Interview de Guillaume Soro – Cela fait désormais une semaine que l’ancien chef du parlement ivoirien est visé par un mandat d’arrêt international émis par les autorités judiciaires de son pays. Pour l’heure, l’ex-président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, se trouve en France où il accordé sa toute première interview après ce revirement politique inattendu qui remonte à une semaine.
Guillaume Soro n’y est pas allé de main morte avec Ouattara Alassane et Emmanuel Macron, le président de la République Française. La sortie musclée de l’ancien chef du parlement ivoirien n’est pas sans raison. Présenté comme l’un des favoris à la présidentielle ivoirienne de 2020, Soro risque de ne pas participer à cette élection tant attendue par les ivoiriens. Pour cause, l’ex-chef du parlement fait depuis quelques jours l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités judiciaires ivoiriennes en date du lundi 23 décembre 2019. Dans une conférence de presse, plusieurs éléments incriminants l’ancien premier ministre ont été présenté par le Procureur de la République comme preuve d’un complot visant l’autorité de l’Etat, et dans une certaine mesure visant aussi le président de la République à titre personnel. Depuis Paris où il se trouve, Guillaume Soro a de nouveau réagi au mandat d’arrêt dont il fait l’objet dans son pays. Pour lui, le président ivoirien tente tout simplement d’empêcher sa candidature à la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, une élection à laquelle il s’est porté candidat il y’a environ deux mois, lors d’un séjour en Espagne. Dans son entretien accordé au JDD, l’ex-chef du parlement ivoirien exprime son mécontentement à l’endroit du président français dont la visite a précédé son mandat d’arrêt.
Guillaume Soro a accordé sa toute première interview après le mandat d’arrêt émis contre lui en Côte d’Ivoire. Actuellement à Paris, l’ancien président de l’Assemblée Nationale a d’abord dénoncé le mandat d’arrêt international le visant depuis une semaine : «Ce mandat n’est pas fondé sur le droit, mais simplement fait pour empêcher un candidat d’accéder à la tête de son pays. Il ne peut donc opérer puisqu’il est politique. La plupart des pays européens qui défendent les droits de l’homme refusent d’ailleurs d’appliquer ce genre de mandat.», confie Soro dans un entretien accordé au JDD. Avant l’information ouverte contre l’ancien chef du parlement ivoirien, Emmanuel Macron était en visite officielle en Côte d’Ivoire pour 48h. Dans son interview, Guillaume Soro a dénoncé le silence du président français sur le non-respect des acquis démocratiques dans certains pays africains : «…je suis quand même surpris que le président français se soit rendu en Côte d’Ivoire, qu’il y ait fêté son anniversaire et qu’il n’ait pas eu la capacité de dire à ses hôtes qu’il était important de respecter la démocratie en Afrique. Nous espérions qu’un président comme lui aurait le courage et la maturité de le faire… Je n’ai aucun contact avec l’Élysée. Lors du séjour de Macron en Côte d’Ivoire, des fonctionnaires du Quai d’Orsay ont reçu les partis politiques de l’opposition, mais c’était juste pour sauver la face. J’ai entendu le président Macron parler d’un sentiment antifrançais dans les ex-colonies. C’est faux!», rapporte l’ex-président de l’Assemblée Nationale ivoirienne.
Soro choqué par l’attitude de Macron et Ouattara
«Je suis surtout choqué et horrifié par celle de M. Ouattara, que l’on présente encore comme un homme policé venant du FMI. Mais le FMI a fabriqué un autocrate qui a interdit toute manifestation politique pendant la visite de Macron, qui dispose de milices parallèles encagoulées faisant des descentes dans les sièges des partis politiques, arrêtant cinq députés sans que leur immunité parlementaire n’ait été levée. Cela étant, je suis choqué aussi que l’opinion française ne réagisse pas. Cette visite de Macron en Côte d’Ivoire, c’est Bouygues qui l’a organisée. Et on sait l’influence de Bouygues dans la sphère politique française. Au nom de contrats juteux, on est donc prêt à fermer les yeux sur le piétinement de la démocratie en Afrique.», indique Soro dans son entretien accordé au JDD depuis Paris.