« L’Actualités Africaines » : comment traiter l’information aujourd’hui ?

Kohan Kioshiko

Comment avoir la bonne information lorsqu’il s’agit de l’ »actualité africaine » ? La question se pose d’autant plus que certains médias du continent sont connus pour leur prise de position en faveur de certains hommes politiques. En Côte d’Ivoire par exemple, l’info livrée dans la presse sur papier comme en ligne est bien souvent traitée de manière diverse. La même information peut donner lieu à diverses interprétations d’un média à l’autre. Le quotidien ivoirien Le Patriote, connu pour sa proximité avec le pouvoir en place, ne livre que des nouvelles moins compromettantes pour le régime, du moins dans la plupart des cas. Les journaux de l’opposition dit journaux bleus obéissent eux aussi à la même logique, à savoir livrer des informations moins compromettantes pour les leaders d’opposition. Le lecteur qui est tout naturellement à la recherche de l’info vrai se retrouve donc confronté souvent à deux versions pour un même fait. Dans un tel cas de figure, il n’est pas toujours évident pour ce dernier d’avoir l’information vrai, surtout que les fakes news gagnent de plus en plus de terrain en Afrique.

Aujourd’hui, les actualités africaines sont quasiment à la portée de tous et de toutes. Grâce à l’accès à l’internet dans plusieurs régions reculées du continent, l’information en temps réel devient de plus en plus une réalité en Afrique. Depuis son smartphone, l’on a désormais la possibilité d’avoir une panoplie d’informations grâce à l’émergence de la presse en ligne sur le continent africain. Parmi les médias africains les plus suivis, nous pouvons citer le site ivoirien Koaci qui se classe parmi les plateformes d’actu les plus visités par les ivoiriens. En Côte d’Ivoire, le portail Abidjan.net est aussi considéré comme un leader de l’actualité en temps réel. S’il est aujourd’hui facile d’avoir accès à l’actualité africaine en quelques clics sur son téléphone ou son ordinateur, il n’est pas toujours facile pour le lecteur ou l’internaute en quête de vérité de tomber sur l’info vrai. Les médias en Afrique, que ce soit la presse papier ou en ligne, perdent au fil du temps leur objectivité, du moins pour certains. Pour cause, aujourd’hui de nombreux journaux africains sont accusés de tenir uniquement des propos élogieux et apologétiques à l’égard d’une personnalité politique ou d’un régime. Même les grands journaux du continent africains ne sont pas épargnés par ces critiques. L’actualité africaine est donc souvent sujette à diverses interprétations d’un média à l’autre. Dans une telle situation, il revient donc au lecteur de traiter l’information afin d’y faire ressortir la vérité. Mais cette tâche semble beaucoup plus facile à dire qu’à faire, car la confrontation des informations demande énormément de ressources. Avec l’accès aux réseaux sociaux, l’information africaine est désormais accessible depuis Facebook, mais là encore, l’internaute doit faire énormément attention aux fake news. Car les réseaux sociaux sont devenus un canal de propagande des fausses nouvelles. Par exemple, le footballeur Samuel Eto’o avait même été accusé il y’a quelques mois par un site people ivoirien d’avoir eu des relations extraconjugales. Mais le footballeur est monté au créneau pour dénoncer cette calomnie, annonçant qu’il se réservait le droit de lancer des poursuites judiciaires contre l’administrateur de ladite page. Aussi, rappelons que certaines informations sont diffusées sur les réseaux sans que les sources ne soient connues. Et hélas, ces actualités du continent sont souvent considérées comme des infos objectives par certains. Le traitement de l’information en Afrique est donc un impératif pour toute personne souhaitant s’enquérir de la vérité sur une situation.

Traitement de L’actu en Afrique de l’ouest

L’actualité en Afrique de l’ouest est aujourd’hui traitée par divers médias, la presse locale comme la presse internationale. Les grands journaux français s’intéressent bien souvent à des faits d’actu majeure sur le continent, comme le procès des putschistes au Burkina Faso par exemple. Les médias français suivent aussi de près une affaire qui fait la une de l’actualité de la sous-région ouest africaine. L’enquête sur la mort du capitaine Thomas Sankara, ancien chef d’état du Faso tué en 1987 lors d’un coup d’état, est une affaire particulièrement suivi en France, aussi bien par les médias que les hommes politiques. En plus des médias français qui scrutent de près, les gros médias en ligne comme Jeune Afrique suivent aussi avec une attention particulière cette enquête qui commence enfin à bouger après plus années de stagnation. Mais le traitement de cette actualité en Afrique de l’ouest dans les médias donne lieu souvent à diverses interprétations. Les médias locaux qui tout naturellement suivent l’affaire font pour certains déjà un procès à l’ancien dirigeant du Faso. Plusieurs médias affirment sans le dire directement que l’ancien dirigeant du Faso serait impliqué dans l’assassinat du capitaine Sankara. Mais les enquêtes en cours pour l’heure n’ont pas encore incriminé ou même en accusation l’ex-président du Faso. Sa comparution devient de moins en moins évidente car l’ancien dirigeant du Faso, installé à Abidjan depuis sa destitution en 2014 suite à un soulèvement populaire, est depuis quelques années naturalisé ivoirien. Mais les grands médias africains qui suivent cette affaire l’observent avec une plus grande objectivité, évitant de faire à l’avance un procès à l’ancien président, car à ce jour aucune preuve de sa supposée implication dans la mort de Thomas Sankara n’a été officiellement dévoilée, même si de nombreux burkinabè soutiennent avec force cette hypothèse. Les informations officielles se faisant de plus en plus rare dans cette enquête, certains s’en tiennent désormais aux révélations des médias locaux, des informations qui ne sont toujours pas forcément confirmées par voie officielle, ce qui pose un sérieux problème dans le traitement et l’analyse des infos fournies par la presse en Afrique de l’ouest.

« Le direct » une nouvelle façon de parler de l’Afrique

Pour parler de l’Afrique aujourd’hui, plus besoin de déployer de gros moyens logistiques pour la réalisation de reportages. Grâce au direct, il est aujourd’hui possible à quiconque de s’exprimer sur une situation depuis l’endroit des faits. L’une des thématiques qui dominaient l’actualité en Côte d’Ivoire il y’a quelques mois était le déguerpissement de certains habitants des quartiers précaires. Dans le cadre de l’assainissement du cadre de vie, plusieurs sites non habilités à la construction ont été démolis par l’état ivoirien. Dans la commune de Port-Bouët, ce déguerpissement avait poussé certaines familles à élire domicile dans le cimetière de la commune. Les images diffusées sur la toile étaient souvent considérées par certains comme des fake news. Mais grâce au direct, certains ont se rendre dans ledit cimentière et réaliser des reportages en live pour confirmer cette information. Grâce au direct sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, les personnalités politiques peuvent en temps réel diffuser depuis leur page des conférences et aussi des meeting. Pendant des manifestations souvent sociales, certains n’hésitent pas à faire du direct depuis leur page Facebook pour relayer les vraies infos en temps réel aux internautes. Aujourd’hui, le déploiement d’une équipe de reporter avec du matériel n’est plus une nécessité pour faire des reportages grâce au direct. Mais cette nouvelle forme de communication n’est pas seulement utilisée par les hommes politiques. Les artistes africains communiquent régulièrement via le direct avec leurs fans, souvent même en plein concert.

Le journal Jeune Afrique, le pionnier en ligne de la qualité

Jeune Afrique fait depuis des années partie des médias de qualité qui diffusent les news du continent africain en temps et en heure. Si le média africain était d’abord connu grâce à sa revue bimensuelle, aujourd’hui le journal dispose d’un portail en ligne pour donner l’info en temps réel à tous et à toutes. L’actualité politique du continent est l’un des sujets phares ciblés par le média panafricain. Grâce à une équipe et des correspondants dans de nombreux pays, le quotidien Jeune Afrique fournis aux internautes l’info de qualité. Sur le volet politique, les infos les plus suivis actuellement de près par le média africains sont les élections présidentielles qui se déroulent actuellement au Cameroun. De nombreux articles sont consacrés à ce scrutin qui revêt de nombreux enjeux dans ce pays d’Afrique centrale. Le média Jeune Afrique scrute aussi de près l’actualité économique du continent africain. Pour ne rien rater des grands sujets économiques du continent aujourd’hui, Jeune Afrique reste une référence à suivre. L’actualité culturelle du continent est aussi disponible dans les éditions en ligne du média africain, tout comme l’actu sportive. Les derniers transferts des joueurs africains évoluant à l’étranger sont autant de sujet évoqués par le média Jeune Afrique. Mais certaines compétitions africaines de la CAF ne jouissent pas d’une grande visibilité auprès du média africain. A la différence de certains médias du continent, Jeune Afrique ne dispose pas d’une version anglaise. Les informations et actualités diffusées le sont uniquement en français, ce qui n’enlève rien à la qualité des news fournies par le média panafricain.

Presse en ligne : était-elle à la hauteur de la presse papier ?

La presse en ligne gagne de plus en plus de terrain en Afrique comme dans le monde. L’actualité africaine est désormais beaucoup plus suivie en ligne que dans les journaux papiers. Avec l’émergence la presse en ligne, les ventes de journaux ont considérablement chuté. En Côte d’Ivoire par exemple, la presse en ligne est beaucoup plus suivie que la presse écrite. Mais certains journaux du pays accusent un retard dans cette nouvelle pratique, les journalistes n’ayant pas été formées au techniques d’écritures en ligne. Aujourd’hui, force est de constater malheureusement que de nombreux journaux du pays ne se sont pas encore accoutumés à cette nouvelle forme de journalisme. Certains quotidiens ivoiriens ne disposent même pas d’édition en ligne, alors que l’information est de plus en plus suivie sur les réseaux sociaux. Cependant, certains médias font exception comme le quotidien gouvernemental Fraternité Matin qui dispose d’une édition en ligne. Aujourd’hui plusieurs avantages permettent à la presse en ligne de se classer devant les traditionnels médias papiers. Grâce à la presse en ligne, les lecteurs peuvent avoir accès à l’information en temps réel. Par exemple, pendant les mutineries que la Côte d’Ivoire a connues l’année dernière, la presse en ligne était beaucoup plus réactive à donner des infos sur l’environnement socio-politique que les journaux papiers. Mais si la presse en ligne est beaucoup plus suivie de nos jours, il faut noter aussi le manque de professionnalisme de certains dans cette nouvelle forme de journalisme en Afrique. Soucieux de donner des scoops, certains journaux diffusent des infos sans de préalables vérifications. Autre manque de professionnalisme fréquent dans la presse en ligne, le plagiat. Il arrive à certains journalistes de citer des passages tirés d’autres sources, mais certains n’ont malheureusement pas l’amabilité de citer les réelles sources de l’information ou du texte diffusé.

L’info ou fake news : qu’est-ce qui intéresse les jeunes ?

Les jeunes sont-ils beaucoup plus branchés fake news ou infos ? L’une comme l’autre actualité intéressent aujourd’hui les jeunes, mais tout dépend du sujet abordé. Si les jeunes suivent l’info, ils sont très peu à s’intéresser de près à l’actualité politique. Les sujets people sont les thématiques qui attirent le plus la jeunesse, aussi bien en Afrique qu’ailleurs. Mais l’univers des people rime aussi fake news. Combien de stars ou célébrités ont été accusées à tort pour des faits qu’ils n’ont jamais commis ? Mais bien souvent les auteurs de ces fake news ne sont pas connus, car la majorité de ces auteurs utilisent des faux profils avec des avatars pour éviter de se faire identifier. Les fake news font aujourd’hui partie intégrante de l’actu, car même si elles ne sont pas souvent fondées, elles renferment souvent une infime partie de la vérité. Les infos sportives intéressent beaucoup les jeunes également, tout comme l’actualité culturelle. Mais tous ces sujets n’auraient pas grand intérêts pour la jeunesse sans les fake news.
Le traitement de l’information en Afrique est une tâche bien délicate de nos jours. Avec la prolifération des médias en ligne, il est difficile de contrôler et réguler le domaine de l’information en Afrique, raison pour laquelle les fake news gagnent du terrain sur le continent africain. A l’allure où vont les choses, certains dirigeants africains pourraient emboîter le pas au président français Emmanuel Macron qui a décidé de voter une loi contre ces fausses nouvelles souvent répandues par les grands médias.

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