Jean-Bonin : «l’alliance Bédié-Gbagbo ne marchera pas»

Kohan Kioshiko

Alliance politique – A l’approche de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, le PDCI multiplie les actions de rapprochement avec l’aile dissidente du front populaire ivoirien présidé par Laurent Gbagbo. Il y’a quelques semaines, les deux partis signèrent un accord cadre sur la réconciliation nationale. Le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan s’est récemment retiré des travaux d’unification du parti à travers un congrès unitaire, en guise de protestation contre l’alliance tissée par l’aile dissidente de son parti avec le Pdci. Pour Jean-Bonin, une alliance Gbagbo-Bédié n’aura aucune chance de marcher.

L’alliance entre Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo sera une première en Côte d’Ivoire, si toutefois elle voyait le jour. A quelques mois de la prochaine présidentielle, tous les scénarios restent envisageables en Côte d’Ivoire. Avec le rapprochement entre l’aile dissidente du FPI et le PDCI, nombres d’observateurs de la scène politique ivoirienne prédisent une alliance stratégique entre les deux formations politiques en octobre prochain. Mais quelles sont les chances d’une telle alliance lorsque le front populaire ivoirien reste à ce jour divisé par des crises internes ? Pour le juriste Jean-Bonin, la coalition Gbagbo-Bédié, scellé il y’a quelques jours par la création du Comité National Paritaire de Collaboration, CNPC, ne marchera pas. Pour le pro-Affi, cette alliance des vrais ivoiriens n’apporterait que la revanche des vaincus d’hier contre le vainqueur d’aujourd’hui.

Au sujet de l’alliance Gbagbo-Bédié, l’ancien ministre Jean-Louis Billon révélait il y’a quelques mois : «Nous nouons des alliances et le FPI est un parti de l’opposition tout comme le PDCI-RDA qui a décidé d’y être. Donc, tous les partis d’opposition sont contre le parti au pouvoir à savoir le RHDP. Nous avons entre nous une bienveillante attention ; le terme pactiser est fort. Nous sommes, le PDCI-RDA et le FPI, naturellement, traditionnellement, historiquement des adversaires politiques ; nous ne sommes pas des ennemis. Nous avons à cœur le bien-être des Ivoiriens et de ceux qui vivent en Côte d’Ivoire et la grandeur de notre pays…A la présidentielle de 2020, nos deux partis auront chacun un candidat et si jamais, c’est le PDCI-RDA qui arrive au second tour et comme ce sera certainement le cas, le FPI, s’il n’y est pas, nous donnera ses voix et inversement, le PDCI-RDA lui donnera ses suffrages. Dans le cas où, et c’est fort possible, le PDCI-RDA et le FPI se retrouvent au second tour après avoir éliminé le RHDP et son imposture dès le premier tour, il s’agira, pour les Ivoiriens, de décider de leur choix en fonction du meilleur candidat et du meilleur programme». A quelques mois de la tenue du premier tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, le FPI et le PDCI ont procédé à la mise en place d’un Comité National Paritaire de Collaboration, qui trace les prémices d’une éventuelle alliance politique entre les deux formations politiques avant l’élection d’octobre prochain. Pour le juriste Jean-Bonin, cette coalition politique entre Gbagbo et Bédié n’aurait pas les chances de marcher, à l’instar de l’alliance entre Ouattara et Bédié : «Qu’est-ce que l’alliance Bedié – Ouattara, dans le cadre du RHDP, a apporté à notre pays si ce n’est une crise meurtrière crise militaro-politique en 2011 ? Laquelle crise s’est achevée, à la grande joie de Bedié et Ouattara, par le transfèrement de Gbagbo et CBG à la CPI. Avec cette alliance les droits de l’homme, la justice pour tous, le vivre ensemble et l’égalité entre ivoiriens sont-ils devenus une réalité en Côte d’Ivoire ?»

Bédié-Gbagbo, une alliance opportuniste

«Qu’est-ce que l’alliance opportuniste envisagée entre Gbagbo et Bedié, présentée comme une alliance « des (vrais) ivoiriens » pour sauver la Côte d’Ivoire apportera de plus à notre pays si ce n’est la revanche et la vengeance des vaincus d’hier contre le vainqueur d’aujourd’hui ? C’est avec un tel état d’esprit que nous voulons (re)construire durablement notre pays qui ne demande qu’on le mettre véritablement au travail ?», révèle le juriste ivoirien.

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