SYNAPPCI: fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes

Joseph Amenan
Photo du journaliste César Djedjemel, après son agression. Source : SYNAPPCI

En décembre 2013, lors de sa 68e session, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 68/163 qui a proclamé le 2 novembre Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.

Cette résolution a exhorté les États Membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date a été choisie en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français au Mali, le 2 novembre 2013.

Cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias. Elle exhorte également les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs des crimes commis contre des journalistes et des travailleurs des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. Elle demande en outre aux États de promouvoir un environnement sûr et propice dans lequel les journalistes puissent effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue.
En Côte d’Ivoire, cette résolution a un écho particulier au regard de l’histoire récente des crimes et autres agressions commis contre les journalistes. En effet, ces dix dernières années, notamment au cours de la guerre civile que le pays a connue, les agressions physiques contre les journalistes et les professionnels des médias restent monnaie courante dans notre pays. La dernière en date est celle du confrère César Djedjemel, journaliste au site d’informations ‘’ IMatin.net ‘’, sauvagement battu, le 07 octobre 2017, par des hommes en tenue militaire commis à la sécurisation du déguerpissement des environs de l’abattoir de Port-Bouët. Mais il existe dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire quelques faits symboliques qui témoignent de la situation de vulnérabilité dans laquelle les journalistes et professionnels des médias ivoiriens travaillent.
En décembre 2013, le journaliste et rédacteur en chef d’un périodique chrétien, Désiré Oué, a été assassiné alors qu’il rentrait à son domicile, à Abidjan-Angré.
De même, quelques mois plus tôt : l’enlèvement et la séquestration de Dieusmonde Tadé (journaliste au Nouveau Réveil) par des hommes en arme, l’accident de l’animateur Francis Boli de radio Média+ Bouaké provoqué par un cargo militaire qui n’a pas daigné s’arrêter, l’agression physique du Secrétaire Général du SYNAPPCI, Guillaume Gbato, au sein de la primature par un militaire des FRCI – Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, l’interpellation et la détention pendant quelques heures du journaliste indépendant Frédéric Goré Bi Djo par un détachement du CCDO – Centre de Coordination des Décisions Opérationnelles -.

En Avril 2011, Le journaliste Sylvain Gagnétaud, rédacteur en chef de Radio Yopougon a été assassiné pendant la prise de Yopougon par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Cette radio elle-même a été incendiée.
En novembre 2004, le correspondant du journal le Courrier à Duékoué, Antoine Massé, a été assassiné par les forces françaises qui descendaient sur Abidjan à la suite des émeutes qui ont suivi la destruction de la flotte de l’armée de l’air ivoirienne par les mêmes forces françaises. La même année le correspondant de RFI en Côte d’Ivoire, Jean Hélène a été abattu par un policier en faction devant les locaux de la sureté à Abidjan Plateau. Deux ans plus tôt, en 2002 Gonzreu Kloueu de Nouattouo, correspondant de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) à Toulépleu a été assassiné par les rebelles du Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO) dans la région de Zouan-Hounien.
Depuis le 16 avril 2004, le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer est porté disparu.
Si pour Jean Hélène, un procès a eu lieu et le meurtrier condamné, les autres assassinats n’ont jamais été élucidés renforçant le sentiment d’impunité qui prédomine chez certains agents des forces de défense et de sécurité qui se rendent régulièrement coupables de violences intolérables sur les journalistes.
Pour mettre fin à ce climat d’impunité, le SYNAPPCI lance à l’occasion de la journée du 02 novembre 2017, sa campagne, « Justice pour César Djedjemel » dont l’objectif est d’identifier et de faire juger les agresseurs de notre confrère. Le SYNAPPCI en appelle donc à la mobilisation de tous les professionnels des médias pour défendre cette cause noble.
Le SYNAPPCI lance par ailleurs un appel au gouvernement dans son ensemble, et au chef de l’Etat en particulier pour que tout soit mis en œuvre pour rendre justice à César Djedjemel et que plus généralement, les journalistes et professionnels des médias ivoiriens soient à l’abri d’agressions et de violations de leurs droits, conformément à la loi et aux engagements internationaux de notre pays.

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