Mandat d’arrêt lancé contre Blaise Compaoré

Amani Georges

Les autorités ivoiriennes embarrassées suite à ce nouveau rebondissement

Les autorités judiciaires burkinabè ont émis le 21 décembre un mandat d’arrêt contre l’ancien président Blaise Compaoré. Selon certaines sources, la requête qui a été officiellement présentée le lundi dernier daterait en réalité d’une quinzaine de jours. La justice burkinabè souhaite naturellement entendre son ancien dirigeant dans le cadre de l’enquête liée à l’assassinat du capitaine Thomas Sankara le 15 octobre 1987. Blaise s’est réfugié en Côte d’Ivoire depuis le soulèvement populaire d’octobre 2014 qui a entraîné sa chute après 27 ans passées à la tête du pays. L’amitié de longue date qui lie le président ivoirien à son ancien homologue est mise à rude épreuve par ce revirement politique. Une seule question demeure sur toutes les lèvres : le chef de l’état ivoirien va-t-il céder à la demande des autorités burkinabè ?

La position des autorités ivoiriennes sur la question

L’opinion publique et internationale a les yeux rivés sur la Côte d’Ivoire. Aucune réponse officielle du gouvernement ivoirien n’a été donnée suite à la requête du pays des hommes intègres. Ce long silence se justifie amplement au regard des rapports combien importants qui lient le président Ouattara à Blaise Compaoré. Ce dernier a été d’un appui très important pour le gouvernement ivoirien pendant la crise post-électorale survenue en octobre 2010. Avant cela, rappelons que c’est la médiation conduite par l’ancien président burkinabè qui avait abouti au premier scrutin libre en Côte d’Ivoire depuis la scission du pays en septembre 2002. Le président ivoirien se trouve ainsi embarrassé entre le devoir de reconnaissance envers un de ses plus grands soutiens au niveau sous régional et la consolidation des relations diplomatiques avec les autorités burkinabè. Les relations entre les deux pays ont récemment été mises à mal suite aux accusations portées contre le président du parlement ivoirien par les autorités de la transition. Celles-ci, notamment le premier ministre Zida, pointaient du doigt la responsabilité de Guillaume Soro dans le putsch manqué du 17 septembre.

L’extradition de Blaise : un pas important vers la consolidation des rapports ivoiro-burkinabè

Certains observateurs estiment que l’extradition de Blaise par les autorités ivoiriennes serait une mesure productive pour le renforcement des relations séculaires entre les deux nations. Le récent feuilleton des écoutes téléphoniques a suscité une grande indignation de la classe politique burkinabè. Une réponse positive des autorités ivoiriennes atténuerait certainement les tensions entre les deux voisins. Ce serait également une bonne entame des rapports avec les nouvelles autorités qui conduiront la destinée du pays les cinq prochaines années. En attendant une réponse officielle d’Abidjan, le peuple burkinabè espère fortement que l’état ivoirien donnera un écho favorable au souhait de la veuve de Thomas Sankara.

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