Couvre-feu : 4 militaires ivoiriens interpellés pour violence et corruption

Kohan Kioshiko

Etat d’urgence en Côte d’Ivoire – Face à la pandémie du Coronavirus, le président ivoirien Ouattara Alassane a décrété le mois dernier l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire national. A cette occasion, un couvre-feu a été instauré sur l’ensemble du territoire national depuis le 24 mars dernier. Les premiers jours de cette mesure exceptionnelle ont été difficiles pour certains pris au piège pour diverses raisons. Pour non-respect de cette mesure, certains individus ont subi des violences policières, auxquelles il faut ajouter quelques cas de racket.

L’instauration d’un couvre-feu en Côte d’Ivoire figure parmi les décisions prises par le président Ouattara pour freiner l’avancée de l’épidémie de coronavirus sur le territoire national. Si la majorité des ivoiriens ont respecté cette mesure d’urgence annoncée par le chef de l’Etat, certains ont en revanche eu du mal à s’adapter à ce changement. Dans son bilan quotidien, la police rapporte régulièrement des cas d’interpellations de personnes n’ayant pas respecté le couvre-feu. Mais les premiers jours de cette mesure d’urgence ont été un calvaire pour certains qui se sont fait prendre par la police. Des vidéos de violence policière diffusées sur la toile ont suscité l’indignation de nombreux ivoiriens. Face aux nombreuses plaintes sur l’attitude des forces de l’ordre, une enquête a été diligentée par le tribunal militaire d’Abidjan sur ces cas de violence commises par les forces de l’ordre sur les civils durant les heures de couvre-feu. L’enquête du Procureur militaire a fini par porter ses premiers fruits. Le tribunal militaire d’Abidjan vient d’annoncer l’interpellation de quatre militaires ivoiriens reconnus coupables de violences sur civils pendant le couvre-feu, mais aussi coupables de corruption.

«Le parquet du Commissaire du Gouvernement a été saisi ce weekend suite à une information de ce que des habitants de Pascalkro et d’Amedekro, deux campements baoulé de la sous-préfecture de Guehiebly dans le département de Duekoué ont été molestés par des éléments des FACI pour non-respect du couvre-feu et que la somme d 5millions leur avait été soutiré le samedi 11 avril 2020. Ces éléments étaient sous les ordres du Sgt/chef YÉO C. chef du détachement du Bataillon de Sécurisation de l’Ouest (BSO) basé dans cette sous-préfecture. Les autorités militaires de cette zone ainsi que le sous-préfet se sont rendus le lendemain des faits dans ces campements pour vérifier l’information. Ces faits se sont avérés exacts, attestés par le chef des opérations qui a reconnu les faits d’extorsion de fonds. Le chef du parquet militaire saisi a qualifié ces faits d’assez graves. Le Commissaire du gouvernement dans sa lutte contre l’impunité reste inflexible sur les infractions telles que le racket, l’escroquerie.», rapporte le tribunal militaire d’Abidjan dans un communiqué. L’interpellation de ces quatre éléments des forces de l’ordre a suscité un sentiment de joie chez certains ivoiriens qui se plaignaient de l’attitude de certains hommes en tenue durant la mesure du couvre-feu. Ceux qui avaient le malheur de se faire prendre par les forces de l’ordre pour non-respect du couvre-feu se voyaient infliger souvent des humiliations filmées, lorsqu’ils n’étaient pas victimes de violences commises par les forces de l’ordre. Le Procureur militaire Ange Kessi s’est donc saisi de cette affaire, lui qui lutte pour une armée moderne au service de la population.

Halte aux violences policières

«Dans son message à la nation, le Président de la République a décrété l’État d’urgence puis un couvre-feu de 21h à 5h du matin. Ces mesures sont entrées en vigueur depuis hier mardi 24 mars. Le premier constat que l’on peut faire c’est que le couvre-feu a été respecté dans l’ensemble par la population ivoirienne. Malheureusement, certaines personnes ont été prises au piège de ce couvre-feu et ont été violentées par la police. Les images de ces violences policières inouïes ont fait le tour de la toile. Des personnes bastonnées, d’autres humiliées et traînées dans la boue. Je voudrais indiquer que la police a d’abord et avant tout une mission de sensibilisation de la population.», s’insurgeait Zadi Gnagna, président de la plateforme syndicale.

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