Convocation de Yodé et Siro – Il y’a quelques mois, les deux artistes zouglou ivoiriens suscitaient une vive polémique avec leur dernière sortie, en se lançant dans une critique souvent incisive du régime actuel en Côte d’Ivoire. Si l’album des deux géants du zouglou n’a guère fait l’objet d’une censure, le duo tant apprécié des ivoiriens a reçu une citation à comparaitre à la brigade de gendarmerie pour ce mercredi 2 décembre. Pour l’heure, on ignore dans les détails les raisons de leur convocation.
Les artistes ivoiriens Yodé et Siro ont rendu public dans la soirée du lundi une citation à comparaitre à la section de recherche de la brigade de gendarmerie d’Abidjan. Pour l’heure, on sait très peu de choses sur les raisons de cette convocation qui a surpris. Sur la citation à comparaitre, le motif indiqué laisse entendre que les deux artistes seraient convoqués dans le cadre d’une enquête judiciaire. Mais certains commencent à polémiquer sur les raisons de cette convocation. Lors d’une récente prestation dans la commune de Yopougon, dans un maquis de la place, le duo musical ne s’était pas fait prier pour adresser de vives critiques à l’endroit du Procureur de la République, soupçonnant ce dernier d’engager des poursuites contre un groupe ethnique bien précis.
La convocation du duo Yodé et Siro alimente une vive polémique en Côte d’Ivoire ces dernières heures. Les réactions politiques fusent déjà de partout après la citation à comparaitre adressée au duo du zouglou en Côte d’Ivoire : « »Les artistes ne marchent pas, ils ne manifestent pas », disent certains. Or les artistes font plus que « marcher », ils ne sont pas des anonymes, et ils mettent leur notoriété et leur vie en jeu. Yodé et Siro ont chanté. Ils sont convoqués demain à la police. J’espère que beaucoup les accompagneront, paieront les honoraires des avocats et s’occuperont de leurs enfants dans le cas où ils seraient arrêtés! Et que ce ne sera pas juste du buzz sur Facebook et un soutien du bout des lèvres… Dieu vous aide, Yodé et Siro», lançait pour sa part la productrice ivoirienne Annie Tchelley. Au cours d’un récent spectacle dans la commune de Yopougon, le duo déclarait : «On joue en bas. Je veux entendre tout le monde lui dire ça : Président on dit quoi ? Troisième mandat, le président ne respecte pas la loi, le procureur lui-même n’est plus procureur. Il est procureur d’un seul camp. C’est quel pays ça là… Allez dire au procureur Adou Richard, allez lui dire, qu’un mort, c’est un mort. On ne passe pas son temps à chercher les petits baoulés dans les villages pendant que des gens sont ici avec des machettes et ils sont bien identifiés. Envoie encore. Président on dit quoi». Officiellement, rien n’indique que les deux chanteurs ivoiriens seraient convoqués suite aux propos tenus à l’endroit du Procureur de la République, durant leur spectacle, raison pour laquelle le journaliste André Silver appelle à ne pas mettre la charrue avant les bœufs : «Rien ne nous indique que la convocation de Yodé et Siro est en rapport avec leur concert de Yopougon. Pour le reste, ma position est constante : le ministère public doit apprendre à mettre le justiciable ivoirien à l’aise quand il est soumis à une procédure devant les enquêteurs».
De l’incitation à la haine
«Ce que Yode et Siro font c’est ce qu’on appelle de l’incitation à la haine ethnique… Ce sont des individus que j’ai détecté très tôt ! Ce sont des soldats qui jouent leur partition dans une guerre ethnique à laquelle ils incitent et préparent les esprits, en exposant des arguments partisans, pour soutenir la légitimité de ce à quoi ils incitent. Des individus tirent sur un gendarme et le tuent, au lieu de condamner l’acte, ils dénoncent plutôt l’enquête et s’y opposent en affirmant que c’est une traque ethnique organisée par le procureur.», souligne Doumbia major.