Un fait particulièrement insolite se serait produit le dimanche jour de la célébration du ramadan, dans une localité du nord de la Côte d’ivoire.
En Afrique la vie est sacrée et la mort est perçue comme une volonté ultime de Dieu, le seul à donner la vie et à la reprendre comme bon lui semblerait. Ainsi les malinkés disent : « Allah lo ka di, Allah lo ka ta » ce qui signifie « C’est Dieu qui a donné, c’est Dieu qui a repris ». Ainsi la mort est vue comme une décision venant du Père très haut. Alors comment qualifier ce qui s’est produit ce dimanche à Bouna une ville du nord-est de la Cote d’ivoire ?
Un fait extraordinaire se serait déroulé en ce jour dominical réservé à la célébration du ramadan. Un homme admis à l’hôpital aurait fait un vœu surprenant et presque jamais observé sous nos cieux, en tout cas officiellement. De quoi s’agit-il au fait ?
L’euthanasie une pratique nouvelle presqu’étrangère
L’euthanasie est une pratique polémique en France depuis quelques années, dressant d’une part les farouches défenseurs de la vie et d’autre part les partisans d’une cessation des souffrances. Le cas le plus révélateur est celui de Vincent Lambert dont l’affaire date de 2008. Depuis 2008, à la suite d’un accident, il vit dans le coma, mais sa famille refuse d’abroger sa souffrance quand l’Etat le préconise pour réduire les charges et éviter la souffrance au malade. Donner la mort à autrui sur décision personnelle ou familiale est donc une pratique qui dérange, mais plus encore en Afrique ou les croyances sont plus conservatrices sur l’idée de mort attribuée à Dieu. Aucun homme, qui a reçu la vie comme un cadeau de Dieu, n’a le droit de la reprendre. Et pourtant un homme signalé à Bouna aurait demandé l’euthanasie aux médecins qui s’occupaient de lui.
Un malheur au bout du ramadan
L’homme s’appellerait Dah, un habitant de la ville de Bouna située au nord-est de la Côte d’ivoire. Les faits se seraient passés le weekend de la fête de ramadan, consacrant la fin du jeun musulman. L’homme a été victime d’un grave accident de moto alors qu’il se déplaçait dans la ville. Immédiatement il aurait été évacué à l’hôpital de ladite ville pour subir des soins intensifs. Selon les informations recueillies auprès des populations, l’homme répondant au nom de Dah, serait un cultivateur de la région. Le malheur vient donc de s’abattre sur cet homme dont la profession a été engagée, il y a quelques mois, dans un conflit meurtrier avec les éleveurs de la région accusés de nuire à leurs cultures avec leurs bétails voraces. Ainsi l’homme très mal en point a été transféré à l’hôpital central de la ville pour y subir des soins. C’est sur les lieux que l’homme prend une décision radicale.
L’homme plaide pour l’euthanasie auprès des médecins
Contre toute attente, alors que tout le monde s’attend à ce qu’il lutte contre la grande faucheuse, le blessé invoque l’euthanasie c’est-à-dire qu’il veut qu’on mette fin à sa vie. Décision à laquelle les hommes en tenues blanches opposent une fin de non-recevoir. Sans doute dans une sorte de délire mortuaire qui rappelle Fama dans Soleil des Indépendances d’Ahmadou Kourouma, Monsieur Dah entrevoit la mort comme seule issue de sa souffrance. Malheureusement pour lui les médecins ne sont pas du même avis d’autant que pratique n’est pas encore inscrite dans la loi fondamentale de la République ivoirienne. C’est donc normalement que les médecins continuent à lui procurer les soins adéquats. Mais en fait la décision de l’homme serait due à une crainte peut être compréhensible mais non valable.
L’accidenté ne veut pas être un poids pour les siens
La raison évoquée par l’infortuné pour subir l’euthanasie est qu’il redoute de représenter un poids pour ses parents après sa sortie d’hôpital. Sans doute un peu trop pessimiste, Monsieur Dah n’entrevoit pas de retrouver une vie normale même s’il échappe à la mort. Ainsi il estime qu’il serait peut-être cloué sur une chaise et de ce fait constituera lourde charge pour sa famille qui devra désormais s’occuper de lui jusqu’à ses intimités. L’accidenté se préoccupe donc plus de la souffrance qu’il infligera à sa famille plus qu’à son propre salut. Malheureusement pour lui l’euthanasie n’est pas encore autorisé en Côte d’ivoire par conséquent son plaidoyer ne recevra pas l’aval des autorités médicales.
La demande stupéfiante de monsieur Dah fera peut-être cas jurisprudence en Côte d’ivoire puisqu’une telle demande n’a officiellement jamais été enregistrée chez nous. Vu que la question est d’actualité en Occident depuis quelques années, l’on se demande si Monsieur Dah ne vient pas de mettre la question à l’ordre du jour. Mais connaissant les croyances locales et les mentalités durement ancré, l’on entrevoit bien une bataille féroce pour faire accepter cette pratique.