Fin du Franc Cfa – En décembre dernier, le président Emmanuel Macron entamait une visite officielle de 48h en Côte d’Ivoire. A l’issue de cette visite, le chef d’Etat français et son homologue ivoirien ont annoncé la fin du franc Cfa au niveau de la sous-région ouest africaine. Cinq mois après la venue du président français en Côte d’Ivoire, la France acte officiellement la mort de la devise commune aux huit pays de la zone UEMOA. En remplacement de la monnaie coloniale, l’ECO devait donc voir le jour en 2020 selon le président Ouattara Alassane.
Avec la fin du franc Cfa, la France tourne sans doute l’une des dernières pages de la Françafrique. Selon une information rendue publique par Sibeth N’Diaye, porte-parole du gouvernement français, l’Etat français se retire officiellement de la gouvernance de la monnaie ouest-africaine. Si la France sera le garant de la nouvelle devise, le Trésor français ne sera plus dépositaire des Réserves de change des pays membres de la zone UEMOA qui ont décidé de mettre fin à l’ancienne monnaie. Ces pays disposeront désormais à leur guise de leur réserve de change. Pour le chef de la diplomatie française, la France endosse désormais un nouveau rôle en actant la fin de cette devise vieille de plus de 60 ans, celui d’un garant de la nouvelle zone monétaire qui devrait naitre selon le président ivoirien, courant 2020. Lors de la visite du chef d’Etat français à Abidjan, Ouattara Alassane avait émis le vœux de voir circuler dès cette année, la nouvelle devise de la zone UEMOA. Pour le journaliste Said Penda, cette annonce de la France au sujet du franc Cfa est l’aboutissement de plusieurs années de lutte souvent menées dans la plus grande discrétion par le président ivoirien.
La France vient d’officialiser la fin du Franc Cfa en Afrique de l’ouest. Cette décision est l’aboutissement d’un engagement pris Emmanuel Macron en décembre dernier, lors de sa visite d’Etat en Côte d’Ivoire. Pour Jean-Yves Le Drian, la France décide désormais d’endosser un nouveau rôle dans la politique monétaire menée par les pays membres de la zone UEMOA : «Le rôle de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la zone…Les engagements sont tenus et nous sommes au rendez-vous», lance le chef de la diplomatie française. Pour la porte-parole du gouvernement français, «Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire. Il s’agit de la mise en œuvre concrète de l’accord du 21 décembre dernier», explique Sibeth N’Diaye. A l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire en décembre dernier, Ouattara Alassane évoquait les principaux changements attendus avec la nouvelle monnaie ECO : «Par un accord avec les autres chefs d’État de l’UEMOA, nous avons décidé de faire une réforme du franc CFA avec les trois changements majeurs suivants : tout d’abord, le changement du nom de la monnaie du franc CFA à l’éco. Deuxièmement l’arrêt de la centralisation de 50% de nos réserves de change au Trésor et la fermeture du compte d’opération. Troisièmement le retrait des représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA».
Fruit de plusieurs années de discussions
«La décision prise hier par le gouvernement français de couper le cordon ombilical financier avec ses anciennes colonies d’Afrique de l’ouest est en réalité le fruit d’une diplomatie menée de main de maître par le président Ivoirien. Tout commence dès qu’Alassane Ouattara arrive au pouvoir en 2011. Conscient de ce que ce sont les Africains eux-mêmes qui signeront l’acte de décès du cfa et contrairement à ceux qui s’égosillaient à demander à la France de libérer monétairement ses anciennes possessions coloniales, il choisit la stratégie du camouflage. Tout en continuant à faire diversion en vantant les mérites du cfa, il engage les Etats de la CEDEAO (pays cfa + les autres) dans la création d’une nouvelle monnaie commune qui signerait de facto la mort du cfa.», révèle Saïd Penda.