Le Maroc membre actif de l’espace francophone en Afrique

Amani Georges

La participation du Roi Mohammed VI au 16ème Sommet de la Francophonie qui se tient du 22 au 27 novembre à Madagascar, illustre, à n’en point douter, l’importance portée par le Maroc à cet espace linguistique et culturel qui a su s’imposer au fil des temps en tant que puissance d’influence sur la scène internationale et un facteur de développement pour les peuples qui le composent.

En effet, la visite effective du Souverain Marocain à cette conférence de haut niveau, placée sous le thème « Croissance partagée et développement responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone », dénote de l’intérêt grandissant qu’accorde le Roi du Maroc au dialogue des cultures et de coopération au service du développement durable.

« La Francophonie est une conversation d’une riche effervescence à l’échelle planétaire, nourrie par un foisonnement de créations, de littératures et d’expressions artistiques nationales, dynamiques et variées, qui expriment chacune un génie propre, une vision d’un monde à l’unisson. C’est une Francophonie qui ne tourne pas le dos aux originalités, tout comme les originalités ne lui tournent pas le dos », avait souligné le Souverain dans son discours adressé au 15ème Sommet de la Francophonie qui s’était tenu en 2014 à Dakar.

Au Maroc, les langues arabe et amazighe demeurent les langues officielles de l’Etat qui oeuvre à la protection et au développement de ces langues ainsi qu’à la promotion de leur utilisation.

Parallèlement, l’Etat veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle nationale et à l’apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde, en tant qu’outils de communication, d’intégration et d’interaction avec la société du savoir, et d’ouverture sur les différentes cultures et sur les civilisations contemporaines, lit-on dans le préambule de la Constitution marocaine adoptée en 2011.

Certes, la situation linguistique marocaine se caractérise par le multilinguisme dont chaque composante dispose des fonctions différenciées. En effet, cette situation se distingue par la coexistence de langues locales, l’arabe et l’amazigh, et de langues étrangères, le français et l’espagnol. Chacune de ces langues jouit d’une position déterminée dans la société et s’utilise dans des domaines assez particuliers. L’arabe et l’amazighe sont des langues institutionnelles et bénéficient d’une dynamique avec comme objectif est d’en faire des langues modernes et fonctionnelles.

En tant que langue étrangère, le français occupe la position de deuxième langue de l’enseignement et de l’administration, il a le statut de première langue étrangère dans le pays. L’espagnol demeure la première langue étrangère dans les régions anciennement sous protectorat espagnol dans lesquelles il est fortement menacé par le français, langue des affaires et de l’enseignement technique.

S’agissant de la gestion de la situation linguistique au Maroc, plusieurs perspectives peuvent être évoquées. Les perspectives les plus saillantes sont celle de l’unification linguistique, celle de la diversification linguistique ou celle alliant entre unification et diversification. L’unification procède par un processus d’homogénéisation des différences linguistiques et l’achoppement sur une situation généralisée de monolinguisme.

La diversification, par contre, opère par une dynamique d’hétrogénéisation linguistique conduisant à un état de bilinguisme ou de multilinguisme. La dernière perspective alliant unification et diversification s’appuie sur une stratégie de hiérarchisation distinguant entre

L’arabe standardisé est employé sous sa forme « classique » comme langue liturgique et sous sa forme moderne comme langue officielle des institutions politiques, administratives et culturelles.

Or, le français est toujours prisé et choisi comme langue d’enseignement et comme langue de prestige social caractérisant les élites urbaines. Cette situation crée une configuration dans laquelle l’arabe et le français sont fonctionnellement complémentaires.

Après plus de trente ans de politique d’arabisation dans l’enseignement, les matières scientifiques (mathématiques, sciences de la vie et de la terre, physique) seront désormais dispensées en français. Pour le ministre marocain de l’Éducation nationale, Rachid Benmokhtar « l’ouverture du système éducatif national aux langues étrangères, notamment dans les filières scientifiques, est indispensable pour améliorer la capacité des générations montantes à accéder au marché du travail et renforcer la compétitivité du Maroc dans un monde en mutation rapide ».

Alors que l’échec scolaire de la majorité des Marocains semble inévitable, du fait de la différence de langue d’enseignement entre enseignements secondaire et supérieur, les franges aisées de la société marocaine placent leurs enfants dans des établissements français aux frais de scolarité très élevés. L’enseignement privé n’a cessé d’augmenter. La part des élèves scolarisés dans le privé s’élève à 15% en 2015 contre 9% en 2009.

Selon les derniers chiffres officiels, le réseau des établissements scolaires d’enseignement français au Maroc est tout simplement le plus dense au monde avec, à la rentrée de 2016, plus de 33.000 élèves, dont plus de 60 % de Marocains. Ces établissements couvrent les principales villes du royaume. Seuls les Marocains les plus aisés ont les moyens d’y inscrire leurs enfants.

Pour revenir au Sommet de la Francophonie, il importe de signaler que près de 274 millions de personnes pratiquent aujourd’hui le français dans le monde, un chiffre qui devrait tripler en 2050.

Raison pour laquelle, l’espace francophone doit s’homogénéiser, harmoniser ses actions et renforcer sa présence en tant qu’atout singulier dans un monde où l’intégration économique et politique s’organise, de plus en plus, autour de groupements régionaux où les partenaires partagent un même socle de valeurs et de sensibilités.

Dans ce contexte, la Francophonie représente une opportunité réelle pour tempérer les rigueurs de la mondialisation et assurer, par la coopération, un changement durable sur le terrain.

Source: HA/APA

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