Le message «politique» des évêques divise en Côte d’Ivoire

Kohan Kioshiko

Assemblée de l’Eglise catholique – Le message des évêques en Côte d’Ivoire suscite quelques tensions entre partisans du pouvoir en place et ceux de l’opposition ivoirienne. Cette semaine, l’un des médias proches du pouvoir actuel barrait à sa une, «Non, des évêques ne doivent pas dire ça», une réponse clairement orientée vers le clergé catholique qui a récemment adressé plusieurs doléances au président Ouattara, en exigeant par ailleurs la libération des prisonniers politiques ivoiriens.

Le message des évêques catholiques sur la situation politique en Côte d’Ivoire du pays alimente de plus en plus les débats. A l’occasion de la 114e assemblée générale de l’Eglise catholique, la conférence des religieux chrétiens a soumis de nombreuses exigences au pouvoir actuel. La conférence a principalement souhaité la remise en liberté des prisonniers politiques ivoiriens. Pour le pouvoir actuel, aucun homme politique n’est détenu en prison à ce jour pour ses opinions politiques, une réponse battue en brèche par l’opposition ivoirienne, notamment le PDCI. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire s’est récemment insurgé contre l’arrestation et la condamnation de Mangoua Jacques, l’un des vice-présidents du parti, interpellé suite à la découverte de plusieurs munitions d’armes de guerre à son domicile. Si le clergé catholique est soutenu dans sa démarche par certains opposants, certains dénoncent en revanche l’immixtion des hommes religieux dans la vie politique ivoirienne. Doumbia Major, président du CPR, est l’une des personnalités politiques qui dénoncent cette immixtion des hommes en soutane dans le débat religieux. Pour lui, le message très politique adressé par le clergé encouragerait l’impunité à l’endroit de certains hommes politiques.

«Que les imams, les prêtres, évêques et pasteurs se tiennent loin de la politique et surtout des affaires judiciaires.  Nous ne voulons de l’immixtion de personnes à indignation sélective motivée par le pouvoir de la corruption de l’argent ou par des considérations ethniques voilée dans le jeu politique.  Utilisez votre influence religieuse, pour sauver les âmes de vos fidèles et pour vous sauver vous-mêmes.  Dans ce pays nous avons vu nos amis être assassinés, nous avons été torturés , injustement emprisonnés et contraints à l’exil, on a vu des femmes être violées au sein de structures publiques, dans le silence complice des religieux qui n’ont produit aucune déclaration.», rapporte sans faux-fuyant Doumbia Major, le président du congrès panafricain pour le renouveau. Le quotidien ivoirien Le Patriote, un journal proche du pouvoir en place, dénonçait même à sa une, le message très politique adressé par les évêques catholiques au président Ouattara Alassane. Ces derniers ont demandé au président ivoirien la remise en liberté des prisonniers politiques, mais aussi un nouveau consensus autour de la nouvelle commission électorale indépendante que dénonce une partie de l’opposition ivoirienne, en l’occurrence le PDCI d’Henri Konan Bédié. En réponse au Patriote qui affirmait que «Non, des évêques ne doivent pas dire ça. Quand l’église catholique se politise. Elle pleure à la place de l’opposition», Innocent Yao, président de la jeunesse Pdci rurale, affirme le contraire : «Quel est ce journal dont les journalistes n’ont pas la crainte de Dieu? Quels sont ces hommes dont le cœur n’a aucune place pour l’amour de leurs semblables ? Quel est ce journal qui soutient un parti politique qui n’a pas peur de voir ses semblables se diviser?  Les religieux doivent dire ça…Les hommes de Dieu ne sont contre personne. Ils sont dans la divinité. Toutes les religions en Côte-d’Ivoire veulent la paix.», explique le président de la jeunesse Pdci qui rappelons-le, est frappé par une interdiction d’animer une manifestation politique depuis l’année dernière.

Major en colère contre les évêques

«Des gens qui choisissent ceux dont ils demandent la libération, sans jamais s’indigner quand ceux-ci commettent des crimes.  Un religieux digne de ce nom ne peut pas demander la libération ou l’arrêt des poursuites judiciaires contre quelqu’un qui reconnaît avoir planifier de tuer ses semblables humains, pour assouvir sa soif du pouvoir ou quelqu’un qui avoue avoir détourné des milliards d’argent public destiné à être utilisé pour gérer les urgences de l’État.», indique le président du CPR.

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