Le classement des chefs d’Etats les plus riches du continent africain a été actualisé depuis quelques temps. L’année dernière, le dirigeant angolais Eduardo Dos Santos quittait officiellement le top 5 du podium, en raison de l’arrivée d’un nouveau président à la tête de l’Angola. C’est en tout cas le changement majeur que l’on pourrait noter dans le nouveau classement des fortunes des dirigeants d’Afrique. En l’absence du dirigeant angolais, qui est donc le nouveau leader du tableau ? Classé depuis quelques années, le dirigeant marocain profite du départ de Dos Santos pour se positionner en tête du podium avec une fortune estimée à 5,7 milliards de dollars. Aucun dirigeant de l’Afrique de l’ouest n’est présent dans ce top cinq des dirigeants aux plus grosses fortunes sur le continent. L’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est et le Maghreb sont trois les régions du continent qui se partagent ce podium cette année.
[Mis à jour le 23 juillet 2019 à 01h49] Le top 5 des présidents africains les plus riches est un classement qui connaît des évolutions au fils des années. Plus le temps passe, plus certains dirigeants africains quittent le pouvoir, entraînant ainsi leur sortie du classement des richissimes dirigeants africains. C’est le cas de l’ancien dirigeant angolais Eduardo Dos Santos. Avant qu’il ne renonce à briguer un énième mandat, l’ex chef d’Etat angolais surclassait de très loin le podium grâce à une fortune qui était estimée à 31 milliards de dollars. Quand on connaît les salaires de certains chefs d’Etats africains, de nombreuses interrogations restent sans réponse, d’autant plus que l’origine de la richesse des dirigeants africains est souvent remise en cause par les occidentaux. Avec l’arrivée d’un nouveau chef d’Etat en Angola, Dos Santos quitte également le podium des richissimes dirigeants au monde. La première place revient donc au second de la liste, à savoir l’actuel dirigeant du Royaume chérifien. Le Roi Mohamed VI est aujourd’hui à la tête d’une fortune estimée à 5,7 milliards de dollars, un patrimoine qu’aucun dirigeant africain n’a encore en son nom, du moins officiellement, car il ne faut pas perdre de vue l’idée selon laquelle nombre de chefs d’Etats africains ont des milliards de dollars à l’étranger dans des comptes offshore. C’est le cas de l’ancien dirigeant libyen qui Mouammar Kadhafi qui, s’il était encore vivant, s’adjugerait sans discussion la première place du podium. D’après une information révélée par le Tabloïd anglais The Telegraph, information datant de 2011, la fortune du clan Kadhafi s’élèverait à 87 milliards de dollars, soit près de trois fois le montant estimé de la fortune de l’ex-dirigeant angolais. Tout comme Kadhafi, l’ancien dirigeant Zaïrois Mobutu aurait été lui aussi dans ce classement des présidents africains les plus riches s’il était toujours en vie et encore au pouvoir. Lorsqu’il a été destitué pendant un coup d’Etat orchestré par Désiré Kabila, sa fortune personnelle à l’étranger était estimée autour de 5 milliards de dollars, voire même un peu plus. Certes, il serait encore loin dans ce classement mais sa présence dans ce top 5 des richissimes africains n’aurait fait aucun doute si les chiffres sur sa fortune étaient avérées. Le président le mieux payé au monde n’est pas forcément le plus riche des dirigeants, une vérité également valable pour le continent africain.
5ème Joseph Kabila (République Démocratique du Congo)
Avec la sortie de l’ancien dirigeant angolais, Joseph Kabila qui était classé sixième gagne donc une place au podium. Né le 4 juin 1971 dans la région de Fizi, l’actuel président de la République Démocratique du Congo a accédé au pouvoir en janvier 2001 suite à l’assassinat de son père par un membre de sa garde rapprochée à son domicile. La transition ayant été organisée, Joseph Kabila a hérité du fauteuil présidentiel suite à la mort de son père, un poste qu’il devrait quitter à la faveur de la prochaine élection présidentielle prévue en RDC. Durant le régime de terreur instauré par Mobutu, Joseph Kabila s’exile en Tanzanie où il change d’identité pour éviter de se faire repérer. Après des études à l’école française de Dar Es Salam, Joseph Kabila pour lui, il rejoint son père en 1996 pendant la première guerre en République du Congo. Auprès de son père, il se familiarisera aux métiers de l’armée et sera élevé plus tard au grade de major-général. Trois ans après son arrivée au pouvoir, des partisans favorables à Mobutu tentent de le renverser mais sans succès, même si une partie du pays est en proie à des guerres ethniques, notamment la partie est. Joseph Kabila s’est présenté pour la toute première fois à une élection présidentielle en 2006. Le fils de l’ancien président congolais tué au pouvoir se présente au scrutin de 2011 qu’il remporte avec succès. Soupçonné de préparer un troisième mandat depuis la fin de son mandat constitutionnel, Joseph Kabila est resté aux commandes jusqu’en décembre 2018, date à laquelle s’est finalement tenue la présidentielle en RDC. Malgré la défaite de son candidat Emmanuel Ramadani Shadary, Kabila contrôle toujours une partie de la vie politique de son pays grâce à sa mainmise sur le parlement congolais. Sa fortune personnelle serait actuellement estimée autour de 250 millions de dollars. Le média américain Bloomberg s’est particulièrement intéressé à la fortune du clan Kabila. Dans son rapport, le média américain révèle comment le clan familial a la mainmise sur certaines activités au pays : «dans l’économie pratiquement informelle, où les enjeux familiaux sont presque tous des sociétés privées, les finances exactes des activités ne sont pas connus. Les quelques chiffres disponibles dans les documents accessibles au public montrent des investissements d’une valeur de plus de 30 millions de dollars dans seulement deux sociétés. Le revenu estimé pour une autre entreprise dépasse 350 millions de dollars sur quatre ans – dans un pays où les données de la Banque mondiale montrent que près des deux tiers des 77 millions de personnes vivent avec moins de 1,90 $ par jour», lisons- nous dans le rapport de Bloomberg. Le média met aussi l’accent sur la diversité des investissements de l’ancien clan présidentiel de la RDC : «Les entreprises de la famille Kabila ont grandi avec l’économie en développement du Congo. Et ils jouissent maintenant d’un avantage du pouvoir présidentiel: la protection de la Garde républicaine, une unité d’armée d’élite qui est censée protéger Kabila lui-même… sa femme, ses deux enfants et huit de ses frères et sœurs contrôlent ainsi plus de 120 permis d’extraction d’or, de diamants, de cuivre, de cobalt et d’autres minerais… la banque, l’agriculture, la distribution de carburant, le transport aérien, la construction de routes, l’hôtellerie, la fourniture de produits pharmaceutiques, le secteur des agences de voyages, le commerce et les boîtes de nuit», révèlent les enquêteurs de Bloomberg.
4ème Ali Bongo (Gabon)
Ali Bongo le président des Gabonais a une fortune estimée à 275 millions de dollars.
Né le 9 février 1959, Ali Bongo est à la tête du Gabon depuis 2009 et entamera l’année prochaine sa dixième année en tant que chef d’Etat gabonais. C’est sous l’ère de son père feu Oumar Bongo que le fils fait ses premiers pas en politique. Pendant dix années, de 1999 à 2009, Ali Bongo occupe le poste de ministre de la défense de son pays, un poste qu’il quittera après le décès de son père. Le fils se présente à la présidentielle de 2009 qu’il remporte avec près de 42% des suffrages. Malgré les vives contestations qui suivront sa victoire, Ali Bongo restera au pouvoir pour perpétuer le règne du clan Bongo au Gabon, règne qui dure depuis plus de 50 ans désormais. Le fils de l’ancien président gabonais mort au pouvoir sera candidat à présidentielle de 2016 qu’il remportera face à Jean Ping, le chef de file de l’opposition gabonaise. Malgré les nombreuses contestations qui suivront sa victoire, Ali Bongo sera reconduit dans ses fonctions par la Cour Constitutionnelle Gabonaise. Malgré la mort de son père, de nombreuses zones d’ombres planent encore sur la valeur réelle de la fortune du clan Bongo. Mais on sait toutefois que le patrimoine immobilier de la famille Bongo qui se trouve en France est évalué autour de 68 millions d’euros. Concernant la fortune d’Ali Bongo, elle serait à ce jour estimée autour de 275 millions de dollars. Mais d’après certaines révélations du journal français Mediapart, la fortune familiale des Bongo vaudrait en réalité plusieurs milliards de dollars.
3ème Uhuru Kenyatta (Kenya)
Dans le classement des salaires des présidents africains, Uhuru Kenyatta est loin d’être le dirigeant le mieux payé mais sa fortune reste impressionnante. Né le 26 octobre 1961 dans la capitale Nairobi, l’actuel chef d’Etat kenyan a démarré sa carrière politique officiellement en 2001 lorsqu’il intègre le parlement de son pays. En décembre 2002, il se présente pour la première fois à un scrutin présidentiel dans son pays qu’il perdra face à Muai Kibaki. Après sa défaite, le fils de l’ancien président rejoint l’opposition de son pays dont il sera le nouveau chef de file. Mais cela ne l’empêche pas de soutenir la candidature pour Muai Kibaki candidat à sa propre succession en 2007. Ce soutien au président sortant sera récompensé par un poste de Vice-premier ministre en avril 2008. En 2013, il se présente pour la deuxième fois à un scrutin présidentiel dans son pays, scrutin qu’il remportera face à l’opposant historique Raila Odinga. En 2017, il brigue un second mandat à la tête du pays et sera de nouveau opposé à l’opposant historique, chef de file de l’opposition kenyane. Suite à une plainte de Raila Odinga, le scrutin présidentiel est invalidé par le Cour Constitutionnelle, une première dans l’histoire du continent africain. Les appels à une réforme de la Commission élection étant ignorés, le candidat de l’opposition décide de ne pas se présenter au scrutin, laissant la voix libre à Uhuru Kenyatta pour une réélection. La mère de l’actuel président kenyan est aujourd’hui bien impliquée dans la gestion des affaires familiales. D’après plusieurs médias, sa fortune serait estimée à environ 1 milliard de dollars. Quant à son fils Uhuru Kenyatta, il est aux commandes d’une fortune actuellement estimée à 500 millions de dollars.
2ème Teodoro Mbasongo N’Guema Obiang (Guinée Équatoriale)
A la tête de la Guinée Equatorial depuis 39 ans, Teodoro Mbasongo N’Guema Obiang occupe désormais la deuxième du top cinq des présidents africains les plus riches. S’il est loin d’être le mieux payé des dirigeants de notre planète, l’actuel chef d’Etat équato-guinéen aurait fait fortune grâce au commerce illicite de la drogue, du moins d’après certaines sources. En 1997, la Guinée Equatorial était classée parmi les 9 pays africains narcotrafiquants selon un rapport de Narcotics Board, l’instance mondiale chargée du contrôle des drogues et autres stupéfiants. Selon certains journalistes du média américain Los Angeles Times, un compte bancaire au nom du dirigeant congolais aurait été découvert dans une banque américaine, un compte dont le solde s’élevait à 300 millions de dollars. Rappelons également que le clan Obiang est dans le collimateur de la Justice française pour biens mal acquis. D’ailleurs, le fils du dirigeant Equato-guinéen a été jugé en France dans le cadre d’un procès pour bien mal acquis. S’il n’est pas aux arrêts, le Parquet a retenu une peine de trois ans contre lui et une lourde amende de 30 millions d’euros l’année dernière. Selon une information révélée par Forbes, Teodoro Mbasongo N’Guema Obiang serait à la tête d’une fortune estimée à 600 millions de dollars. Et selon le quotidien français Le Monde, le clan Obiang serait propriétaire de plusieurs voitures de luxe en France dont deux bolides de marques Bugatti. La valeur des voitures de luxe du clan présidentiel à Paris s’élèverait à 5,7 millions d’euros.
1er Mohamed VI (Maroc)
La première place de notre classement revient au souverain marocain en poste depuis le 23 juillet 1999. Aujourd’hui âgé de 55 ans, le roi Mohammed VI prend la tête de notre classement en raison de l’absence de Dos Santos qui, depuis Juillet 2017, n’est plus président de la République d’Angola. Il monte sur le trône à la suite du décès de son père, le Roi Mohamed V dit Hassan II, qui était en poste depuis 1961. Aujourd’hui, le clan familial est bien implanté dans la vie économique du Maroc. A en croire certaines sources, la famille royale serait actionnaire au sein de la holding d’investissement Al Mada, une société très active dans l’agroalimentaire, les services financiers ou encore la grande distribution. En 2009, le Roi Mohamed VI était classé parmi les souverains les plus riches de la planète grâce à une fortune estimée à l’époque à 2,5 milliards de dollars. Et toujours d’après les révélations du magazine Forbes, la fortune du souverain du royaume chérifien serait désormais passée à 5,7 milliards de dollars, faisant ainsi du Roi Mohamed VI l’homme le plus riche du Maroc à ce jour. A en croire certaines indiscrétions, la monarchie marocaine aurait à sa disposition un budget annuel de 250 millions d’euros pour ses dépenses. La famille royale détient plusieurs palais au Maroc et aussi un somptueux palais en France, le château de Betz qui se trouve dans le département de l’Oise. Il avait été acquis par le défunt père de l’actuel roi du Maroc en 1972. Mais jusqu’à ce jour, le coût de ce vaste domaine du Roi marocain en France reste encore inconnu. Il y’a de cela quelques années, Le Monde s’est intéressé de près à la fortune du roi marocain. Dans son rapport, le média français met l’accent sur la détention d’un compte HSBC à Genève, ce qui par principe est considéré comme une pratique illégale d’après le quotidien : «selon les documents confidentiels obtenus par Le Monde, un compte bancaire au nom de « Sa Majesté le roi Mohammed VI », codétenu avec son secrétaire particulier, Mounir El-Majidi, a été ouvert le 11 octobre 2006 chez HSBC Private Bank à Genève. L’identité royale se réfugiait derrière un code interne (BUP, pour « business partner ») répertorié dans les livres de la banque : 5090190103. Entre l’automne 2006 et le 31 mars 2007, période couverte par les listings que nous avons pu consulter, le montant maximal enregistré sur ce compte était de 7, 9 millions d’euros. Or, il est en principe illégal, pour des Marocains résidant au Maroc, de détenir un compte bancaire à l’étranger». Pour en savoir d’avantage sur ce compte suisse détenu par le roi marocain, Le Monde a interrogé les conseils de Mohamed Mounir El Majidi, l’un des personnalités qui composent la ceinture rapprochée de Mohamed VI. Mais, Me Hicham Naciri et Me Aurélien Hamelle n’ont «ni confirmer ni infirmer relève du plus strict secret bancaire et de la vie privée de Sa Majesté le roi, dès lors qu’il s’agit d’éléments relevant de la sphère patrimoniale privée de ce dernier… En tout état de cause, toute ouverture de compte bancaire à l’étranger s’est faite dans le strict respect de la réglementation en vigueur au Maroc». Les nombreuses entreprises gerées par le clan familial sont souvent accusées d’être favorisées au détriment des autres, une information démentie par les conseils du roi : «les entreprises en question sont dotées d’une gouvernance propre et autonome, et sont assujetties aux droits des sociétés et de la concurrence au même titre que les autres entreprises opérant au Maroc».