La limitation des mandats présidentiels réintégrée dans la nouvelle constitution
En Algérie, la présidence à vie a été abrogée le dimanche 7 février par les parlementaires à l’issue d’une session extraordinaire. La nouvelle constitution a été adoptée par 499 députés sur les 606 représentants du peuple avant d’être à son tour approuvée par 144 sénateurs algériens. C’est la troisième réforme constitutionnelle qui se tient sous le mandat d’Abdelaziz Bouteflika, après celles de 2002 et 2008. L’un des textes qui retient l’attention de l’opinion publique et internationale sans le moindre doute l’article 74 qui stipule que « la durée du mandat présidentiel est de cinq (5) ans. Le président de la République est rééligible une seule fois ». Le président algérien revient ainsi à la limitation du nombre de mandats à la tête, une mesure qu’il avait aboli lors de son arrivée au pouvoir en 1999. Mais les dessous de cette révision des lois cachent d’autres réalités plus sinistres.
Le rêve brisé du mandat illimité
A la faveur du vent de révolution arabe qui avait frappé tous les états du Maghreb en 2012, le président algérien a lui aussi eu droit à son lot de contestation populaire. Des voix s’étaient élevées pour protester contre son éligibilité à vie. Suite aux pressions de la rue et de la communauté internationale, Abdelaziz Bouteflika s’était engagé à limiter le nombre de mandats présidentiels possibles en Algérie. Quatre ans plus tard, le chef d’état actuellement âgé de 78 ans et très en point physiquement à cause de la maladie instaure à nouveau dans la constitution du pays le texte dont l’abolition pendant son premier quinquennat avait suscité de vives polémiques et l’indignation des partis d’oppositions.
Une réforme taillée sur mesure
Même si la communauté internationale a salué l’amélioration du jeu de l’alternance démocratique mise en œuvre par Bouteflika, l’opposition reste tout de même sceptique sur le bien-fondé de cette révision pour le pays. L’ex premier ministre algérien Ali Benflis a été très critique à l’égard de cette nouvelle réforme qu’il juge comme « comme un coup de force constitutionnel pour régler les seuls problèmes du régime en place et non ceux du pays ». Regrets du côté d’Amnesty International car la nouvelle constitution tourne une page sombre de l’Algérie non élucidée dans les années 90 où plus de 200.000 personnes avaient trouvé la mort.
L’article 51, sujet de toutes les controverses
Le nouveau projet constitutionnel adopté dimanche par les députés suscite une colère noire de la diaspora algérienne. L’article 51 de la nouvelle constitution interdit à tout algérien bénéficiant de la double nationalité de briguer des postes clés au pays. Cela les empêche systématiquement d’être candidat à la présidence ou à d’autres fonctions de responsabilité. Les réactions en dehors du pays ne se sont pas fait attendre. L’élue franco-algérienne Chafia Mentalecheta s’est insurgée contre cette mesure qui, selon elle les érige au rang de ‘‘citoyens douteux’’.