Au Zimbabwe la peine de mort est la sentence ultime en matière judiciaire.
La peine mort a plus ou moins existé de tout temps dans les sociétés humaines, souvent sous des formes diverses. Lapidation, crucifixion, exécution au fusil, chaise électrique, absorption de la ciguë. Avec l’évolution des mentalités, la peine capitale a aujourd’hui disparu dans la plus part des sociétés. Cependant elle existe encore dans certains Etats comme les Etats Unis et la Chine.
Robert Mugabe à 93 ans, le président du Zimbabwe, serait favorable au retour de la peine de mort dans son pays. Ce souhait a été émis après la candidature de dizaines de personnes au poste de bourreaux. Le chef d’Etat zimbabwéen s’est dit aussi consterné par l’expansion de la violence et des crimes dans son pays.
Cinquante candidats à la mise à mort
Le président Robert Mugabé a appelé au rétablissement de la peine de mort suite à la candidature de cinquante personnes au poste de bourreaux en charge de l’exécution des condamnés à mort. C’est un fait exceptionnel car il est très rare de voir des personnes se porter candidats à l’exécution des prisonniers. En Afrique plus encore qu’ailleurs, celui qui se charge d’exécuter des condamnés n’a pas bonne presse auprès des populations un peu comme le croque-mort. Le chef d’Etat de la République du Zimbabwe n’a pas manqué de saisir la balle au vol. Il déclare :
« Je pense qu’on devrait restaurer la peine de mort »
martèle-t-il lors des obsèques d’un combattant de la lutte pour l’indépendance. Pour justifier sa décision il s’appuie sur les récents rapports de la police nationale. Ceux-ci dépeigneraient une criminalité en nette progression depuis l’abolition de la peine de mort en 2005 dans ce pays. Il est donc très probable que la loi adoptée en 2013 sur la peine capitale soit enfin appliquée. De fait, bien qu’elle ait été adoptée dans la constitution de 2013, la peine de mort par pendaison n’a jamais été appliquée. Les pressions des organisations des droits de l’homme y sont sans doute pour beaucoup.
La peine de mort, une polémique inépuisable
En émettant le souhait de rétablir la peine capitale, Robert Mugabe réveille la vieille polémique sur les fondements de cet acte. D’un côté nous avons les partisans de la peine de mort. Ces derniers estiment qu’il est du devoir de la justice de mettre, à jamais, hors d’état de nuire les responsables de crimes horribles.
« Je suis pour la peine de mort »
déclare une internaute qui salue la perspicacité de Robert Mugabé. De l’autre côté nous avons les défenseurs de la vie. Selon ces derniers, personne n’a le droit d’ôter la vie à son prochain. Cette tâche incomberait à Dieu seul qui serait le créateur de la vie. Les croyances religieuses et humanistes sont au fondement de cette opinion.
Les inquiétudes face au souhait de Mugabé
Cette volonté de Robert Mugabé n’est pas de nature à rassurer les organisations de défense des droits de l’homme et du prisonnier. Elles verraient d’un mauvais œil l’application de la peine de mort dans un pays que l’on qualifie de dictature. La justice y serait aux ordres du pouvoir. De ce fait, elle pourrait très bien prononcer cette sentence expéditive rien que pour se débarrasser de personnes encombrantes comme les opposants politiques. Au-delà du personnage de Mugabé et des intentions qu’on lui prête, c’est l’inactualité de la sanction qui est décriée. Au moment où tous les pays du monde entier s’évertuent à abolir définitivement la peine de mort, rétablir celle-ci serait comme nager à contre-courant. Robert Mugabé risque donc de faire beaucoup bruire encore ces jours-ci.
La déclaration de ces cinquante personnes au poste de bourreaux est un fait très inhabituel. Elle pourrait être la manifestation d’un ras-le-bol général face de la recrudescence des crimes au Zimbabwe. Bien que Robert Mugabé n’ait pas donné de détails sur les prétendus rapports de la police, il est évident que la criminalité prospère là où la pauvreté s’est durablement installée. Selon les données économiques mondiales, le Zimbabwe serait en proie à une importance crise de l’emploi. Cette situation de chômage chronique pourrait être le socle sur lequel prospère le banditisme. Il serait donc plus sage de couper les racines de la criminalité et non de l’émonder.