Scrutin du 6 mars – l’opposition ivoirienne a massivement pris part aux législatives qui ont eu lieu le mois dernier. Sur les 255 postes de députés remis en jeu, le pouvoir en place, à savoir le RHDP, a réussi à tirer son épingle du jeu en conservant sa majorité parlementaire. En dépit de cette victoire du camp présidentiel, Ahoua Don Mello estime que l’opposition ivoirienne a réussi son pari dans ce scrutin.
L’opposition ivoirienne avait décidé dans son ensemble d’aller aux législatives du 6 mars dernier en Côte d’Ivoire, après un boycott massif de la présidentielle du 31 octobre dernier. A l’occasion de ce scrutin, plusieurs alliances de circonstances ont été tissées au sein de l’opposition, notamment entre le groupement politique EDS, une mouvance proche de Laurent Gbagbo, et le PDCI RDA. Cette alliance stratégique a par exemple permis à l’opposition ivoirienne de reprendre la commune de Yopougon entre les mains du RHDP. En dépit des succès nés de cette alliance, le pouvoir en place reste le grand gagnant de ce scrutin, avec plus de 130 députés acquis à sa cause, sur les 255 que compte l’Hémicycle ivoirien. Malgré la victoire du camp présidentiel, Ahoua Don Mello reste optimistes sur les chances de l’opposition ivoirienne pour les challenges futurs. Selon le proche de Laurent Gbagbo, l’opposition ivoirienne n’est pas totalement sortie perdante dans ce scrutin législatif.
Sans faux-fuyant, Ahou Don Mello est revenu sur la participation de l’opposition ivoirienne aux législatives du 6 mars dernier. Si la majorité parlementaire revient au RHDP à l’issue du scrutin, le proche de Laurent Gbagbo note toutefois quelques succès de l’opposition ivoirienne dans ce scrutin : «Le FPI en particulier et l’opposition en général ne sont pas en perte de vitesse. L’offensive de l’alliance FPI-PDCI dans plusieurs circonscriptions électorales ou l’entente a été possible le prouve. Je dirai même que l’opposition a gagné en popularité mais elle a manqué d’encadrement, de cohésion et de lisibilité sur l’ensemble du territoire. C’est ce que révèlent les élections législatives de 2021. En effet, on peut faire les constats suivants : • Le taux de participation aux élections législatives est de 100% à Odienné, fief du RHDP. Ce taux régresse lorsqu’on traverse les fiefs de l’opposition pour atteindre 18% à Yopougon, fief du FPI. L’absence d’encadrement pour mieux expliquer les choix politiques a eu pour conséquence la démobilisation des militants lors de ces élections législatives. Face à 255 candidats du RHDP, l’opposition a aligné 1500 candidats, soit en moyenne 1 candidat contre 6 opposants avec des pics de 17 candidats de l’oppositions dans certaines circonscriptions électorales. La conséquence a été immédiate. L’opposition a joué contre son propre camp et a permis au RHDP de vaincre sans péril avec des scores faibles n’atteignant pas la majorité absolue dans plusieurs circonscriptions notamment à Man, Bassam, Aboisso commune, Tabou, San-Pedro, Bongouanou Commune, Arrah, Soubré, Yakassé Attobrou, Akoupé, Agou, Bétié, Dania, Vavoua, Bediala, Duékoué commune, Dabou, Transua, Kouassidatékro, Bondoukou, Guibéroua, Fresco, Yamoussokro, Bingerville, Toulepleu, N’Douci, Rubino, Azaguié, Agboville, etc.», a déclaré l’ancien ministre de Laurent Gbagbo.
Retour timide de l’opposition dans ses fiefs
«Dans certaines circonscriptions, les bulletins blancs et nuls ont été défavorables à l’opposition pour remporter le siège. La division entre FPI, EDS et indépendants, a conduit à un non-choix auprès des électeurs ce qui a causé un nombre important de bulletins blancs et nuls qui a atteint souvent des chiffres records de 1000 bulletins…Enfin la longue présence de la rébellion qui a recruté à tour de bras des mercenaires dans la sous-région devenus ivoiriens depuis 2002 à Bouaké, bastion historique du PDCI et Capitale de la rébellion, a modifié la démographie par un processus de « rattrapage » selon l’expression de M. OUATTARA et a permis de mettre hors-jeu le PDCI. Ce processus est en progression dans plusieurs grandes villes comme Gagnoa, Daloa, San-Pedro, Man et Abidjan.», a révélé Don Mello dans une interview accordée au quotidien Aujourd’hui.