Scandale à la BAD : les Etats-Unis exigent une enquête indépendante

by Kohan Kioshiko

Banque africaine de développement – A quelques mois de l’élection du prochain président de la BAD, le nigérian Akinwumi Adesina fait l’objet d’une enquête pour des traitements de faveurs qui seraient accordés aux ressortissants nigérians lors des phases de recrutement. Le comité d’éthique de la Banque africaine de développement avait ouvert une enquête dont les conclusions blanchiront le président actuel de l’institution monétaire africaine. Mais le verdict du comité d’éthique vient d’être remis en question par les Etats-Unis. En leur qualité d’actionnaire, les USA ont exigé la tenue d’une enquête indépendante.

La réélection du nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la BAD s’annonce difficile dans les mois à venir. En janvier dernier, plusieurs cadres de la Banque africaine, sous couvert de l’anonymat, avaient confié que le président de l’institution favorisait les ressortissants nigérians lors des différentes phases de recrutement. Comme il fallait s’y attendre, le président de la Banque africaine a nié en bloc les accusations dont il fait l’objet. Akinwumi Adesina a dénoncé une cabale contre lui en vue d’empêcher sa réélection à la tête de la Bad dans quelques mois. Blanchi par le comité d’éthique de l’institution, le nigérian est loin d’avoir été tiré d’affaires. Principal actionnaire de la Banque, les Etats-Unis ont exigé la tenue d’une nouvelle enquête, après avoir émis quelques réserves sur les conclusions du comité d’éthique.

«Je suis très fier d’être président de la Banque africaine de développement. Ces accusations ne sont que des accusations. Ce sont des mensonges, des choses que les gens disent. On m’attaque parce que nous sommes dans une période de réélection, de tous ces politiques-là… Ce sont des mensonges. Je respecte les règles à 100 %, et je récuse ces accusations à 100 %.», déclarait le président de la Bad lors d’un entretien accordé à nos confrères de Rfi. Après les révélations des lanceurs d’alerte, le comité d’éthique a tout naturellement ouvert une enquête. Akinwumi Adesina a été blanchi par le comité d’éthique, ce qui n’empêchera pas la tenue d’une nouvelle enquête : «Le président soupçonné de corruption et de favoritisme. Une commission d’enquête indépendante sera constituée pour pencher sur des accusations, contre le président de la BAD, de recrutements de ses proches à qui « d’excessives rémunérations » étaient accordées et pour « attribution de marchés à ses proches, en violation des règles » de l’institution financière africaine. La décision a été prise hier mardi, au siège de la Banque Africaine de Développement à Abidjan, par le « bureau du Conseil des gouverneurs » composé de la Côte d’Ivoire, de l’Argentine et de la Namibie. Cette décision fait suite à une première enquête en interne sur les mêmes allégations. Conduite par le « comité d’éthique » de la Banque, elle avait conclu que ces accusations, formulées documents à l’appui par des sources anonymes à l’intérieur de la Banque, n’étaient pas fondées. Mais les Etats-Unis, un des gros actionnaires de la BAD, ont exigé une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur cette affaire, estimant notamment que le « comité d’éthique », un organe interne, n’était peut-être pas assez souverain pour investiguer sur le patron de la Banque Africaine de Développement.», révèle le journaliste africain Said Penda.

L’intervention américaine qui a tout changé

«Mis en cause, le Nigérian Akinwumi Adesina a toujours soutenu qu’il s’agissait d’une simple cabale conduite par ceux qui veulent l’empêcher de rempiler, à trois mois de l’élection du président de la BAD. Mais ses détracteurs affirment que les preuves accumulées contre lui sont irréfutables, et qu’il s’agirait de préserver la réputation de la Banque en empêchant la réélection d’un président à la moralité douteuse. N’eut été la ferme injonction des USA, il semble que les dirigeants Africains avaient décidé de classer, sans d’autres suites, ces graves accusations de mauvaise gestion du président de la BAD.», révèle le journaliste africain. A quelques mois de l’élection du futur président de la Bad, l’ouverture d’une nouvelle enquête indépendante pourrait compromettre la candidature d’Adesina.

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