Scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire – Plus de six millions d’ivoiriens seront appelés aux urnes dans quelques mois pour l’élection du futur président de la République. Depuis des mois, la tension monte entre l’opposition et le pouvoir en place, tension qui ne faiblit pas alors que nous sommes aujourd’hui à huit mois de présidentielle ivoirienne de 2020, prévue pour le 31 octobre prochain. Venance Konan, journaliste et DG du quotidien gouvernemental Fraternité Matin, s’est une nouvelle fois adressé aux opposants politiques à l’actuel régime. A en croite le journaliste ivoirien, l’opposition ivoirienne serait actuellement en manque de stratégie, ce qui expliquerait l’opération de dénigrement du pouvoir actuel sur presque tous les fronts aujourd’hui.
La présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire est un rendez-vous électoral très attendu par les opposants au régime. Pour le PDCI comme pour le FPI, l’heure est venue de mettre un terme au règne du RHDP de Ouattara Alassane, la coalition au pouvoir depuis la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011. Pour réussir ce pari de l’alternance en 2020, les deux adversaires politiques n’excluent aucun scénario, quitte à tisser une alliance non idéologique lors du prochain scrutin présidentiel, un scrutin qui approche à grands pas avec son corollaire d’incertitude et d’angoisse chez certains ivoiriens. Pour certains leaders politiques ivoiriens, la Côte d’Ivoire tend irrémédiablement vers des élections catastrophiques en octobre prochain. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’ex-chef du parlement ivoirien, Guillaume Soro, révélait dans l’une de ses adresses aux ivoiriens, que la nouvelle commission électorale indépendante «va brûler le pays». Pour le pouvoir actuel, aucune raison de s’alarmer pour le scrutin présidentiel à venir.
«Depuis quelque temps, certaines personnes nous préviennent que la prochaine élection présidentielle risque d’être aussi meurtrière, voire plus, que celle de 2010. Parce que tous les ingrédients seraient en place pour qu’il en soit ainsi. L’Église catholique avait même retroussé ses soutanes et chaussé ses crampons de marche pour nous alerter sur cette élection qui serait à haut risque. Faute d’avoir pu marcher dans les rues d’Abidjan, elle a organisé une séance de prière à la cathédrale le samedi dernier. L’affaire est donc sérieuse.», explique d’entrée de jeu Venance Konan, le directeur général du quotidien gouvernemental Fraternité Matin. Pour le journaliste ivoirien, le tableau de 2010 reste différent de celui de 2020. L’alliance non idéologique tant attendue par certains ivoiriens entre le FPI et le PDCI tarde à se concrétiser, même si les deux formations politiques avaient réussi le pari d’un meeting conjoint en septembre dernier dans la commune de Treichville. Pour Venance Konan, l’opposition est en manque de stratégie sur le terrain face à la coalition mise en place par le pouvoir actuel : «Aujourd’hui, ni le Fpi, ni le Pdci de Bédié ne s’investissent sur le terrain auprès des électeurs comme le fait le Rhdp. Soit ils sont totalement dépassés, soit ils comptent sur autre chose que les élections pour revenir au pouvoir. Guillaume Soro, le dernier acteur de cette pièce, a été accusé de préparer une action de déstabilisation. Est-ce sur cela que comptaient ses alliés circonstanciels du Pdci-Daoukro ? Il s’est, depuis quelques temps, exilé en Europe. Peut-il de là-bas organiser encore des actions de déstabilisation ? Ce serait difficile. Alors ? Qu’est-ce qui devrait donc nourrir notre peur d’une nouvelle guerre ? Qui a une armée planquée dans un coin du pays ou chez un voisin qui pourrait venir se battre contre notre armée nationale ?».
L’après 2020 selon Venance Konan
«Comme il est de coutume en Afrique, et comme on nous y prépare déjà, nos opposants actuels, qui n’ont pour unique programme que le dénigrement du pouvoir et la réclamation d’une nouvelle commission électorale, ne reconnaîtront pas leur défaite s’il leur arrivait de perdre. Mais et après ? Que feront-ils d’autre, à part protester, dire qu’ils ne reconnaissent pas celui qui sera élu, faire le siège des médias internationaux et des chancelleries occidentales, organiser des marches…Que peuvent-ils faire d’autre ? La guerre viendra d’où ?», s’interroge Venance Konan.