Gabon : que cherche le ministre de l’intérieur chez Jean Ping ?

Said Koyiami

Comme dans le scenario de la Côte d’Ivoire (avec quelques différences notables), les deux camps ont longtemps réclamé la victoire. Finalement le camp du président sortant a réussi à mettre d’accord tout le monde sur sa légalité et sa légitimité. Depuis, Jean Ping, l’ancien diplomatique, est interdit de sortie du territoire gabonais. Toutefois il continue de demander au monde entier de reconnaitre sa victoire.

Le ministre de l’intérieur du Gabon serait allé rencontrer les proches de Jean Ping. Cette visite d’un ponte du régime d’Ali Bongo serait une surprise d’autant que c’est la première fois, en deux ans de guéguerre, que le gouvernement échange ouvertement avec l’opposition. Le ministre de l’intérieur a invité l’opposition à prendre part à la vie politique du pays.

Jean Ping toujours interdit de sortie du territoire

Le leader de l’opposition gabonaise Jean Ping est frappé d’une interdiction de sortie du territoire depuis plusieurs mois. Ses avocats, en particulier, Jean Rémy Bantsantsa, tentent en vain d’obtenir l’annulation de l’arrêté. Ali Bongo demeure inflexible sur la question comme s’il craignait que l’opposant mette en mal son pouvoir, une fois hors du pays. Les avocats ont plusieurs fois adressé des demandes d’examens à la cour d’appel de Libreville pour annuler l’interdiction, mais celle-ci n’a toujours pas rendu sa décision. Face à cette mesure restrictive qui n’en finit pas, Jean Ping aurait tenté de s’échapper du pays le 13 janvier dernier. Malheureusement pour lui, la police a été plus prompte.

Le gouvernement appelle l’opposition à participer aux législatives

C’est donc avec grande surprise que les militants de l’opposition apprennent que le gouvernement a dépêché un émissaire hier soir pour parler à leurs leaders. C’est le ministre de l’intérieur, en personne qui a eu des échanges avec les proches de Jean Ping. Mr Lambert Matha a eu un entretien avec certains secrétaires généraux de partis politiques qui ont soutenu Jean Ping en 2016. Il s’agit de Zacharie Myboto de l’Union Nationale (Un), de Michel Menga du Rassemblement Héritage et Modernité (Rhm) et de Guy Nzouba-Ndama des Démocrates. La réunion a porté sur la participation aux prochaines élections législatives qui auront lieu le 28 avril 2018. Selon les informations reçues, les formations de l’opposition ont émis leur souhait de participer à cette échéance électorale. Toutefois ces leaders de l’opposition, réunis autour de Ping, n’ont pas encore statué sur leurs volontés.

La fin de l’interdiction contre la participation aux législatives

Ces membres de la coalition de l’opposition n’ont pas encore donné leur décision finale tout comme Jean Ping qui ne cache plus son ennui de ne pouvoir sortir des 267.667 km² du territoire gabonais. L’ancien diplomatique pourrait très bien demander l’annulation de l’interdiction qui le frappe en contrepartie de sa participation aux législatives. Rien ne vaut la liberté et Jean Ping le sait trop pour ne pas sauter sur l’occasion. Il est facile de voir que cette liberté d’aller et de venir constituera la principale condition de Jean-Ping.
Pour donner un peu plus de légalité à son pouvoir déjà très contesté par les chancelleries internationales, Ali Bongo aurait forcément besoin de la participation de son opposition aux législatives. Cette participation permettrait au moins de donner une couche de démocratie à son pouvoir si elle ne convainc pas la communauté internationale. La balle est donc dans le camp de l’opposition et de Jean Ping qui a peut-être là un excellent moyen de chantage. L’on n’imaginerait pas que le parti de Jean Ping ira aux élections sans que ce dernier ne réclame la levée de l’interdiction de sortie du territoire.

Partagez cet article