Les gendarmes, autant que les policiers et les militaires, sont régulièrement la cible de populations mécontentes. Soubré, Katiola, Bloléquin, M’Bahiakro sont quelques-unes de ces villes où les habitants se sont attaqués aux homes de l’armée nationale.
Hier dans la soirée, des sapeurs-pompiers ont été tabassés par la population dans la commune d’Abobo. Alors qu’ils venaient au secours d’un citoyen en détresse, les pompiers ont été agressés et l’un d’entre eux copieusement molesté par un groupe de personnes très surexcitées. Cette violence a été très préjudiciable pour la victime de l’incendie.
Une sollicitation 24H/24
Les sapeurs-pompiers de Côte d’Ivoire sont débordés ces derniers mois par une série d’incendies à travers tout le pays. Jusqu’à présent, les causes de ces feux ne sont toujours pas connues, même si les enquêteurs tentent, tant bien que mal, d’apporter quelques lumières. L’incendie le plus notable, ces jours-ci, est celui d’Agboville, survenu le weekend dernier. Les combattants du feu du secteur d’Abobo, également, ne ferment plus l’œil de la nuit. Hier jeudi, alors qu’ils étaient en intervention à Abobo Anador, pour un feu de chambre, ils ont dû se dépêcher afin de rallier Abobo Akekoi où un autre feu emportait une maison. Ayant décollés à 19H51 d’Abobo Anador, deux engins du Groupement des Sapeurs-Pompiers arrivent sur les lieux à 19H10. Ils n’ont donc mis que 20 minutes à peu près pour parcourir la distance qui les séparait du lieu du sinistre.
La population s’en prend aux agents du feu
Malheureusement ce sprint n’est pas suffisant pour la population qui manifestera son désapprobation d’une manière violente. Sans doute jugeant le timing trop lourdaud, des badauds énervés s’en sont pris aux sapeurs-pompiers. Le premier pompier qui a mis pied à terre est aussitôt immobilisé par la foule puis battu. Pendant ce temps, son coéquipier, resté à l’abri tentait à la fois de sécuriser les engins et d’appeler du renfort. La foule surexcitée avait commencé aussi de caillasser les véhicules du GSPM. Le sapeur-pompier resté à l’abri, le chef du détachement a-t-on appris, est parvenu à sauver les engins et à joindre les secours. Ceux-ci sont arrivés dare-dare pour tirer le deuxième pompier des mains de ses bourreaux. Ces moments extrêmement chauds ont laissé des traces regrettables.
Des conséquences qu’on aurait pu éviter
Le sapeur-pompier s’en est sorti, fort heureusement, qu’avec quelques contusions et des égratignures. Il n’y a donc pas eu de pertes en vies humaines, grâce notamment à la promptitude et au professionnalisme du chef de département. Du côté du matériel, le bilan est plus sévère avec un pare-brise et la vitre latérale côté conducteur endommagés. Il faut également ajouter le rétroviseur côté conducteur cassé et une tôle enfoncée à l’avant du véhicule. Pour ne pas subir davantage la colère des résidents de ce quartier, les agents du GSPM ont préféré s’éclipser, laissant le requérant en pleurs et sa maison en feu.
C’est le moment d’interpeller l’ensemble de la population ivoirienne sur ces actes d’incivisme intolérables. Les forces de l’ordre et de sécurité font leur possible pour venir en aide aux populations ivoiriennes. Elles ne sont en aucun cas responsables des malheurs qui nous accablent. Elles font de leur mieux, avec les moyens qu’elles ont, et le moins qu’on puisse faire c’est de les féliciter pour leur professionnalisme et leur bravoure. L’Etat doit aussi trouver une solution urgente à cette flambée de violence sur l’ensemble du territoire nationale. La solution réside peut-être moins en un cortège de sanctions, parfois trop ciblées, qu’en un dialogue national pour installer à nouveau la confiance entre les habitants et leurs autorités.