MONNAIE COMMUNE CEDEAO – Les chefs de l’Etat de la sous-région ouest africaine ont franchi un pas historique dans la mise en place de cette devise commune. Mais selon l’économiste ivoirien Mamadou Koulibaly, cette devise ouest africaine ne verra pas le jour forcément à partir de l’année prochaine, comme annoncé par le président Ouattara lors d’un déplacement à Paris.
A terme ce sont plus de 300 millions de personnes qui devraient effectuer leurs transactions avec la nouvelle monnaie unique de la CEDEAO. Mais le chemin semble encore long pour la réalisation de ce rêve, même si un pas historique a été franchi avec la dénomination de cette devise commune. Mais la grande question est de savoir si le Ghana, le Nigéria ou encore la Guinée, accepteront d’abandonner leur monnaie pour adopter celle de la communauté économique ouest africaine. Pour le professeur Mamadou Koulibaly, les chances de voir les autres pays n’utilisant par le CFA rejoindre cette monnaie sont faibles, puisque de nombreuses zones d’ombres entourent la création de cette devise, comme la question de son arrimage ou non aux devises internationales comme l’Euro ou le dollar. Pour le maire d’Azaguié, ce projet censé voir le jour dès 2020 est une plaisanterie.
La CEDEAO s’apprête à lancer sa monnaie commune dès l’année prochaine. A l’issue du 12e sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la communauté économique à Niamey, les dirigeants ouest africain ont adopté unanimement la dénomination «ECO» comme nom de la nouvelle devise. Si le calendrier prévoit une mise en service dès l’année prochaine, tous ne seront pas prêts à adopter la monnaie dès 2020 : «Cela dépend de la volonté de chaque État. La Côte d’Ivoire respecte les critères de convergence pour 2020, d’autres les respectent, mais de nombreux pays ne les respectent pas», a déclaré le chef d’Etat ivoirien lors de son déplacement en France. Dans son rendez-vous hebdomadaire consacré l’actualité ivoirienne, le maire de la commune d’Azaguié est revenu sur ce projet ambitieux que les dirigeants de la CEDEAO ont décidé de mettre en place. Pour Mamadou Koulibaly, cette nouvelle monnaie cache de nombreuses zones d’ombres : «Est-ce que vos statistiques ont été utilisées à bon escient, pourquoi prenez-vous que les critères de convergence comme conditions pour aller à la monnaie unique? Est ce qu’il ne s’agit pas de mesure d’accompagnement de la monnaie unique lorsque nous y serons ? Toutes ces dispositions techniques n’ont pas eu d’issue. Quand il s’est agi de voir comment on fait l’harmonisation des politiques économiques, l’harmonisation monétaire, les rapports ne disent rien. Aujourd’hui on a le CFA plus 8 monnaies autour. Chacune de ces monnaies autour, rentre comment avec l’ÉCO? Est-ce qu’un CFA égal un ECO, un Naira égal un ECO, un Cédi égal un ECO ? Est-ce qu’il y a des arrangements qu’il faut faire pour cela ? Une fois qu’on a l’ECO comment il va s’établir par rapport au Dollar, à l’Euro, au Yen ? Rien n’est précisé et 2020 arrive».
La Guinée, le Nigéria et le Ghana prêts à abandonner leur monnaie ?
Pour une intégration totale de la CEDEAO à cette devise commune, il faudrait que certains pays abandonnent leur monnaie, ce qui est loin d’être évident selon Mamadou Koulibaly : «Les pays CFA vont rester CFA et les autres pays vont rester tels qu’ils sont. Parce que je ne vois pas comment les Pays qui sont hors CFA aujourd’hui, en 2020, vont accepter de sortir de la liberté monétaire pour venir s’enfoncer dans la servitude monétaire. Je ne vois pas comment le Nigeria, le Ghana, la Guinée et les autres pourraient accepter cela», a fait savoir le maire d’Azaguié. Le président estime quant à lui que la Côte d’Ivoire respecte les critères de convergence pour 2020.