France CFA : plus question de refuser une pièce de monnaie

Depuis quelques années l’on assiste avec consternation et parfois avec colère à un phénomène dont on ignore les origines.

Il s’agit, pour la plus part des usagers du Franc CFA, de refuser des pièces de monnaie ou des billets sous de fallacieux prétextes. On en est même arrivé à classer certaines monnaies comme inutilisables ou hors d’usage. Malgré quelques rappels à l’ordre des autorités, ce comportement a continué de prospérer.

Désormais il ne sera plus question de refuser une pièce de monnaie de Franc CFA. L’Etat de Côte d’Ivoire, conformément aux lois en vigueur dans l’espace UEMOA, a décidé de passer à la vitesse supérieure. De fait, l’Assemblée nationale vient d’adopter un projet de loi portant l’utilisation du Franc CFA. Cette loi rendrait illégale le refus de toutes pièces d’argent quel que soit le motif avancé.

Une fâcheuse habitude qui prend de l’ampleur

Bien qu’aucune disposition légale n’ait préconisé le rejet d’une pièce de monnaie du fait de son état, les Ivoiriens ne se gênent pas pour le faire. L’on ne sait pas trop quand ce phénomène a commencé, mais il est clair qu’il s’est amplifié après la crise post-électorale. A Abidjan, aussi bien qu’à l’intérieur du pays, il ne fait plus bon de posséder une pièce trop lisse ou un billet trop vieux. Clients et commerçants s’accordent même pour refuser certaine pièce comme celle de 250 Franc. Aujourd’hui, cette monnaie ne circule presque plus sur le territoire ivoirien. A Abidjan, le phénomène est encore plus grave qu’ailleurs. Chauffeurs de Gbaka, de taxis, boutiquiers, commerçants, tous appliquent la même loi. Ils trient les jetons, les caressent pour s’exclamer : « C’est trop lisse ». A leur tour, les clients répondent du tic au tac en refusant également toute monnaie trop lisse ou trop vieille. Pourtant cette attitude est totalement illégale et injustifiée.

Une loi pour mettre fin à la dévalorisation du Franc CFA

Le ministre de l’Economie et des Finances ivoirien, Adama Koné, vient de divulguer une information capitale au sujet de l’utilisation du Franc CFA. Il affirme avoir porté deux projets de loi à la connaissance de la commission des affaires économiques et financières de l’Assemblée Nationale. Ces deux projets ont été adoptés par la commission, ce qui leur donne désormais plein pouvoir. Le premier porte sur la falsification et la contrefaçon des billets de banques ou pièces de monnaie sur le territoire national et celui de l’UEMOA. D’autres formes d’atteinte à la monnaie sont aussi concernées par la réactualisation de cette loi de l’UEMOA datant de 1982. Il s’agit par exemple de l’incinération ou de la destruction d’un billet de banque. C’est en vertu de cette loi que l’activiste béninois Kémi Séba appelle à boycotter les produits français, grand chantre de la lutte contre le Franc CFA, a été arrêté au Sénégal. Ce projet de loi s’intéresse également à toute entrave de la circulation de la monnaie. Le ministre Adama Koné a déclaré :

« On vous donne une pièce légale, celle de 250 Franc CFA par exemple, quand vous refusez, votre interlocuteur peut porter plainte contre vous ».

Désormais donc, refuser une pièce ou un billet est considéré comme illégal.

Les utilisateurs réagissent

Même si la plus part des Ivoiriens sont unanimes pour reconnaitre les désagréments causés par ce phénomène, ils ne sont pas pour autant enchantés par les nouvelles lois. Beaucoup de personnes pensent que ce projet de loi est d’une inutilité consternante. « Ça c’est de la pure diversion. Parce que quelqu’un me refuse une pièce de 250 Franc, je vais payer transport pour aller à la justice, assurer les frais de la plainte et perdre mon temps ? Arrêtez svp » affirme un interlocuteur. De fait les gens ne sont pas prêts à dépenser de l’argent en déposant une plainte et en payant un avocat juste à cause d’une pièce ou d’un billet. Cependant tout le monde appelle de tout son vœu la cessation de ce comportement incivique.
Ce projet de loi qui vient d’être adopté par l’Assemblée Nationale est très salutaire pour l’ensemble de la population ivoirienne. Il soulagerait les Ivoiriens dans un contexte économique si difficile. Néanmoins vu les griefs avancés, il faut peut-être veiller à ce que les plaintes ne soient pas payantes. Même si la dénonciation est un acte citoyen, personne ne voudrait perdre beaucoup d’argent à cause d’une simple pièce ou d’un petit billet. Il faut faire savoir aux utilisateurs du Franc CFA que nous sommes, qu’une monnaie n’existe que par sa valeur et non par son état. Tant que la banque centrale n’a pas encore décidé de l’inusité d’une monnaie, il n’est pas du devoir des utilisateurs de le faire.

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