REVISION DE LA CONSTITUTION – Le président de la République a annoncé le mois dernier une révision de la constitution ivoirienne adoptée il y’a trois ans de cela, après un vote référendaire. Pour l’heure, nul ne sait sur quoi portera exactement la modification constitutionnelle. Mais l’opposition ivoirienne soupçonne le pouvoir en place de vouloir modifier la constitution pour écarter certains candidats de la course à la prochaine présidentielle, en l’occurrence l’ancien président Henri Konan Bédié. Récemment de passage sur le plateau de France 24, l’ancien président ivoirien a fait part de ses inquiétudes concernant cette réforme que prépare le pouvoir actuel, une réforme qui selon les bruits qui courent, devrait porter sur la réinstauration d’une limite d’âge pour la candidature à la présidentielle.
La modification constitutionnelle annoncée par le président ivoirien aura probablement lieu avant la tenue de la prochaine présidentielle. Pour l’opposition ivoirienne, une révision avant la présidentielle serait significatif d’une volonté d’écarter certains candidats dans la course au pouvoir d’Etat. Agé de 86 ans, Henri Konan Bédié figure toujours parmi les potentiels candidats de la prochaine présidentielle. D’ailleurs le patron du PDCI ne ferme pas la porte à cette éventualité, mais émet toutefois quelques réserves sur la révision constitutionnelle que préparerait le pouvoir en place. Pour Doumbia Major, le président du CPR, le patron du Pdci Rda est très mal placé pour s’exprimer sur le sujet, puisqu’il avait soutenu corps et âmes il y’a quelques années la réforme de la Constitution en Côte d’Ivoire, une réforme grâce à laquelle il peut toujours se lancer dans la course au fauteuil présidentiel.
Passant en revue l’actualité politique de son pays, Henri Konan Bédié n’a pas manqué de soulever quelques inquiétudes au sujet de la modification de la Constitution annoncée par Ouattara Alassane le mois dernier : «Je crains même que ce soit là un problème très grave pour la stabilité du pays. Ce changement, ce tripatouillage de la Constitution serait contraire à la Constitution elle-même puisqu’elle a été votée il n’y a pas longtemps.», faisait savoir le patron du PDCI au cours d’une interview accordée à France 24. S’il reste en lice pour la présidentielle en dépit de son âge (85 ans cette année), le chef du Pdci pourrait être disqualifié de la course dans l’éventualité d’une révision constitutionnelle portant sur la réinstauration de l’ancienne limite d’âge. Fixée à 75 ans dans l’ancienne constitution, elle avait été supprimée de la nouvelle législation adoptée par les ivoiriens il y’a trois ans. La réaction du président du CPR aux inquiétudes de Bédié sur la modification constitutionnelle n’a pas tardé. Selon Doumbia Major, le premier responsable du Pdci semblerait très mal placé pour se prononcer aujourd’hui sur la révision annoncée par Ouattara, puisqu’il a simplement contribué à l’adoption de la nouvelle législation ivoirienne : «C’est Bédié qui a demandé aux ivoiriens de voter OUI pour que des dispositions de notre constitution puissent désormais être changées par les 2/3 des députés et sénateurs, alors d’où vient-il qu’il se met à vociférer quand ce que lui-même a voté se met en pratique ou quand les gens veulent faire usage de l’arme que lui-même leur a donnée ? Moi je me suis abstenu de voter la nouvelle constitution et tout le monde le sait, donc je peux la critiquer et demander au peuple de s’opposer à toute modification constitutionnelle, mais lui Bédié est mal placé pour s’opposer à ce que lui-même a rendu possible. En politique il y a un principe qu’on appelle le principe de cohérence ?»
Vers le retour à l’ancienne limite d’âge ?
Pour certains membres de l’opposition, le pouvoir en place envisagerait de réinstaurer l’ancienne limite d’âge qui est de 75 ans. Ceci mettrait un terme aux ambitions politiques d’Henri Konan Bédié qui aura 86 ans lors de la prochaine présidentielle. Mais ce retour à la limite des 75 ans pourrait aussi couter cher au pouvoir en place, puisque le président Ouattara serait lui aussi disqualifié de la course au fauteuil présidentiel.