RECONCILIATION GBAGBO ET BEDIE – Après les beaux discours, les formations politiques du Front populaire ivoirien (tendance Gbagbo) et le PDCI RDA d’Henri Konan Bédié, ont animé conjointement il y’a quelques jours un meeting dans la ville d’Abidjan. Cette manifestation historique a été rendue possible par la volonté des deux anciens dirigeants ivoiriens à se réconcilier, une initiative que salue d’ailleurs le journaliste Venance Konan, l’actuel patron de Fraternité Matin. Cependant, le journaliste ivoirien s’interroge sur le sens de cette réconciliation qui exclurait aujourd’hui plusieurs anciens proches du patron du Pdci Rda, notamment l’ancien président ivoirien Alassane Ouattara.
Le meeting conjoint entre le PDCI et le FPI constituait un pas important dans le processus de rapprochement entre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié. Après la visite officielle du patron du Pdci à Bruxelles, les deux formations politiques projettent de se réconcilier probablement avant la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire. Après avoir salué le principe de cette union prônée entre les deux formations politiques, le journaliste Venance Konan émet quelques doutes sur la sincérité de ce projet de cohésion annoncé par les deux partis de l’opposition. Pour le patron de Fraternité Matin, Bédié donnerait du sens à ce processus qu’il a annoncé s’il travaillait à se réconcilier avec certains cadres de son parti qui ont pour la plupart rejoint le RHDP parti unifié.
Le dernier éditorial de Venance Konan a été consacré au meeting animé il y’a quelques jours par le pdci et le fpi au palais des sports de la commune de Treichville. Cette manifestation conjointe symbolisait la volonté des deux partis d’aller vers la réconciliation nationale, conformément au vœu émis par les deux anciens dirigeants durant leur rencontre à Bruxelles fin juillet dernier. Cette démarche a d’ailleurs été saluée par le journaliste ivoirien dans son éditorial : «Dans ce pays qui a connu tant de crises depuis la mort du père-fondateur, il y a déjà un quart de siècle, nous ne pouvons que nous réjouir chaque fois que des Ivoiriens se réconcilient. Félicitations donc au Pdci de Konan Bédié et au Fpi de Laurent Gbagbo pour avoir enterré la hache de guerre et décidé de fumer le calumet de la paix.». Mais Venance Konan désapprouve cependant le revirement du patron du Pdci qui avait évoqué cette réconciliation avec le clan Affi, avant de se rabattre finalement sur le clan Gbagbo au sein du FPI : «Il n’empêche cependant que cette symphonie me semble bien étrange. Bédié, où est passé Pascal Affi N’Guessan ? Il me semble, lorsque tu parlas de te réconcilier avec le Fpi, qu’il fut le premier que tu rencontras. Pourquoi n’était-il pas aussi au Parc des sports ? C’est parce qu’il ne s’entend pas avec Laurent Gbagbo, nous le savons. Mais ton rôle à toi, Bédié, toi l’aîné de la politique ivoirienne, toi l’ancien chef de l’État qui aspire à le devenir de nouveau, ton rôle n’aurait-il pas été de commencer par réconcilier d’abord Gbagbo et Affi ?», s’interroge le journaliste. Venance Konan poursuit en remettant en cause la volonté de réconciliation annoncée par les deux dirigeants au cours de leur rencontre: «Quelle est donc cette réconciliation qui se fait en se séparant de ses amis, de ses parents, de ses enfants, pour s’allier à son ennemi ? Quelle est donc cette réconciliation dont le ciment est la haine envers un autre ?».
Une réconciliation fondée sur la haine ?
«…l’on est en train de semer à nouveau la graine de la haine dans les cœurs. On a recommencé à catégoriser les Ivoiriens entre « vrais » et « faux ». Cette fois-ci, personne ne pourra dire qu’il n’a pas vu venir les choses. Personne n’aura d’excuse. C’est pour cela qu’il est urgent que les intellectuels ivoiriens et africains se mobilisent dès maintenant pour faire barrage à la xénophobie qui pointe à nouveau le bout du nez. Nous avons peut-être oublié notre histoire qui n’est pourtant pas si ancienne, mais nous avons actuellement sous les yeux l’exemple de ce qui se passe en Afrique du Sud.», explique le journaliste ivoirien dans son éditorial.