Le Franc CFA, Franc des Communautés Françaises d’Afrique, est la monnaie que partagent, depuis le 26 décembre 1945, les ex colonies françaises d’Afrique. Cette monnaie, l’une des dernières nées de la colonisation, est aujourd’hui au cœur d’un débat entre économistes, politiques et populations au sujet de son avenir proche.
Aux origines de la dernière monnaie coloniale
Le Franc CFA, d’abord appelé Franc des Colonies françaises d’Afrique (connotation négative) est devenue par la suite Franc des Communautés Françaises d’Afrique. C’est une monnaie née aux lendemains de la seconde guerre mondiale. Même si elle a été réellement crée en 1939, c’est à la fin de la deuxième guerre mondiale que la France, sa fondatrice procède à sa déclaration au Fond Monétaire Internationale (FMI) lors de la ratification des accords de Bretton Woods. Aujourd’hui elle regroupe 14 Etats dont huit de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) et 6 de la zone CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale). Mais après des années d’utilisation, elle semble être remise en cause par certains Etats. Il apparait dès lors, au sein de cette communauté, un débat du pour ou du contre.
Le Franc CFA une monnaie qui serait avantageuse pour les pays qui l’utilisent
Le franc CFA, contrairement à certaines monnaies, est une devise qui serait très stable et convertible du fait de son arrimage à l’Euro dû à l’arrimage même du franc français à cette monnaie européenne. Cette situation donne une certaine crédibilité à l’économie des pays qui l’utilisent. Ensuite une telle zone permet la mise en commun des réserves monétaires ce qui génère à son tour un équilibre global de celles-ci.
Après plusieurs décennies d’existence, le Franc CFA contesté
Les détracteurs du Franc CFA, qui se trouvent d’ailleurs parmi des voix autorisées en France même, estiment qu’elle est une monnaie très dépendante du Trésor Français. En effet aucune décision de la CEDEAO ou de la CEMAC ne peut être adoptée sans l’aval de la Banque de France. En outre la forte convertibilité du Franc CFA engendrerait des inflations et des dévaluations tous azimuts comme celui du début des années 90.
Le Franc CFA au cœur des politiques depuis quelques jours
Si la question était déjà dans l’air depuis au moins une décennie du fait de l’idée de souveraineté, le Franc CFA n’a été mis véritablement dans le viseur des mouvements panafricanistes que ces derniers temps. En tête du combat, la chaine dite « panafricaniste » Afrique Média qui ne manque pas d’occasions pour s’attaquer à la monnaie. Le problème sera repris par la politique qui le pose avec plus d’acuité.
Bataille rangée d’arguments entre les pros et les antis Franc CFA
Lors du sommet panafricain du 5 mars dernier, les présidents africains Alpha Condé de la Guinée Conakry et Alassane Ouattara ont défendu deux visions de l’Afrique sur le Franc CFA. Le premier appelle à une remise en cause de la monnaie quand le second exprime son vœu de continuer à travailler avec cette devise gage de stabilité à ses yeux. Ainsi selon Alassane Ouattara « notre monnaie se porte bien ». Pour certains internautes et critiques, le président ivoirien rame à contre-courant de la tendance actuelle quand d’autres estiment qu’il donne son avis d’expert en tant qu’ancien dirigeant du Fond Monétaire International (FMI).
L’acuité avec laquelle se pose le problème du Franc CFA comme monnaie de l’ensemble des pays francophones d’Afrique est, de l’avis général, l’une des nombreuses expressions d’une certaine montée du panafricanisme en étroite liaison avec le développement à la traine des pays de l’espace francophone et le constat d’une certaine opacité du système du Franc CFA.