Côte d’Ivoire : Parti unifié RHDP, tous les leaders ont signé

En effet, en 2005, au plus fort de la crise militaro-politique ivoirienne, différents partis de l’opposition avaient jugé bon d’unir leur force pour contrecarrer les plans du pouvoir en place. En 2010, c’est cette coalition qui a permis au candidat Alassane Ouattara de battre aux élections, officiellement du moins, le président sortant Laurent Gbagbo.

Alors que les adversaires politiques croyaient que l’alliance éclaterait tout bonnement de ses propres contradictions, elle vient de déjouer tous les pronostics.
Tous les leaders des formations politiques du RHDP ont signé hier l’accord portant création du parti unifié. Les militants de la coalition au pouvoir attendaient depuis longtemps cette signature qui rassembleraient ceux qui se font appeler les héritiers du père fondateur de la nation et du PDCI, le président Félix Houphouët Boigny. Tandis que certains jubilent de bonheur, d’autres dénoncent une violation flagrante de la constitution et une hypocrisie au sommet de l’Etat.

Le RHDP voit enfin le jour

Le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix, RHDP, est une coalition de partis politiques fondée le 18 mai 2005. Tout est parti de résolutions prises lors des accords d’Accra, l’un des nombreux sommets pour la résolution de la crise militaro-politique qui secoua le pays de 2002 à 2010. Au 2e tour de l’élection présidentielle de 2010, c’est cette formation de partis politique qui a vaincu le président sortant de La Majorité Présidentielle. Elle se compose de partis de droite d’obédience houphouetiste, c’est-à-dire se réclamant du président Felix Houphouët Boigny. Il s’agit du PDCI-RDA, du RDR, de l’UDPCI, le PIT, du MFA et de l’UPCI. Leurs leaders respectifs Henri Konan Bédié, le président Alassane Dramane Ouattara, Albert Mabri Toikeuse, Joseph Seka Seka, Siaka Ouattara et Brahima Soro ont apposé hier leurs signatures sur l’accord portant création du parti unifié RHDP. Le parti unifié (ou peut-être réunifié) a finalement préféré garder le nom RHDP plutôt que celui un peu polémique et discriminatoire de PDCI-RDR. En lieu et place du vocable « manifeste » pour qualifier les résolutions prises, il a été choisi le terme plus nuancé de « Accords politiques ».

Une violation de la constitution selon l’opposition

La création du parti unifié RHDP pose d’emblée un problème du point de vue constitutionnel si l’on en croit les acteurs de l’opposition politique ivoirienne. Comme ce fut le cas de la présidence du RDR lors du congrès de ce parti en septembre 2017, Alassane Ouattara violerait la loi fondamentale de Côte d’Ivoire. De fait le Chef de l’Etat a signé l’accord politique du RHDP en tant que président du Rassemblement Démocratique des Républicains, un statut qui va à l’encontre de la constitution ivoirienne, selon l’opposition. Celle-ci dit ne pas être étonnée d’un tel comportement de la part du Chef d’Etat qui violerait constamment la constitution qu’il a lui-même fait adopter en 2016.

Quel avenir pour le RHDP

Le parti unifié (ou réunifié selon l’acception de certains cadres du PDCI-RDA) est né d’un commun entre les différents leaders. Toutefois la création du RHDP ne vide pas pour autant la querelle sur la succession de Ouattara. Là demeure le nœud gordien qui attend les principaux instigateurs de cette formation politique nouvelle dont l’électorat est assez important. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, ou plus justement le PDCI et le RDR, ne se sont toujours pas mis d’accord sur la question de l’alternance en 2020. Alors que le Président Ouattara n’a pas encore dit clairement si oui ou non il se représentera, certains cadres du PDCI piétinent tout en évoquant l’accord tacite de Daoukro qui stipulerait que le RDR laissera la place au PDCI en 2020, à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Maintenant que le parti unifié RHDP est porté aux fonds baptismaux, il reste à en définir les contours mais aussi et surtout le contenu. Qui sera le candidat de la coalition en 2020 pour briguer la magistrature suprême au nom du RHDP ? Ouattara se retirera-t-il pour laisser la place à son aîné Henri Konan Bédié ou voudra-t-il faire un dernier mandat ? Sur ce point tous les Ivoiriens scrutent l’horizon avec crispation de même qu’une bonne partie du PDCI. Quant à l’opposition, elle ferait mieux de se réconcilier dès à présent car le RHDP risque de l’écraser davantage, politiquement parlant.

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