Cela fait plusieurs semaines que l’opposition essaie, en vain, de faire plier le pouvoir à propos de la réforme de la Commission Electorale Indépendante. Le gouvernement ivoirien a toujours affirmé que cette CEI était conforme au texte en vigueur et qu’elle est le fruit d’un consensus.
Que non, affirme l’opposition qui juge inacceptable de reconduire une commission aussi problématique.
Affi N’Guessan a confirmé ce lundi matin la grande marche de l’opposition pour contraindre le pouvoir à revoir sa position au sujet de la réforme de la CEI. Réunis au sein de la coalition de l’EDS, les partis politiques de l’opposition n’entendent plus subir en aucun cas un quelconque diktat de la part du gouvernement.
Affi N’Guessan appelle au rassemblement
Au cours d’un point de presse tenu ce lundi matin, l’un des capitaines de l’opposition ivoirienne d’obédience pro-Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan a confirmé la grande marche du jeudi 22 mars prochain. Il est d’abord revenu sur le rapport de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. L’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo rappelle que la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a déclaré que « l’organe électoral ivoirien actuel n’est ni équilibré, ni indépendant ni impartial ». Fort ce cela elle a ordonné la modification de la loi 2014-337 du 18 juin 2014 relative à la Commission Electorale Indépendante. Pourtant rien n’a encore été fait bien que l’Etat de Côte d’Ivoire se soit toujours dit respectueuse des standards internationaux. Par la suite le leader du FPI a appelé tous les Ivoiriens épris des valeurs démocratiques à s’abstenir de participer à ces sénatoriales du samedi prochain. Affi N’Guessan a terminé ce point de presse en réitérant l’appel de la plateforme EDS, lancé le samedi 17 mars.
Les membres fondateurs de l’EDS
La grande marche de ce jeudi 24 mars est une initiative de la plateforme EDS, Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté. Cette coalition regroupe tous les partis d’opposition dits pro-Gbagbo. L’EDS a été créé en avril 2017 dans le but de fédérer tous les forces vives de l’opposition au RHDP. Ces fondateurs sont, entre autres personnalités, l’écrivain Bernard Binlin Dadié (qui demande la libération de Laurent Gbagbo pour la réconciliation), Aboudramane Sangaré et Affi N’Guessan du FPI, Boga Sako Gervais de la Fondation Ivoirienne des Droits de l’Homme ou encore Georges Armand Ouégnin dont la riche famille est connue pour être de tradition PDCI. Ce fils du très célèbre protocole d’Houphouët Boigny est par ailleurs le président de l’EDS.
Une marche sous haut risque
Les responsables de l’EDS assurent que leur grande marche du jeudi prochain sera plus que décisive. Dans les faits, elle aurait reçu le quitus du pouvoir en place. Quant à l’itinéraire, il est déjà connu afin d’éviter tout débordement. Cette marche partira de la place des Martyrs à Adjamé à 7 heures pour s’arrêter à la place de la République au Plateau. Elle passera aussi par les Sapeurs-Pompiers de l’Indénié à Adjamé, au Palais de la Justice, à l’Assemblée Nationale et l’Hôtel Tiama au Plateau. Au regard du lieu de départ, réputé être un fief du RDR, il y a des risques qu’il se produise des tensions. Dans le même temps, il faut craindre un affrontement avec la police, comme à la place CPI à Yopougon samedi dernier, si les marcheurs ne sont pas bien encadrés et disciplinés.
Les dés sont jetés, l’opposition est décidée à organiser sa grande marche démocratique. Les responsables de l’EDS assurent que la mobilisation sera grandiose ce jeudi-là même si ces derniers temps, la population ivoirienne ne se montre pas particulièrement intéressée par la politique. Elle semble fortement émoussée par ces dernières années de crise qui lui ont enlevé tout goût de militantisme. Peut-être que cette fois ci l’opposition réussira-t-elle à mobiliser ses militants et, peut-être au-delà, tous les Ivoiriens.