Condamnation de Yodé et Siro – Convoqués la semaine dernière après un spectacle donné dans la commune de Yopougon, le duo musical s’est finalement retrouvé devant la justice. A l’issue du procès, les deux chanteurs ont été condamnés à 12 mois de prison avec sursis, sans oublier qu’ils ont écopé d’une lourde amende de 5 millions de Francs Cfa chacun. Pour le président du Cpr, les deux chanteurs ivoiriens ont tout simplement fait montre de leur engagement politique en accusant le Procureur de la République de poursuivre un seul camp.
L’affaire opposant les chanteurs Yodé et Siro a alimenté l’actualité ivoirienne dans le courant de la semaine dernière, et cela pour plusieurs jours. Au cours d’un spectacle dans la commune de Yopougon, dans un maquis de la place, les deux artistes ivoiriens n’ont pas hésité à s’en prendre au Procureur de la République, reprochant à ce dernier d’engager des poursuites contre un seul camp, après les violences qui ont émaillé la récente présidentielle, des violences nées de l’appel à a désobéissance civile lancée par plusieurs figures de l’opposition ivoirienne. Après une première audition à la brigade de gendarmerie, les deux chanteurs se sont retrouvés au tribunal du Plateau. Les soutiens, tant au niveau politique que culturel, ont foisonné de partout. Henri Konan Bédié, actuel chef de file de l’opposition ivoirienne, a même mis à la disposition des deux chanteurs, ses avocats, pour leur défense lors de leur procès. Contrairement à certains opposants qui ont soutenu le duo zouglou, Doumbia Major, président du CPR, a lui plutôt dénoncé l’attitude des deux artistes ivoiriens durant leur spectacle dans la commune de Yopougon.
Pour Doumbia Major, le président du CPR, il n’y a aucun doute à se faire sur la nature du combat menée par Yodé et Siro à travers leurs chansons : «Ces deux chansonniers qui en réalité sont des soldats tribaux et prédicateurs de la haine, ont été condamnés ; c’est la preuve que ce qu’ils ont dit est faux. Mais il faut attirer l’attention sur le fait qu’ils sont engagés dans une démarche et une stratégie insurrectionnelle globale, dans laquelle ils jouent leur partition. Leur affirmation mensongère s’inscrit dans une stratégie d’incitation à haine et à la révolte , dans un but de renforcer la désobéissance et la défiance des citoyens vis à vis de l’autorité de l’État. Cela s’inscrit dans la continuité du mot d’ordre de désobéissance civile qu’il faut renforcer, continuer et justifier. Pour cela il faut delégitimer et discréditer les institutions de la République telles que le président qui est présenté comme un hors la loi (le président lui-même ne respecte pas la loi), et la justice qu’il faut présenter comme partisane, aux ordres d’un groupe ethnique, et qui serait instrumentalisée et utilisée pour persécuter d’autres groupes ethniques ( « Le procureur n’est plus procureur de la République » il est le procureur contre un camp éthnique).», a lancé le président du congrès panafricain pour le renouveau.
Des propos diffamatoires à l’endroit du Procureur
«Sinon nous savons tous que le procureur recherche tous ceux qui ont posé des actes criminels, à la suite de l’appel à la désobéissance civile, partout où des troubles ont eu lieu. Ces poursuites et enquêtes ne sont pas ciblees uniquement sur les villages baoules et ne concernent pas uniquement les petits baoule. Dire cela est un mensonge, mais c’est un mensonge qui est dit dans un but conscient et prémédité de manipulation tribale et dans le but d’attiser, de renforcer et de creuser d’avantage la haine ethnique. Même à Yopougon, qui est loin d’être un village baoulé, la justice recherche des gens, sans présager de leur groupe ethnique ( sans qu’on sache à l’avance de quelle ethnie sera le malfrat ). On recherche les gens pour leurs crimes et délits et non pour leur ethnie. Dire que le procureur ne recherche que les petits baoule pour les mettre en prison, est non seulement diffamatoire, mensonger», souligne le président du CPR.