Candidature de Ouattara : Martin Bléou fait de nouvelles révélations

Kohan Kioshiko

Présidentielle 2020 – Le RHDP tient finalement son candidat pour les futures échéances électorales ivoiriennes prévues pour octobre 2020. Comme certains s’y attendaient déjà, le président ivoirien a répondu favorablement à l’appel lancé par sa formation politique. Evoquant un cas de force majeur, Ouattara Alassane a décidé d’être le candidat du RHDP aux prochaines élections présidentielles, une décision qui alimente la colère de certains opposants depuis plus d’une semaine. Les manifestations éclatées des derniers jours ont fait 5 morts selon le ministère de la sécurité.

La candidature de Ouattara en Côte d’Ivoire divise les ivoiriens. Pour ses opposants, cette décision constitue une violation de la nouvelle Constitution adoptée en novembre 2016 par voie référendaire, par plus de 90% de votants. Outre les personnalités politiques, plusieurs juristes se sont également prononcés sur la candidature du président ivoirien qui, au terme de son second mandat constitutionnel, envisage de briguer un nouveau quinquennat dans la nouvelle constitution ivoirienne. Le professeur Martin Bléou a passé en revue la majorité des arguments avancés par le camp présidentiel pour justifier la légalité de cette candidature. Les arguments avancés ont été remis en question par l’ancien ministre de l’intérieur, considéré comme l’un des plus brillants hommes de droit en Côte d’Ivoire. Mais le dernier mot reviendra au Conseil Constitutionnel, qui devra se prononcer sur la légitimité des candidatures à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

La nouvelle constitution autorise-t-elle Ouattara Alassane à briguer un nouveau mandat en Côte d’Ivoire ? Dans un entretien à RFI, le président ivoirien confirmait la possibilité pour lui de briguer un nouveau mandat en 2020. Après avoir renoncé à une candidature, le président ivoirien est revenu sur son engagement, après le décès de son premier ministre Amadou Gon Coulibaly à trois mois de la présidentielle. Le chef de gouvernement avait été désigné comme candidat du parti présidentiel, mais son décès a changé la donne pour la formation politique au pouvoir qui aura désormais pour candidat Ouattara Alassane. Prenant place dans les débats qui s’enflent, l’ancien ministre Martin Bléou a remis en cause les arguments justifiant la candidature de Ouattara en octobre prochain : «Un certain juriste, répondant à la démonstration que j’ai conduite relativement à l’inéligibilité de Monsieur Alassane Ouattara, a cru pouvoir m’opposer le principe de la non-rétroactivité, en étant oublieux de ce que le principe de la non-rétroactivité, consacré par la Constitution et opposable au pouvoir législatif ou, plus largement, à toute autorité infra-constituante, ne joue qu’à l’égard de la règle nouvelle…Ainsi, le bon sens et la bonne foi commandent de constater qu’à supposer que l’on ait doté la Côte d’Ivoire d’une nouvelle Constitution aux fins de briguer un troisième, puis un quatrième mandat, l’avènement de la nouvelle Constitution n’autorise guère un troisième mandat par cela seul que la nouvelle Constitution n’a pas supprimé le principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux, établi en 2000. L’argument tiré de la non-rétroactivité ayant révélé ses limites et n’ayant donc pu prospérer, une nouvelle trouvaille nous est servie : celle selon laquelle l’élection d’octobre 2020 sera la première sous la Constitution de 2016…», lance l’ancien ministre ivoirien.

Sur la candidature de Ouattara

«Le principe de la limitation existant depuis 2000, les deux mandats, obtenus respectivement en 2010 et 2015, sont régis par ledit principe. Il en va, évidemment, ainsi, car 2010 et 2015 sont postérieurs à 2000. On le voit bien, il ne s’agit pas de l’ordre de l’élection d’octobre 2020. Il n’est pas question de savoir quel est l’adjectif numéral ordinal qui s’applique à l’élection présidentielle d’octobre 2020. Il ne s’agit donc pas de savoir si elle est la première ou la dixième élection organisée sous la Constitution de 2016. Il s’agit plutôt de savoir si Monsieur Alassane Ouattara, qui a bénéficié, déjà, de deux mandats présidentiels, peut être candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 sans que le principe de la limitation, qui existe depuis 2000, le rattrape ou lui soit opposable.», souligne Martin Bléou.

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