Mouvements sociaux en France – C’est le jeudi 5 décembre que des dizaines de milliers de français descendront dans les rues pour protester contre la réforme des retraites. Si la pression est montée d’un cran, le gouvernement n’entend pas renoncer à cette réforme et prévoit déjà de faire face à la grande mobilisation attendue pour ce jeudi. Les syndicats qui souhaitent envoyer un signal clair à Macron tablent sur une mobilisation plus importante que celle du 13 septembre dernier.
La grève du 5 décembre à la SNCF mettra le gouvernement face à une nouvelle épreuve. Après une première journée de mobilisation qui avait quasiment paralysé toute la ville de Paris le mois dernier, les principaux syndicats de travailleurs ont appelé à de nouvelles journées d’actions contre cette réforme des retraites qui devrait déboucher sur la fin des régimes spéciaux, si elle était adoptée en l’état actuel. La tension est déjà palpable dans les discours avant cette journée de mobilisation inédite. Outre les salariés de la Sncf, des agents de l’administration publique française devraient rejoindre le cortège des manifestants ce jeudi 5 décembre. La situation sera encore beaucoup plus difficile pour les usagers de la compagnie ferroviaire, puisque le trafic sera fortement perturbé à compter de la journée du cinq décembre. Rappelons que la manifestation pourrait s’inscrire dans la durée, puisque certains syndicats se sont montrés favorables à la prolongation de la grève, pour une durée illimitée.
La grève à la SNCF du 5 décembre sera-t-elle l’une des plus importantes décrétées par la compagnie ferroviaire ces dix dernières années ? Devant l’insistance du gouvernement à conduire la réforme des retraites, les syndicats ont décidé d’adopter également le ton de la fermeté. Si la journée du jeudi sera marquée par une mobilisation inédite, le gouvernement n’entend pas pour autant renoncer à la suppression des régimes spéciaux de retraites : «On a du mal à comprendre pourquoi l’Etat verse chaque année 8 milliards d’euros – sur nos impôts ! – pour les équilibrer… Si l’objectif de la grève est de nous faire renoncer à la réforme, ce sera difficile de trouver un compromis… s’il s’agit de préciser certains points, d’intégrer des revendications légitimes ou de mettre en place des calendriers de transition adaptés, le premier ministre a dit que sa porte était ouverte», a rapporté Gerard Darmanin. Avant la date fatidique de cette grève à la Sncf, les réservations de train ont été bloquées plusieurs jours à l’avance. Pour l’heure, difficile de savoir si le service minimum sera assuré par les grévistes. S’il se dit très attaché au droit à la grève, Gerard Darmanin est en revanche opposé à l’idée d’une prise en otage des français pendant plusieurs semaines, lors de cette grève contre la réforme des retraites : «Cela dit, je ne voudrais pas non plus d’une prise en otage des usagers pendant plusieurs semaines qui empêcherait de produire, de créer, de vivre». Malgré le signal fort que comptent envoyer les syndicats au gouvernement, ils souhaitent avant tout aller à des négociations sur certains points essentiels de cette réforme. Cette grève du 5 décembre pourrait être plus courte que prévue, si le gouvernement retournait à la table des négociations avec les grévistes. Mais surtout si les négociations débouchaient sur un consensus autour de la réforme annoncée par Emmanuel Macron, «une grande réforme qui doit permettre la création d’un système universel, plus juste, plus solide, plus adapté aussi au monde du travail», estime le président français.
Une mobilisation encadrée
C’est une certitude, la grève du 5 décembre mobilisera du monde, raison pour laquelle le ministre de l’intérieur insiste sur la nécessité d’un meilleur encadrement de la manifestation, pour éviter des scènes de pillages : «Comme pour toute manifestation, on peut craindre que des casseurs et des “gilets jaunes” radicalisés s’en mêlent. Mais il faut aussi rappeler la responsabilité des organisations syndicales, elles ont un vrai savoir-faire. Elles se sont d’ailleurs engagées à mobiliser beaucoup de monde dans la gestion du service d’ordre. La préfecture de police prépare cela avec elles.», rapporte Castaner.