Pas d’Afrique centrale d’une superficie totale de 267.667 Km², le Gabon compte à ce jour au moins 1.725.290 habitants qui parlent près de cinquante langues locales.
Cependant toutes les langues n’ont pas le même statut. Certaines sont classées langues nationales quand d’autres ne le sont pas ou le sont moins. L’Eshira est justement un dialecte qui ne jouit pas de ce statut de groupe. Néanmoins il est assez remarquable pour mériter une tribune.
L’Eshira est une langue de seconde catégorie du Gabon derrière des idiomes comme le Fang, le Tio ou le Kongo. Nous avons jugé bon de nous pencher sur ses caractéristiques essentielles de manière à avoir une idée d’un de ces dialectes dits mineurs.
Quelle est l’histoire de la langue Eshira
L’Eshira est une langue du Gabon qui compterait au moins 200.000 locuteurs parmi la population nationale. Elle est principalement employée dans les régions côtières du pays, dans la forêt et les prairies du sud de l’Ogooué et à l’ouest de son affluent, la Ngounié. Certaines communautés vivraient également en République du Congo. L’Eshira est parlée par un peuple du même nom qui serait originaire du bassin du Congo. Au début de leur histoire les Eshiras vivaient, dit-on, plus à l’est, mais des guerres contre des groupes ethniques comme les Akélés, au XVIIIe siècle, les obligèrent à migrer dans la zone actuelle où l’on les trouve. Les Eshira se seraient rendus célèbres par leur trafic d’esclaves, leur tabac et leurs vêtements en raphia. Les Eshira parlent l’Eshira, aussi appelée Sira, mais souvent ils utiliseraient le Punu pour communiquer. De fait l’Eshira serait une langue mère du Punu qui s’est émancipée, au fil du temps, de la souche principale. Ainsi l’Eshira apparait linguistiquement très proche du Punu, du Ngowe, du Bavarma, du Woumbou, du Baloumbou, du Babuisi et du Massango.
Exerçons nous un peu à l’Eshira
L’Eshira partage quelques notions avec le Punu et ce n’est pas une coïncidence, il partage les mêmes origines. Ici nous vous proposons quelques mots pour aiguiser votre curiosité afin de vous référer à des plateformes plus expansives en la matière :
La pirogue : Bwatu
Une serviette : Tulu
Un verre : Gilasi
Le riz : Mulesi
Jour : Wizi
Ciel : Yulu
Pluie : Mvulu
100 : Kama
Ecriture et origine lexicale
Comme la plus part des langues du Gabon et de la région, l’Eshira est une langue bantoue. C’est une langue fortement orale qui n’a eu de forme écrite qu’avec les premiers travaux des colons pour simplifier la communication avec les peuples qu’ils découvraient notamment pour des besoins de commerce. Ainsi les premières tentatives pour donner une certaine écriture à l’Eshira fut l’œuvre des missionnaires français ou anglais qui atteignirent le golfe de Guinée. Ceux-ci ont essayé d’adapter l’Eshira à l’alphabet latin standard avec ses vingt consonnes et six voyelles. Mais après l’indépendance, plus précisément en 1978, l’invention de l’alphabet des langues gabonaises s’imposa comme une référence notamment parce qu’il ajoutait à l’alphabet latin des sons typiquement Eshira, mieux, gabonais. Voici comme déjà présenté l’alphabet des langues gabonaises :
Voyelles : a, e, è, i, o, ȯ, u, ü
Consonnes : b, c, ĉ, ꞓ, d, f, g, ġ, h, j, k, l, m, m̃, ñ, ṅ, p, q, r, ṙ, s, t, w, ẅ, x, y, z