Kenya : Le spectre de 2007 plane-t-il sur le pays ?

by Laurence Guédé

Les élections 2017 au Kenya auraient un goût de déjà-vu.

Ils sont nombreux, ces observateurs de la vie politique kenyane, à craindre le pire dans les jours à venir. Tous les ingrédients semblent, en effet, réunis pour assister à un remake des affrontements post-électoraux de 2007.

Devrait-on être autant alarmistes avec cette élection présidentielle sous haute tension ? Telle est la question que se posent bon nombres de personnes qui observent de loin ou de près ce scrutin 2017. Répondre à une telle question revient à analyser la situation socio-politique qui règne actuellement dans ce pays.
Les dés sont jetés depuis quelques jours. Pendant que la Commission Electorale s’échine à dépouiller, dans la transparence, les bulletins de vote, les candidats s’adonnent à un jeu de pronostic et sondages dangereux. Pis, certains se proclament déjà vainqueur, en vertu de tendances non encore validées.

En apparence tout est réuni pour une issue tragique

Les affrontements suite à la contestation électorale de 2007 avaient fait au moins 1200 mort. Les indices pour que cette tragédie se répète cette année seraient manifestent. En effet la tension est montée d’un cran après la proclamation des résultats provisoires par l’Independent Electoral and Boundaries Commission (IEBC), comprenez par-là la Commission Electorale Indépendante Kenyane. Le Président sortant sortirait largement vainqueur, constat que n’accepte pas l’opposition. Hier jeudi 10 août 2017, cette opposition avait organisée une conférence de presse pour désapprouver ces résultats provisoires et appeler la Commission à déclarer son leader Raila Odinga vainqueur du scrutin. Plus que de réclamer les vrais résultats, les opposants revendiquent plutôt la victoire. On imagine donc mal les voir accepter tout autre résultat que celui qu’ils attendent.

Cependant les rivalités ethniques ne se sont pas encore manifestées

Si la tension est palpable à quelques jours, mieux quelques à heures de la proclamation officielle des résultats, les ingrédients qui ont conduit à la tragédie de 2007, ne sont pas tous réunis. En enfin l’on constaterait peu de manifestations de la rivalité ethnique au Kenya entre Kikuyu et Kalendji. Cette année les Kikuyu représentés par Uhuru Kenyatta et les Kalendji par William Ruto sont unis dans un même front, le parti Jubilee. Raila Odinga est quant à lui Luo, une autre ethnie majeure du pays.

Sécurité et satisfaction de la communauté internationale

La tension est certes présente, mais à une échelle réduite si bien que les protestations sont jusqu’ici très localisés. Ces manifestations seraient seulement signalées dans la ville de Kisumu et dans les bidonvilles de la capitale Nairobi là où se trouve une grosse communauté Luo, l’ethnie de Raila Odinga. Hors ces foyers mineurs le pays et la capitale Nairobi ainsi que sa dauphine Mombassa sont plutôt calme. La présence massive de la police dans les rues des grandes villes est venue renforcer ce sentiment de sécurité qui n‘existait pas il y a dix ans. Il est peu probable donc que les horreurs du Rift se répètent cette année. En outre, la Communauté Internationale se dit satisfaite du scrutin qu’elle juge transparence. John Kerry, ex Secrétaire General sous l’administration Obama avait déclaré que le processus avait été démocratique.
Il reste maintenant à croiser les doigts pour qu’une étincelle ne vienne pas enflammer des cœurs déjà arrosés d’essence mortelle. Le moment le plus redouté est celui qui fera suite à la proclamation des résultats. Ces résultats définitifs devraient être annoncés d’un moment à l’autre en ce jour de vendredi. Un fort dispositif de sécurité serait déployé à l’heure où nous publions notre article. Le compte à rebours est donc lancé !

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