches linguistiques adéquates afin de la vulgariser davantage. Ne dit-on pas que la survie d’une langue dépend de sa vulgarisation ?