Doumbia Major: «la Côte d’Ivoire fonctionne avec deux constitutions»

by Kohan Kioshiko

Nouvelle Constitution ivoirienne – A l’approche de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, les ivoiriens sont divisés sur l’interprétation de la nouvelle législation du pays. D’un côté, il y’a ceux qui soutiennent corps et âmes que le président actuel, qui est à un an de la fin de son deuxième mandat constitutionnel, peut encore prétendre à un nouveau quinquennat en 2020. D’ailleurs, Ouattara Alassane a confirmé dans plusieurs interview cette possibilité que la nouvelle législation lui offrait de briguer encore le fauteuil présidentiel.

La nouvelle constitution ivoirienne est sujette à diverses interprétations, du moins en ce qui concerne certaines dispositions de la nouvelle législation. Si le président ivoirien a affirmé à diverses reprises qu’il pouvait encore briguer un troisième mandat en Côte d’Ivoire, l’opposition ivoirienne estime pour sa part qu’un troisième mandat du président actuel serait considéré comme une flagrante violation des lois fondamentales du pays. Selon Doumbia Major, la mise en place d’une nouvelle constitution ivoirienne n’a pas totalement résolu cette question pourtant cruciale, puisque dans un an, plus de 6 millions d’ivoiriens, seront appelés à aller voter pour se faire élire leur nouveau président. D’après le premier responsable du CPR, le congrès panafricain pour le renouveau, le pays fonctionnerait avec deux législations en vigueur, d’où les diverses interprétations sur l’hypothèse du troisième mandat de l’actuel chef d’Etat ivoirien.

«C’est très clair. Je peux me représenter si je le souhaite. C’est une nouvelle Constitution qui a touché non seulement à l’exécutif, avec un poste de vice-président, qui a touché au législatif avec la création d’un Sénat, qui a touché au judiciaire, avec la création de nombreuses cours plutôt que des chambres. C’est une toute nouvelle Constitution.», affirmait en février le président ivoirien dans une interview exclusive accordée à RFI. Pour rappel, ce n’était pas la première fois que Ouattara Alassane annonçait que la nouvelle constitution ivoirienne lui permettait de briguer la magistrature suprême en 2020. Mais certains ivoiriens, sceptiques à cette idée, attendent toujours les arguments juridiques qui confirmeraient les propos tenus par le chef d’Etat ivoirien. Abordant le sujet de la constitution en Côte d’Ivoire, Doumbia Major a indiqué que le pays fonctionnait deux législations, un peu comme la bible actuelle, le livre sacré des chrétiens qui dispose d’une version antérieure et une version nouvelle révisée (ancien et nouveau testament) : «La Côte d’Ivoire est le seul pays au monde qui fonctionne avec deux constitutions en vigueur, l’une se lit avec l’autre en main.  Toutes les dispositions qui ne sont pas changées dans la nouvelle restent en vigueur en lisant l’ancienne.  C’est comme la bible ou l’ancien testament et le nouveau testament sont liés.», a fait savoir le président du CPR ce mercredi, avant de citer un article dont l’interprétation pourrait faire l’objet d’une grosse polémique : «Article 183 : « la législation actuellement en vigueur en Côte d’Ivoire reste applicable, sauf l’intervention de textes nouveaux, en ce qu’elle n’a rien de contraire à la présente Constitution». Pour le président du CPR, les juristes ayant rédigé la nouvelle constitution assument une certaine responsabilité dans la polémique qui fait rage autour de certaines disposition des lois fondamentales de la Côte d’Ivoire : «Je ne sais pas si c’est par paresse que nos juristes se sont gardés d’écrire une nouvelle constitution en bonne et due forme ou si c’est pour que s’ouvre un nouvel épisode dans la guerre sur l’interprétation des textes constitutionnels dans notre pays».

Les arguments de Ouattara connus en 2020?

Evoquant son éligibilité en Côte d’Ivoire pour la présidentielle de 2020, Ouattara Alassane rappelle dans son interview que «tous les avis juridiques que j’ai consultés me confirment que si je veux être candidat en 2020, je peux l’être. Et ce serait conforme à la Constitution». Mais il faudrait attendre l’année prochaine pour connaître probablement les arguments juridiques du président ivoirien : «Non, mais vous savez en réalité je donnerai ma réponse en 2020. Il y a beaucoup d’hypothèses que vous imaginez, mais il y a une recomposition politique qui se déroule en Côte d’Ivoire».

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