Retour de Gbagbo – Acquitté par les juges de la première instance il y’a de cela plus d’un an, l’ancien dirigeant ivoirien n’a toujours pas regagné sa terre natale. Son blocage hors de la Côte d’Ivoire s’explique par des raisons juridiques, puisque la Procureure de la Cour Pénale Internationale a décidé de faire appel de la décision rendue par les juges de première instance. A la veille de la présidentielle ivoirienne, l’ancien dirigeant ivoirien a accordé pour la toute première fois une interview à un média.
Le timing de l’interview exclusive de Laurent Gbagbo, a quelques jours de la tenue du scrutin présidentiel ivoirien, n’était pas le fruit d’un hasard. S’il se contentait de s’exprimer par des déclarations lues par ses partisans et proches collaborateurs, l’ancien dirigeant ivoirien a finalement pris la parole pour la toute première fois, dans un entretien exclusif accordé au média TV5 Monde. Si la présidentielle ivoirienne a été évoquée par l’ancien dirigeant, sa posture vis-à-vis du bras de fer qui oppose le régime actuel à l’opposition ivoirienne était très attendue. Comme il fallait s’y attendre, l’ancien président ivoirien a pris position pour l’opposition ivoirienne qui a, après la tenue de la présidentielle du 31 octobre, décidé de mettre en place un conseil national de transition. Sur le plan politique, l’ancien dirigeant n’a visiblement pas encore décidé de prendre sa retraite, à en juger par ses prises de positions assez fermes à l’endroit du régime. Le journaliste Said Penda a passé au peigne fin les grandes lignes de cette interview exclusive qui était si attendue.
«Le criminel de guerre gbagbo, qui s’était imposé un silence depuis sa mise en liberté conditionnée, a accordé une interview à TV5 à la veille de la présidentielle, question de se positionner au cas où l’opposition arrivait à renverser le pouvoir, soit par une insurrection populaire, ou alors par un coup d’état. Dans cette sortie, il déclare clairement soutenir les actions de l’opposition. Il précise même « toutes les actions de l’opposition »; autrement dit, même les actions violentes qui avaient déjà occasionnées des pertes en vies humaines au moment où il s’exprimait, et qui ont provoqué d’autres morts et blessés le jour du vote. Mais au lendemain du scrutin et alors que le rapport de force est à la faveur des autorités qui ont encerclé les domiciles des principaux opposants, le pyromane tente habilement d’apparaître en modéré qui appelle au dialogue. Cette posture du barbare criminel de guerre n’est que de pur opportunisme. Il veut retourner en Côte d’Ivoire si l’appel du parquet de la CPI était rendu à son avantage, et il sait qu’il plane sur sa tête une épée de Damoclès que seules les autorités ivoiriennes peuvent lever.», a déclaré le journaliste africain. Par épée de Damoclès, il faut entendre ici la condamnation de Laurent Gbagbo a 20 ans de prison par la justice ivoirienne, après l’attaque de la BCEAO en 2011, au plus fort de la crise post-électorale ivoirienne : «En effet, s’il ne bénéficie pas d’une mesure de clémence présidentielle, il irait droit en prison dès qu’il mettrait les pieds en Côte d’Ivoire où il a été condamné à 20 ans de prison dans l’affaire du braquage de la BCEAO.», rapporte l’homme de média.
Négocier un retour avec Ouattara ?
«Alors, par simple calcul politicien, il veut convaincre le président Ouattara de ce qu’il est un acteur pouvant faciliter l’apaisement. C’est ainsi qu’il faut interpréter son coup de fil au premier ministre, Hamed Bakayoko, qu’il a fort opportunément médiatisé, alors que rien ne l’y obligeait. Et pourtant, en se basant sur le comportement belliqueux et violent de simone gbagbo après sa sortie de prison, on peut constater que la violence est dans l’ADN du tristement célèbre couple de criminels de guerre ivoiriens. Il nous semble donc que, malgré l’image de sage qu’il veut se donner, laurent gbagbo n’est pas un facteur de paix », lance l’homme de médias.