Affaire Nordahl Lelandais – Si les avocats passent parfois pour des monstres lorsqu’ils décident de défendre certains clients présentés comme des criminels, le quotidien de l’homme qui assure la défense de l’ancien militaire de 36 ans semble être encore plus difficile. Deux ans qu’il essaie d’assurer contre vents et marées la défense du présumé meurtrier de la petite Maëlys et du caporal Arthur Noyer. Dans les débuts de l’affaire Maëlys, Me Alain Jakubowicz s’était engagé à prouver l’innocence de son client. Mais les choses changeront avec le temps, notamment lorsqu’il recevra en février 2019 un rapport d’expertise confirmant des traces de sang de la fillette dans le coffre de la voiture de son client.
Me Alain Jakubowicz est l’avocat chargé d’assurer la défense de l’ancien militaire de 36 ans, présumé meurtrier de la fillette de huit ans dénommée Maëlys. Il y’a quelques jours, paraissait le nouveau livre du conseil de Nordahl Lelandais aux éditions Plon, un livre dans lequel il consacre un long chapitre à l’affaire Maëlys. Le conseil de l’ancien militaire y raconte notamment son quotidien depuis qu’il a décidé de prendre la défense de l’homme soupçonné du meurtre d’une fillette de huit ans il y’a deux ans, lors d’une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin. Menaces et insultes sont depuis plus d’un an le quotidien de l’ancien président de la Licra, l’homme qui avait par le passé défendu le criminel de guerre allemand Klaus Barbie. En dépit des charges qui pèsent contre son client, l’ex-militaire reste persuadé qu’aucun humain n’est un monstre, précisant au passage qu’un ‘‘être humain peut commettre des monstruosités’’.
L’optimisme qui animait Me Alain Jakubowicz, avocat de Nordahl Lelandais, au début de l’affaire Maëlys, reste-t-elle toujours aussi forte ? Pour en avoir le cœur net, il faudrait explorer quelques lignes du nouvel ouvrage de l’homme qui assure la défense de l’ancien militaire de 36 ans, présumé coupable du meurtre de Maëlys et aussi du caporal Arthur Noyer la même année, avec quelques mois d’intervalle. Dans son ouvrage, Me Alain Jakubowicz révèle qu’il se fixait pour objectif, comme tout bon avocat, d’acquitter Nordahl Lelandais, principal suspect dans la disparition de la fillette de huit ans il y’a deux ans : «Au début, un péché d’orgueil a fait naître ma volonté d’acquitter Nordahl Lelandais», confie-t-il dans son livre paru aux éditions Plon il y’a seulement quelques jours. Mais tout va basculer dans les mois à venir, plus précisément en février 2018, peu de temps avant les révélations de l’ancien militaire dans la disparition de la petite Maëlys : «Ma collaboratrice entra dans mon bureau, livide, tenant à la main des pièces du dossier qu’on venait de recevoir », se remémore-t-il avant d’ajouter : « Toujours sans prononcer un mot, elle me tendit un rapport d’expertise scientifique qui venait d’être versé au dossier. Une minuscule trace de sang avait été trouvée dans le coffre de la voiture de Nordahl Lelandais… Ma collaboratrice m’observait. Nous nous regardâmes. Silencieux. Des larmes me montèrent aux yeux. La tristesse l’emportait sur la fureur… Je me sentais subitement seul, terriblement seul, face à un obstacle que je me sentais incapable de surmonter… J’étais entré dans ce dossier avec la volonté de faire triompher la vérité, seul contre tous, mais celle-ci allait triompher de moi et je me retrouvais seul contre tous», a rapporté le conseil de l’ex maître-chien. S’il avait ressenti à ce moment-là une envie de tout laisser tomber, Me Jakubowicz a continué et continue encore toujours d’assurer la défense de Nordahl Lelandais, sans pour autant ignorer la douleur que ressentent les parents de la fillette assassinée il y’a deux ans.
Aucun humain n’est monstre
«Aucun être humain n’est un monstre, un être humain peut accomplir des monstruosités. Vous ne fréquentez pas un être humain impunément pendant des années. Evidemment que vous voyez en lui la part d’humanité, évidemment que lorsque vous êtes confrontés dans l’isolement d’un petit bureau dans une maison d’arrêt, vous voyez l’homme, sans oublier ce qu’il a fait.», a rapporté l’avocat de l’ancien militaire de 36 ans.